Il est temps de comprendre qu’avec Emmanuel Macron et sa pratique autoritaire du pouvoir, nous quittons les rives de la démocratie libérale
Les manifestations corporatistes et les belles tribunes n’y changeront rien, pas plus que les bonnes manières de bourgeois bourgeoisant entre eux, comme le disait Jaurès.
Les lois d’exception et les lois scélérates de contrôle de la parole et de l’expression libre s’accumulent, poussées par l’agenda sanitaire et sécuritaire. Le droit de manifester est remis en cause par la violence institutionnelle systématique. Pourtant, le langage de duplicité et la novlangue macronienne semblent suffire comme gages de bonne volonté démocratique à nombre d’éditocrates de cour qui continuent d’aduler «le président progressiste, sans opposition crédible».
Les médias d’oligarques, largement subventionnés par le pouvoir, se font le relais complaisant de la propagande d’État, dans une mimi marchandisation des politiques. Une caste d’argent a privatisé le débat. La presse étrangère est quasiment la seule, avec la presse indépendante à faire le constat qui s’impose : Emmanuel Macron est dangereux et transforme notre pays en absurdistan autoritaire.
Samedi, encore un rassemblement pour faire barrage à celui qui devait faire barrage et qui construit l’autoroute de l’autoritarisme avec méthode. Encore un rassemblement pour dénoncer la dérive inacceptable de ce pouvoir anti-populaire et bunkérisé.
Ceux qui ont fermé les yeux sur la répression brutale du mouvement des gilets jaunes ne peuvent plus nier la réalité du pouvoir : la violence incarnée dans les lois et dans les doctrines.
Le fascisme de la postmodernité, incarné à merveille dans le macronisme
Mais les élus, de droite comme de gauche, ont bien du mal à énoncer les mots et dénoncer d’une voix commune le mal qui ronge notre démocratie : le fascisme. Évidemment, pas celui de Mussolini, mais le fascisme de la postmodernité, déjà dénoncé par Pasolini. Un fascisme de la consommation idiote, de l’abrutissement médiatique, du conformisme et de l’efficacité économique. Ce fascisme, si bien incarné par les têtes de proue de la macronie, girouettes idéologiques sans conviction, au seul service de leur image.
Voir l’Assemblée nationale discuter de lois inutiles et dangereuses, alors que sombrent dans la misère des millions de nos compatriotes représente une insulte et une indécence, qui résument le quinquennat de la honte, que nous vivons.
Et pourtant, derrière l’armée des pantoufles, il y a une jeunesse qui se lève, des millions de français qui cherchent à se retrouver et à construire un collectif, de nouvelles solidarités. Derrière les masques, il y a un cri.
L’invisibilisation des mouvements sociaux et des violences ne suffira pas à faire taire ces bouches affamées de liberté et de justice.
Un pays qui se tient bien trop sage
Il est stupide de croire qu’Emmanuel Macron n’a face à lui aucune opposition. Il a en réalité un peuple contre lui, un peuple désuni, fragmenté, fracturé, mais conscient du mal qui lui est fait sous couvert de bienveillance. Un peuple infantilisé, attentiste et pourtant conscient, mais si sage. Un peuple tenu par la peur, et dont certains représentants élus ne sont que peur et petits calculs politiciens d’ancien monde.
De barrage, il n’y aura plus, n’en déplaise aux Laurent Joffrin de ce monde. L’élection de 2022 ne sera pas une élection comme une autre. Elle sera celle d’un choix collectif : retrouver la liberté ou accepter toujours plus de chaînes.
Au pays de La Fontaine, les français choisiront-ils d’êtres des loups ou des chiens ?
Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
À se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
«Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d’assuré : point de franche lippée ;
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin».
Le Loup reprit : «Que me faudra-t-il faire ?
-Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse».
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
«Qu’est-ce là ? lui dit-il. -Rien. -Quoi ? Rien ? -Peu de chose.
-Mais encore ? -Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
-Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? -Pas toujours ; mais qu’importe ?
-Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor».
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Loup et le Chien, Livre I Fable V