Nous avons lu le rapport sur les risques globaux édité chaque année par le World Economic Forum en amont de la réunion de Davos. Cette année, la réunion est prévue du 25 au 29 janvier.
Au-delà de la réflexion de Klaus Schwab sur le «Great Reset», un monde d’après Covid où la numérisation et la décarbonation de l’économie seraient les deux axes de développement économique, le Forum des riches et puissants liste chaque année les risques supposés pour les économies mondiales, suite à une enquête auprès de son réseau. La plupart des pistes évoquées sont aussi le fruit de concertations avec les cabinets de consulting tels que Mc Kinsey, Bain, etc.
Le succès de Davos a été d’installer une rencontre annuelle, déclinée ensuite en plusieurs rencontres entre les dirigeants économiques, politiques, et les médias afin de réfléchir aux enjeux globaux.
«C’est là que les milliardaires disent aux millionnaires ce que ressent la classe moyenne», a confié un jour un habitué de Davos, à Jamie Dimon, le directeur de la banque d’investissement JPMorgan.
En voici la description officielle sur le site du Forum : https://fr.weforum.org/agenda/2020/01/quest-ce-que-davos-quelques-mythes-et-realites-concernant-le-sommet-du-forum-economique-mondial/
L’an dernier, le risque climatique tenait le haut du pavé dans les préoccupations des «leaders», cette année, la santé et le risque d’effondrement démocratique font leur entrée.
Dans cette crise mondiale du Covid, la France est le pays qui a le plus perdu en confiance :
Dans le Rapport mondial sur les risques 2021, nous partageons les résultats de la dernière enquête sur la perception des risques mondiaux (GRPS), suivis d’une analyse des divisions sociales, économiques et industrielles en croissance, de leurs interconnexions et de leurs implications sur notre capacité à résoudre les principaux risques mondiaux nécessitant une cohésion et une coopération mondiales. Nous concluons le rapport avec des propositions visant à renforcer la résilience, en tirant les leçons de la pandémie ainsi que l’analyse des risques historiques. Les principales conclusions de l’enquête et de l’analyse sont présentées ci-dessous.
Un des risques majeurs selon le rapport serait la désillusion des jeunes, une menace critique pour le monde à court terme
Évidemment, premiers sacrifiés de la pandémie et ignorés des dirigeants, les jeunes semblent peu enclin à accepter les absurdités du monde d’hier et les désillusions et maltraitances que propose le modèle de la croissance permanente.
Selon le panel, le risque de «désillusion des jeunes» est largement négligé par la communauté mondiale, mais il deviendra une menace critique pour le monde à court terme. Des victoires sociétales durement gagnées pourraient être anéanties si la génération actuelle ne disposait pas de voies adéquates vers les opportunités futures – et perdait confiance dans les institutions économiques et politiques d’aujourd’hui.
Le rapport évoque même une génération perdue, qui pourrait entraîner l’effondrement de l’appareil d’État
Les réponses à la pandémie ont provoqué de nouvelles tensions nationales et géopolitiques qui menacent la stabilité. La division numérique et une future «génération perdue» sont susceptibles de mettre à l’épreuve la cohésion sociale de l’intérieur des frontières – exacerbant la fragmentation géopolitique et la fragilité économique mondiale. Avec des impasses et des points de frictions de plus en plus fréquents, les répondants du GRPS ont classé «l’effondrement de l’État» et «l’effondrement du multilatéralisme» comme des menaces critiques à long terme.
La grande peur de Klaus Schwab : que les jeunes se tournent vers des idées séduisantes mais qui divisent les économies développées
Imaginez un instant que la jeunesse soit révolutionnaire et souhaite en finir avec le modèle capitaliste de surproduction, quelle horreur ! Pire encore, imaginez que cette jeunesse en ait assez de la corruption et des inégalités… Évidemment, pour Klaus Schwab, le risque est que cette jeunesse tombe entre de mauvaises mains.
Un tel mécontentement risque d’être exploité par des acteurs réactionnaires. Le crime organisé, les groupes extrémistes et les recruteurs dans les conflits armés pourraient s’attaquer à une cohorte de jeunes plus vulnérables avec des opportunités d’emploi réduites dans les pays en développement. La solitude prolongée du confinement et la perte d’emploi- entraînant des taux plus élevés de dépression, d’anxiété et de trouble de stress post-traumatique – pourraient rendre les jeunes plus sensibles aux idées séduisantes mais qui divisent les économies développées. Des mouvements de jeunesse plus radicaux pourraient conduire à des tensions intergénérationnelles accrues et approfondir la fragmentation de la société selon de nouvelles lignes de fracture. «L’érosion de la cohésion sociale» aggravée par la «désillusion des jeunes» – menaces critiques à court terme pour le monde dans le GRPS – mettrait en cause les institutions nationales fragiles ou même déstabiliserait complètement les systèmes politiques et économiques.