Pour une fois le suspens aura peu duré. Jean Castex, ancien secrétaire adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, nommé par Emmanuel Macron, ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Hollande, aura donc proposé un gouvernement tout entier choisi – ou presque – par Monsieur Macron.
Exit donc Castaner, Belloubet, Ndiaye, Pénicaud et voici venu le temps de la réinvention avec Roselyne Bachelot, Barbara Pompili et Eric Dupond-Moretti.
Oui, vous avez bien entendu, ce remaniement, il s’agit d’une réinvention !
En effet, qui aurait pu mettre un homme visé par une enquête pour viol au poste de ministre de l’Intérieur ? Qui aurait pu mettre à la justice, un avocat qui a fait pleuré une fillette de 7 ans dans son réquisitoire et qui a défendu la pègre, au risque même de sa probité ? Qui aurait pu faire une chose pareille ?
Voilà donc sans doute le dernier gouvernement du quinquennat d’Emmanuel Macron, patchwork d’anciens et de nouveaux pour récompenser les fidèles et assurer une fin de mandat sur les chapeaux de roues. Personne ne contestera le projet du chef pour l’année qui vient, et tout devra aller très vite selon les moindres désirs de l’exécutif.
Jean Castex a essayé de rassurer les commentateurs, il ne sera pas homme à se laisser phagocyter, mais ce fidèle de Nicolas Sarkozy a tout de même dû accepter un ancien collègue d’Emmanuel Macron en directeur de cabinet. L’hyper-présidentialisation bat son plein et la Vème n’en finit plus de mourir, de réformes successives en pratiques antidémocratiques.
Maître Éric Dupond-Moretti à la justice, c’est une déclaration de guerre selon le syndicat de la magistrature. Darmanin à l’Intérieur : quel dommage pour les habitants de Tourcoing, dont il a été récemment élu maire. Quel dommage aussi pour les associations du droit des femmes. Bon courage à Marlène Schiappa qui le secondera à l’Intérieur, je crois que dans une vie d’avant, elle était ministre aux Droits des femmes.

Madame Pompili à l’écologie, c’est l’assurance d’une politique de communication de greenwashing qui n’attaquera pas les postures du héros de la Terre et supportera tous les lobbyistes de France et d’Europe. Et enfin, Amélie de Montchalin, ancienne bancaire élue au Parlement Européen, désormais en charge des fonctionnaires, c’est quasiment l’assurance de grèves sans précédent dans la fonction publique.
Voilà donc un remaniement qui continue de nier le malaise dans le pays, une réinvention en forme de pied de nez aux oppositions et une affirmation de la toute-puissance exécutive d’une République fatiguée, incapable de répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux actuels.
Une décomposition du gouvernement en quelque sorte.