Origines et enfance
Éric Zemmour naît dans une famille juive séfarade d’origine berbère, arrivée en France métropolitaine en 1952, avant le début de la guerre d’Algérie. Ses ancêtres, originaires de Sétif, dans l’ancien département de Constantine (Algérie française), bénéficient de la nationalité française grâce au décret Crémieux de 1870, bien que celle-ci ait été temporairement révoquée sous le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Son nom, « Zemmour », signifie « olivier » en tamazight, une langue berbère, et il se définit parfois comme un « Français d’origine berbère ». Cependant, certaines sources, comme l’historien Benjamin Stora, le qualifient de « juif arabe », tandis que d’autres, comme Mohammed Ibn Najiallah, suggèrent une origine séfarade liée à la péninsule Ibérique, notamment la région de Zamora en Espagne.
Son père, Roger Zemmour (1932-2013), est préparateur en pharmacie puis directeur d’une société d’ambulances, tandis que sa mère, Lucette Lévy (1936-2010), est femme au foyer. Élevé principalement par sa mère et sa grand-mère maternelle, Ourida (dite Claire), en raison des absences fréquentes de son père, Éric développe une relation étroite avec ces figures féminines qui ont forgé son caractère et son ambition. Dans son ouvrage Destin français (2018), il évoque un patriotisme familial fort et une centralité de la question identitaire dans son éducation.
Éric passe son enfance à Drancy, puis à Stains, avant que sa famille ne s’installe dans le quartier parisien de Château Rouge, un environnement multiculturel qui influencera sa vision de l’immigration et de l’identité nationale. Élevé dans la tradition juive séfarade, il fréquente la synagogue jusqu’à la mort de son père en 2013 et observe certaines prescriptions de la Halakha. Il affirme que son prénom confessionnel est « Moïse ». Il aurait également une connaissance de l’hébreu, bien que cela reste peu documenté.
Formation
Éric Zemmour fréquente des établissements scolaires confessionnels juifs, notamment l’école Lucien-de-Hirsch et le groupe scolaire Yabné dans le 13e arrondissement de Paris, où il est également joueur de football au poste d’ailier gauche pour le Yabné Olympique Club. Brillant élève, il intègre l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), dont il sort diplômé en 1979 (section Service public). Influencé par des penseurs comme Charles Maurras et Raymond Aron, il développe un goût pour l’histoire, la littérature et la politique, ainsi qu’une sensibilité conservatrice et nationaliste.
Ambitieux, il tente à deux reprises, en 1980 et 1981, le concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA), mais échoue, une première fois à l’oral (où il est interrogé par René Rémond sur le tourisme en Espagne) et une seconde fois à l’écrit. Exempté du service militaire pour une monoarthrite du genou, il se tourne alors vers le journalisme, un domaine où il pourra exprimer ses idées et son talent d’écriture.
Début de carrière journalistique dans la presse écrite
Après un bref passage dans l’agence de publicité FCA, où il rédige des slogans, Éric Zemmour entame sa carrière journalistique en 1986 au Quotidien de Paris, sous la direction de Philippe Tesson. Il y couvre la politique, développant un style incisif et analytique. Après la fermeture du journal en 1994, il devient éditorialiste à InfoMatin pendant un an, puis rejoint Le Figaro en 1996, où il intègre le service politique en tant que grand reporter. Parallèlement, il collabore comme pigiste à Marianne (1997) et Valeurs actuelles (1999).
En 2009, Le Figaro le met à l’écart du service politique, officiellement pour des propos controversés tenus sur Canal+ (« la plupart des trafiquants sont noirs et arabes »), mais selon certaines sources, comme Électron libre de France Inter, cette décision serait liée à son salaire élevé (9 700 euros par mois) pour un faible volume de publications. Il devient alors chroniqueur au Figaro Magazine et revient au Figaro en 2013 pour des chroniques littéraires. Il contribue également au mensuel Le Spectacle du Monde (Valeurs actuelles) de 2013 à 2014. En septembre 2021, il suspend sa collaboration avec Le Figaro pour promouvoir son livre La France n’a pas dit son dernier mot et préparer sa candidature présidentielle.
Télévision et radio
Éric Zemmour gagne en notoriété grâce à ses interventions télévisées et radiophoniques. À partir de 2003, il participe à l’émission Ça se dispute sur I-Télé (devenue CNews), d’abord face à Christophe Barbier, puis Nicolas Domenach, jusqu’à son licenciement en 2014 après des propos controversés sur l’islam dans le journal italien Corriere della Sera. La chaîne est condamnée en 2016 à lui verser 50 000 euros pour rupture abusive de contrat.
De 2006 à 2011, il est chroniqueur dans On n’est pas couché sur France 2, aux côtés d’Éric Naulleau, formant un duo remarqué pour ses critiques acerbes et ses débats animés avec des invités du monde culturel. En 2011, Laurent Ruquier met fin à leur participation, une décision qu’il dira regretter en 2015. Les deux comparses poursuivent leur collaboration dans Zemmour et Naulleau sur Paris Première (2011-2022), un talk-show hebdomadaire.
