Mais où étaient donc passés les masques ? Que de temps perdu à faire croire aux français que leur port était inutile, tout simplement pour couvrir la pénurie et réserver le peu de masques restants aux soignants. Plutôt que de passer commande de masques de protection, le gouvernement a préféré éditer en janvier un guide sur mesure de gestion du Covid-19 effaçant les recommandations passées sur la protection des métiers de contact.
Retour sur les étapes d’un fiasco
En 2011, la France avait à sa disposition un stock de 800 millions de masques chirurgicaux et 600 millions de masques FFP2. Ce stock avait été créé par Xavier Bertrand, ministre de la Santé jusqu’en 2012. Début 2020, le stock d’État n’est plus que de 144 millions de masques.
En 2013, la doctrine change concernant la protection des salariés. Le rapport «Doctrine de protection des travailleurs face aux maladies hautement pathogènes à transmission respiratoire» du 16 mai 2013 établit les grands principes. (lien)
Dans ce rapport, l’avis du Haut Conseil de Santé Public est sans appel : l’utilisation des masques est nécessaire pour «les salariés régulièrement exposés à des contacts étroits avec le public» :
Si l’utilisation des masques en cas d’épidémie est considérée comme nécessaire en 2013, un rapport sénatorial de 2015 vient ajouter d’autres recommandations, notamment en matière de gestion des stocks.
Le rapport sénatorial daté de juillet 2015 et intitulé «L’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) : comment investir dans la sécurité sanitaire de nos concitoyens ?» montre les changements apportés notamment à la gestion des stocks stratégiques de masques.
Ce rapport précise par une décision interministérielle, que la gestion du stock de masques FFP2 est confiée aux employeurs (de santé notamment). Néanmoins, même si la décision est interministérielle, le responsable de l’acquisition et du renouvellement des masques (FFP1) est le ministre de la santé.
Concernant les populations cibles à atteindre pour les masques, la doctrine gouvernementale est en cours de redéfinition. Toutefois, une nouvelle doctrine du SGDSN a d’ores et déjà établi que le stock national géré par l’EPRUS concernerait désormais uniquement les masques de protection chirurgicaux à l’attention des personnes malades et de leurs contacts, tandis que la constitution de stocks de masques de protection des personnels de santé (notamment les masques FFP2 pour certains actes à risque) étaient désormais à la charge des employeurs.
À l’époque les sénateurs se félicitaient de la vente d’une partie du stock par décision interministérielle.
Le rapport sénatorial de 2015 précise que le renouvellement du stock de masques chirurgicaux reste de la responsabilité du ministre de la santé. Madame Buzyn, malgré ses affirmations mensongères, n’a pas renouvelé ou acquis de nouveaux masques.
Début 2020, il n’en reste que 144 millions, et environ 86 millions le 20 mars.
Pour cacher les défaillance, à l’instar de Madame Buzyn, l’ensemble du gouvernement a préféré la dissimulation à la planification. Selon les prises de paroles officielles, les masques étaient inutiles, difficiles d’utilisation, ou réservés aux seuls soignants. Tout cela à l’encontre des recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique qui recommandait en 2013 des masques pour toutes les professions de contact. Tout a été dit ou presque pour minimiser le virus du Covid-19 et rassurer les français, pendant que la Chine et la Corée prenaient des mesures drastiques.
Un guide sur mesure, sans masques, sans confinement
Le gouvernement a édité dès le 20 janvier 2020 un guide méthodologique Covid-19. Ce plan a été déroulé au mot près par Jérôme Salomon et le gouvernement. Ne figurent pas dans ce guide les termes de confinement, de quarantaine et le stade 2 renforcé n’existe pas. Les masques ne sont destinés qu’aux malades et personnels de santé.
Il a été dit que ce plan était une déclinaison du plan 2011 contre la grippe H1N1
On peut se demander pourquoi le gouvernement a créé un mini plan Covid-19 plutôt qu’une mise à jour du plan pandémie grippale 2011, particulièrement complet. Contrairement au guide méthodologique de 2020, le plan pandémie grippale prévoit à chaque phase de l’épidémie l’utilisation des masques FFP, notamment FFP2, en phase avec la doctrine de 2013 sur la protection des travailleurs.
D’ailleurs, on peut constater la cohérence de tous les acteurs publics concernant la protection de la population en cas de pandémie grippale, ainsi par exemple on trouvera nombre d’informations sur les ports des masques avec les liens suivants :
https://gouvernement.fr/risques/pandemie-grippale
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Que_faire_si_je_pense_avoir_la_grippe_030210.pdf
https://ansm.sante.fr/Dossiers/Pandemie-grippale/Les-masques-medicaux/(offset)/7
Les mesures et les explications relatives au port du masque sont donc nombreuses dans la réponse à une pandémie, mais devant la pénurie et l’absence de préparation, le gouvernement a préféré mentir aux populations concernant la réelle protection des masques.
Ceci est d’autant plus grave que le gouvernement a encouragé la continuité économique du pays, sans organiser ou superviser la protection des salariés, notamment dans les métiers de contact.