Au lendemain de ce 28 novembre et des spectaculaires marches pour les libertés qui se sont déroulées partout en France, Darmanin, Lallement et leurs soldats d’infortune voient flou.
À l’ordre du jour dans plus de 70 villes du pays, cette mobilisation nationale sans précédent dans “l’ère post-covid”, annonce la couleur sur la détermination des français à réaffirmer leur amour inconditionnel pour toutes les libertés, lorsque celles-ci sont menacées. Malgré une interdiction initiale de manifestation – qui en dit long sur l’aversion du préfet de police de Paris et de la place Beauvau pour l’idée même de démocratie – le tribunal administratif de Paris rétablissait finalement un tant soit peu l’État de droit vendredi soir, en annulant l’arrêté préfectoral portant l’interdiction du parcours déposé en préfecture quelques jours plus tôt.
C’est donc dans une ambiance festive et énergique qu’une marée humaine s’est emparé de la place de la République hier après midi pour un refus massif du basculement de notre société dans un régime fasciste aux accents dystopiques. Cette loi si peu subtile dans son texte sur les appétits totalitaires de ceux qui nous gouverne, a permis une chose très simple : la convergence et la mobilisation massive de tous les acteurs de la société dans un consensus quasiment général.
Pour justifier cette loi de censure et de surveillance globale le gouvernement nous dit :
1. si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez rien à craindre de la surveillance.
2. pour garantir son intégrité psychique et physique, la police ne doit pas être surveillée par les citoyens.
Dans ces conditions, nul besoin d’être Aristote, Leibniz ou expert en logique déductive pour en conclure que cette loi hautement liberticide n’est que le symptôme d’un régime aux abois. Ce même régime qui ne tient plus que par sa police et cherche donc à créer en force, les conditions sine qua non à une répression massive et systémique, destinée à neutraliser les nombreuses mobilisations sociales à venir. Il n’est pas pire régime fasciste que celui qui ne dit pas son nom et en la matière, le gouvernement Macron nous facilite de plus en plus la tâche pour appeler un chat un chat.
Hier, des centaines de milliers de personnes à travers la France (500 000 selon l’AFP) et près de 200 000 rien qu’à Paris (AFP) étaient dans la rue pour déconfiner leur colère et mettre au pied du mur les fossoyeurs de la démocratie. Des centaines de milliers de français étaient dans la rue pour défendre ce que nos législateurs s’acharnent à piétiner depuis des mois et des années.
Ce que redoutait le gouvernement est finalement arrivé. Cette marche éminemment républicaine était massive et pacifique. C’est pourtant sans surprise qu’à l’issue de la manifestation, les chaînes d’informations en continue se sont adonnées à leur sport favori : le miroir déformant. Les scènes de violence survenues place de la Bastille à la fin de cette mobilisation d’ampleur ne constituent même pas 0.1% de ce qui nous a été donné à observer en tant que journalistes sur le terrain. Il y a fort à parier que si tous les éditorialistes et pseudos-experts de plateaux si prompts à vilipender l’ensemble d’un cortège pour quelques actes marginaux, l’étaient autant pour dénoncer les exactions des forces répressives de l’État, alors une telle loi serait déjà retirée. Hier, la place de la Bastille était seulement le théâtre de l’échec cuisant de la doctrine ultra-violente de Didier Lallement. Il a voulu la guerre, il l’a et à trop souffler sur les braises on se brûle. Il n’y a pas de pire hypocrisie que de condamner les violences survenues hier sans chercher à comprendre d’où elles viennent, qui les attisent, de quoi elles sont le nom et qui, à terme, les récupèrent et en tirent profit. Chercher à comprendre n’est et ne sera jamais justifier ou cautionner, c’est simplement penser notre société en s’affranchissant de l’injonction au manichéisme qui la pourrit.
Ne nous y trompons pas, ces marches des libertés ont été couronnées d’un succès inédit depuis plusieurs années en France. Ce 28 novembre 2020 a marqué sans contestation possible le retour du peuple français dans la temporalité politique de notre époque et ça ne semble être qu’un début.
- Léo Thiery
Retour en images sur la marche des libertés parisienne d’hier grâce à l’objectif avisé de Lily Chavance. (cliquez sur les images pour les afficher en plein écran)