La loi Avia était anticonstitutionnelle ? La réponse de la majorité est limpide : changeons la constitution !
Vendredi, l’horreur s’abattit de nouveau sur notre pays. Au nom d’un dogme arriéré, un professeur a péri pour avoir voulu transmettre du savoir à des élèves. Au nom d’un dogme arriéré, les valeurs des Lumières furent atteintes par le meurtre de ce qui est leur personnification au XXIème siècle : un enseignant.
Ne souhaitant pas revenir sur l’atrocité sans nom commise, ma colère demeurant forte, je suis tout autant indigné par le cirque ambulant qui se déchaîne devant nous depuis vendredi. Le corps encore chaud de Samuel Paty n’a pas suffi à calmer les ardeurs de notre classe politique délétère, encline à une récupération politique lassante, indigeste, indigne, car se répétant à chaque assassinat ou attentat sur notre territoire.
Chaque bord y va de sa solution miracle, quand bien même ils s’échangeraient la responsabilité de l’État depuis maintenant bien trop longtemps. Mais surtout, chaque individu de notre classe politique démontre sa méconnaissance de notre droit, de notre démocratie et des tenants et aboutissants de cette dernière. En souhaitant remodeler notre Constitution pour que la loi Avia lui soit enfin conforme, ou y inscrire des termes déjà présents, nous assistons à un spectacle indigne de la mémoire de cet homme, mais également indigne de la situation qui traîne depuis plus de 20 ans.
Si nous excluons l’incompétence chronique qui habite nos dirigeants, il est frappant d’attester comment chaque acte terroriste devient prétexte à éteindre nos libertés, et par conséquent à donner raison à cette vermine qu’il faut dératiser. En revenant avec la loi Avia pour nous la faire adopter au forceps, et cela même lorsque la situation démontre à nouveau toute son inutilité tant l’arsenal législatif en place est efficace ; tant les mis en cause se sont dévoilés à visage découvert sur les réseaux sociaux ; tant l’État a failli en prévoyant un rappel à l’ordre contre ce professeur qui ne faisait qu’enseigner ce qui est la sève de notre démocratie.
Ce retour à la charge du gouvernement, avec cette pseudo-solution magique pour lutter contre ce que notre Président se plaît à qualifier «d’hydre islamiste», démontre tout leur désintérêt pour la sécurité nationale et la pérennisation d’acquis encore récents à l’échelle d’une Nation. En tirant ses flèches de part et d’autre mais jamais sur la cible, la présidence Macron maquille son bilan catastrophique en matière de sécurité, champ d’action pour lequel elle a inscrit dans notre droit commun des dispositions relevant de l’état d’urgence.
Cette enquête avançant, rien pour l’instant ne justifie ce recul des libertés que messieurs Macron et Darmanin vont nous vendre pour maquiller une faillite qu’ils traînent depuis de nombreuses années. Notre indignation, notre colère, notre tristesse : rien ne doit en nous justifier à ce que l’on morde toujours plus les bornes de notre démocratie, même le combat à mener contre l’islamisme qui empoisonne notre société depuis bien longtemps. Nos libertés sont notre atout contre l’ennemi qui ne cherche qu’à les éteindre : restons ces étincelles qui les rendent toujours plus lumineuses.
- Arab Zakaria