Comparer notre système socio-économique au système féodal peut paraître exagéré de prime abord. Mais en creusant un peu, il est possible d’entrevoir les similarités entre les deux systèmes.
Au Moyen-âge, il suffisait aux seigneurs de posséder des terres, acquises par la force ou pas, pour y faire travailler des serfs, contre une rente qui pouvait prendre plusieurs formes : corvées, taille, cens, champart…
Depuis le XIXème siècle, les seigneurs existent toujours, mais ils ont pris une nouvelle apparence. Il n’est plus question de conquérir des terres par la guerre, mais de posséder de l’immobilier et des actions de sociétés grâce à la création monétaire.
Contrairement à une croyance populaire, ces nouveaux seigneurs ne possèdent pas leur richesse grâce à leur épargne, mais grâce au crédit qui permet de créer de l’argent à partir de rien. Une fois créé, cet argent permet d’acquérir des biens immobiliers, et les joyaux du CAC40.
Le jeu est simple pour cette caste : prélever des loyers et des dividendes supérieurs aux intérêts payés au banquiers, qui sont les principaux complices de cette confiscation des richesses.
De nos jours, grâce à l’action de la BCE, la caste emprunte à 0%, et touche entre 3 et 5% de rendement en loyers et dividendes. Un jeu à la limite trop facile. Surtout que les vannes du crédit sont grandes ouvertes pour rembourser les anciens crédits par de nouveaux crédits !
Qui sont les serfs dans cette histoire : et bien tous les autres. Tous ceux qui payent des loyers pour leurs logements ou leurs boutiques. Ceux qui payent les intérêts de leurs crédits en tout genre : immobilier, étudiant, consommation (près de 220 milliards d’euros par an !).
Ceux qui travaillent et qui voient des actionnaires acheter grâce au crédit «gratuit» des morceaux de leurs sociétés sont aussi les perdants. Quel paradoxe : rémunérer un actionnaire parasite d’un nouveau genre, un privilégié du crédit bancaire, au lieu de rémunérer les actionnaires historiques ou les travailleurs.
Même les épargnants sont les dindons de la farce ! Ils voient leur cash perdre de la valeur, puisqu’il ne rapporte plus rien en intérêts…
Les seigneurs de notre monde moderne sont ceux qui sont le plus proche de la création monétaire. Leurs serfs sont les travailleurs qui créent pourtant la richesse qui engraisse les seigneurs. Et les kapos sont nos dirigeants successifs qui ne font rien contre cette injustice !
Pour sortir de ce système néo-féodal, il faut reprendre la main sur la création monétaire et interdire l’usure.
Sans cet objectif, l’aliénation des peuples continuera au service de la caste, jusqu’à l’éclatement de la bulle du crédit, et des désordres qui en résulteraient.
Anice Lajnef, Décembre 2019