Emmanuel Macron n’a vraiment honte de rien !
Devant ses troupes, le voilà qui a présenté en cette rentrée parlementaire son parti comme le seul choix qu’ont fait les français face au RN de Marine Le Pen, et en même temps, il lui pique ses idées et son programme sur l’immigration.
Pour lui, voici ce qu’il a déclaré aux députés LREM : «vous n’avez qu’un opposant sur le terrain : le Front National. Il faut confirmer cette opposition car ce sont les français qui l’ont choisie. Il y a deux projets, celui du repli ou bâtir une solution ouverte mais pas naïve».
La naïveté ce serait de croire que cette opposition factice entre LREM et RN est le seul choix proposé aux français. On a l’impression d’un match de catch où le combat est mis en scène et le perdant connu d’avance. Le bon d’un côté du ring, le méchant de l’autre et Alexandre Benalla à la préparation technique et sportive de cet octogone d’opérette.
Ce n’est plus le fameux «en même temps» qui est à la manoeuvre, mais carrément du mensonge, car sur l’immigration, Emmanuel Macron a tout volé au RN.
Son idée de répondre aux attentes du peuple en opposant les plus pauvres à ceux qui le sont encore plus, les migrants, est vieille comme le monde. Elle a le mérite d’être efficace à chaque époque. Mais comment prétendre à une politique d’ouverture, comment continuer de moquer Orbán ou Salvini sur la politique d’accueil, quand sa politique est systématiquement semblable en tout point ? Politique du chiffre à la cour nationale du droit d’asile, déshumanisation de l’asile, manque de structures d’accueil et de moyens, et mesures coercitives.
On a l’impression d’un touriste bourgeois qui découvre la France par une drôle de lorgnette et voici le Président, qui tel monsieur Jourdain, se met à faire du Marine Le Pen sans le savoir ! Avant de se présenter à l’élection, il eut été sage de connaître le pays et la réalité des classes les plus défavorisées, qui selon sa récente découverte, subissent le chômage, la pauvreté et l’immigration. Ah.
Le projet proposé par Emmanuel Macron se clarifie donc : il devient le refondateur du bloc bourgeois traditionnel, autour du socle de l’argent, de la défiance envers les assistés et de la haine des étrangers. Sous couvert d’un centre fantasmé, il propose une politique réactionnaire, qui va une fois encore élever les plus pauvres contre les plus pauvres dans la défense des intérêts des mieux nantis.
J’ai une pensée émue en ce jour pour les députés LREM, qui, comme Cédric Villani, ont cru à la promesse du nouveau monde et du progressisme, ce virage risque d’en laisser quelques-uns sur le bord de la route, s’ils restent sincères avec leur engagement.
Et puis, j’ai une pensée aussi, pour ceux qu’on appelle affectueusement les castors, et qui, élections après élections, construisent un barrage contre le FN, ils viennent de se rendre compte que les plans d’architecte étaient faussés et qu’en lieu de barrage, ils ont construit une autoroute pour le FN, prête à être ouverte à la circulation.