Baptiste Delescluze
Symbole parfait de l’oligarchie au pouvoir, dont l’action n’a de sens que dans la défense de ses propres intérêts, Emmanuel Macron, comme d’autres présidents de la Vème avant lui, choisit de remettre la légion d’honneur à ses amis et ses alliés.
Deux exemples suffisent : Jean-Francois Cirelli, patron de BlackRock ou Caroline Pigozzi, journaliste qui publie dans Paris Match des articles dithyrambiques sur Brigitte Macron.
Caroline Pigozzi, au-delà d’être une journaliste spécialiste des ors de la République et du Vatican, est aussi une proche de Brigitte Macron :
«Je connais bien Brigitte Macron, depuis plusieurs années déjà. Elle était très liée avec ma belle-sœur du temps où elles étaient toutes les deux professeurs au lycée Franklin, à Paris, et nous avons sympathisé. C’est une femme tellement souriante !»
Caroline Pigozzi – interview à France Dimanche, décembre 2018
Jean-François Cirelli est le symbole de l’énarchie française, formée pour diriger les services de l’État et rompue au pantouflage pour finalement se vendre aux lobbies étrangers. Le patron de BlackRock ne s’est pas caché de vouloir faire main basse sur le système de retraite solidaire français pour favoriser les intérêts de son groupe, n’en déplaise à Bruno Le Maire, qui a visiblement quelques soucis avec la définition de fonds d’investissement. C’est encore Cirelli qui était à la manoeuvre du comité action publique 2022 qui avait pour objectif de rentabiliser et moderniser les services de l’État.
La légion d’honneur devient la récompense honorifique des alliés du pouvoir. Tout le contraire de son sens réel, puisqu’elle engage toute la République Française. Comme dans de (très) nombreux exemples, Macron vide ce symbole de son sens, lui retirant toute sa valeur, pour la transformer en outil politique.
Les serviteurs dociles sont médaillés, pendant que ses opposants sont tabassés, gazés voir mutilés dans la rue, ou traînés en procès devant une justice instrumentalisée. En parallèle, les lois votées dans l’intérêt des lobbies sont passées de force au mépris du bien commun et de l’intérêt des citoyens. Voilà le bilan du glissement autoritaire d’un pouvoir politique en pleine dérive, soutenu par une machine médiatico-sondagière.
En réponse, depuis plusieurs jours, Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise distribuent des légions d’honneur fictives, qui récompenseraient des lanceurs d’alerte, militants écologistes et autres héros du bien commun. Le témoignage qu’un autre monde est possible, un modèle alternatif reconnaissant et récompensant autre chose que la croissance économique et la conformité aux théories libérales.
Alors que le vieux monde s’écroule dans ses ors et ses certitudes, de nouvelles possibilités s’offrent à nous. Face à l’oligarchie et ses intérêts, il est urgent de défendre et proclamer l’ère de l’intérêt général.