À la radio, Éric Zemmour anime la chronique quotidienne Z comme Zemmour sur RTL de 2010 à 2016, devenue bihebdomadaire en 2013 après une polémique liée à ses propos sur Christiane Taubira. Il est évincé de la station en 2018. En 2019, il rejoint Face à l’info sur CNews, où ses interventions génèrent des audiences record jusqu’à son départ en 2021 pour se consacrer à sa campagne présidentielle.
Carrière littéraire
Éric Zemmour est l’auteur de plusieurs ouvrages, mêlant biographies politiques, essais et romans, souvent marqués par des thèses controversées. Ses premiers livres, Balladur, immobile à grands pas (1995) et L’Homme qui ne s’aimait pas (2002), sont des biographies d’Édouard Balladur et Jacques Chirac. En 2006, Le Premier Sexe critique ce qu’il perçoit comme une « féminisation » ou « dévirilisation » de la société, suscitant une vive polémique auprès des mouvements féministes.
En 2008, son roman Petit Frère dénonce l’ »angélisme antiraciste ». En 2010, Mélancolie française, récompensé par le prix du livre incorrect, revisite l’histoire de France à travers une perspective nostalgique. Son ouvrage le plus connu, Le Suicide français (2014), vendu à plus de 500 000 exemplaires, attribue le déclin de la France à l’influence de la génération de Mai 68 et à l’immigration. Destin français (2018) mêle autobiographie et analyse historique, tandis que La France n’a pas dit son dernier mot (2021), publié via sa société d’édition Rubempré, connaît un succès commercial avec 165 000 exemplaires vendus en trois semaines. Éric Zemmour a également contribué à l’écriture du film Dans la peau de Jacques Chirac (2006), bien que son apport ait été limité selon le réalisateur Karl Zéro.
Engagement politique
En novembre 2021, Éric Zemmour annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 et fonde le parti Reconquête, visant à unir les droites autour de thèmes identitaires et nationalistes, notamment l’immigration zéro et la théorie du « grand remplacement ». Il obtient 7,07 % des voix au premier tour, se classant quatrième, et apporte son soutien à Marine Le Pen pour le second tour. En 2022, il se présente aux élections législatives dans la 4e circonscription du Var, mais est éliminé dès le premier tour, tout comme les autres candidats de son parti.
Ses positions, souvent qualifiées de populistes et xénophobes, incluent la suppression des allocations aux parents d’enfants perturbateurs, le retour de l’uniforme à l’école et une opposition farouche à l’immigration et à l’islam, qu’il associe à une menace pour l’identité française. Ces prises de position, alliées à son style provocateur, lui valent un large écho médiatique, mais aussi de nombreuses critiques et poursuites judiciaires.
Controverses et condamnations
Éric Zemmour est une figure clivante, fréquemment poursuivi pour ses déclarations. En 2011, il est condamné pour provocation à la discrimination raciale après avoir affirmé sur Canal+ que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes ». En 2018 et 2020, il est condamné pour provocation à la haine envers les musulmans, notamment pour des propos sur l’islam et les mineurs isolés. Il a toutefois été acquitté à six reprises pour des accusations similaires et a vu deux condamnations annulées en appel. En 2020, il porte une condamnation devant la Cour européenne des droits de l’homme, mais perd son recours.
Vie privée
Éric Zemmour épouse en 1982 Mylène Chichportich, avocate spécialisée en droit des faillites, d’origine juive tunisienne. Le couple a trois enfants : Hugo (né en 1997), Thibault (né en 1998) et Clarisse (née en 2004). En 2023, Hugo est mis en examen pour conduite en état d’ivresse ayant causé des blessures graves. En 2021, des rumeurs médiatiques évoquent une relation avec Sarah Knafo, sa conseillère de campagne, qu’il officialise en janvier 2022. Sarah Knafo, eurodéputée Reconquête, dément les allégations d’une grossesse. Malgré sa notoriété, Éric Zemmour reste discret sur sa vie privée, mettant en avant son attachement à sa famille et à ses racines juives.
Patrimoine et revenus
En 2022, la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique évalue son patrimoine à environ 4,2 millions d’euros, incluant cinq appartements (dont un de 165 m² à Paris, estimé à 1,8 million d’euros), des revenus éditoriaux, des chroniques médiatiques (environ 50 000 euros par mois) et 90 % des parts de la société d’édition Rubempré, qu’il codirige avec son épouse.
Conclusion
Érudit, passionné d’histoire et de littérature, Éric Zemmour s’appuie sur des références culturelles pour défendre ses idées. Son style provocateur, son assurance et son opposition à ce qu’il appelle le « politiquement correct » en font une figure admirée par certains et détestée par d’autres. Il a déplacé le curseur du débat public vers la droite, notamment sur l’immigration et l’identité nationale, tout en suscitant des critiques sur la légitimation de discours extrêmes par les médias.