La situation ? Celle d’une planète qui court à sa perte. On a beau ne pas vouloir être alarmistes, on a beau ne pas croire aux théories de la collapsologie, le désastre environnemental s’annonce toujours plus lourd. Si ce dernier est affligeant, encore plus affligeante est l’absolue incompétence de la classe dirigeante face aux menaces qui pèsent sur la planète comme une épée de Damoclès. Le bon sens voudrait que l’on fortifie ce fil qui soutient cette fameuse épée. Et bien, non. Nos gouvernements semblent vouloir l’effilocher encore un peu, histoire de rendre le danger toujours plus perceptible et imminent.
Dans un rapport publié ce lundi 6 mai, l’ONU lance un cri d’alarme, elle nous parle d’un million d’espèces menacées d’extinction d’ici les prochaines décennies si on n’applique pas «un changement PROFOND des modèles de production».
Que répond notre Président à cela, lors du débriefing du Grand Débat face à cette menace mondiale sans précédent ? Nous nous attendions à de grandes phrases, à des mesures de grandes ampleurs, et Emmanuel Macron – d’habitude si performant et brillant en art oratoire nous dit en gros : changez votre chaudière.
Ipse dixit.
Dire que c’est peu ambitieux est un euphémisme. En réalité, pour être honnête, il a dit aussi qu’il a l’intention de créer un «conseil de participation citoyenne» composé de 150 personnes tirées au sort qui auront pour «mission de travailler sur le climat, de redessiner toutes les mesures concrètes d’aide aux citoyens sur la transition climatique». Sans mettre forcement en doute l’utilité de ce conseil, pourquoi ne pas commencer d’ores et déjà par écouter les voix des experts qui travaillent depuis des années pour les ONG environnementales telles Bloom, Greenpeace, etc…
Pourquoi ne pas appliquer d’ores et déjà les précieux conseils des scientifiques, qui se sont souvent par ailleurs exprimés dans des études payées par l’État, mais qui sont restées dans le tiroir ? À quoi bon un énième conseil, une énième commission ? On dirait que le but est celui de temporiser alors que s’il y a bien une chose qui manque cruellement aujourd’hui c’est le temps.
Nous n’avons plus le temps
Urbanisation qui ne s’arrête jamais, pêche industrielle, déforestation, agriculture intensive : voilà les coupables qui ont rendu les trois quarts de la planète «gravement altérés» par les activités humaines, selon ce dernier rapport de l’ONU.
En attendant le conseil citoyen qui résoudra tout magiquement, Emmanuel Macron cajole les chasseurs, la France vote au Parlement Européen les amendements favorables à la réintroduction de subventions néfastes qui encouragent la pêche industrielle et, dernière découverte, il menace de placarder le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature), une des plus anciennes institutions pour la protection de la nature en France, un choix politique qui pourrait amorcer le début de la fin de ce qui reste de biodiversité dans nos territoires.
Jusqu’aujourd’hui, un acteur économique qui désirait présenter aux autorités publiques un projet susceptible d’avoir un impact sur le territoire et sa biodiversité (une autoroute, un centre commercial, etc…) devait soumettre le dossier au droit de regard du CNPN.
La présence d’espèces protégées dans un territoire pouvait limiter la réalisation de ces projets, car les 60 experts du CNPN avaient comme première mission celle d’examiner les différentes dérogations applicables et d’évaluer l’effective application des normes environnementales.
Alors qu’en France le rythme d’artificialisation du territoire continue à un rythme effréné (7m2 par seconde sont urbanisés au détriment des bois et des forêts), le gouvernement, selon les révélations du site Mediapart, a décidé de confier ces missions à partir de septembre, aux instances régionales (CSRPN), déjà surchargées de travail et susceptibles de recevoir des pressions politiques et économiques locales.
Le CNPN se retrouve ainsi tout simplement placardisé, avec le prétexte officiel de décentraliser les procédures administratives, prétexte bien trouvé pour faire passer la pilule.
Comment ne pas craindre que la protection de la biodiversité s’affaiblisse encore plus avec cette nouvelle mesure ?