Galerie de portraits : Marine Le Pen

Marion Anne Perrine Le Pen, connue sous le nom de Marine Le Pen, est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Figure centrale de la politique française, elle est une avocate de formation et une femme politique de premier plan, connue pour son rôle à la tête du Front national (rebaptisé Rassemblement national en 2018) et ses candidatures répétées à l’élection présidentielle française. Fille de Jean-Marie Le Pen, le controversé fondateur du Front national, elle a grandi dans un environnement marqué par l’extrême droite. Elle est aujourd’hui l’une des figures les plus polarisantes de la scène politique française.

Jeunesse et formation

Marine Le Pen est la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen et de sa première épouse, Pierrette Lalanne. Ses sœurs aînées sont Marie-Caroline (née en 1960) et Yann (née en 1963). Elle grandit dans un contexte familial fortement politisé, marqué par l’engagement de son père au sein du Front national, qu’il a fondé en 1972. Dès son plus jeune âge, Marine est confrontée aux controverses liées aux positions extrémistes de son père, ce qui influence profondément son parcours. Un événement marquant de son enfance survient dans la nuit du 1er au 2 novembre 1976, alors qu’elle n’a que 8 ans. Une bombe contenant 20 kg d’explosifs explose devant l’appartement familial situé au 9, villa Poirier, dans le 15e arrondissement de Paris. Cet attentat, visant directement Jean-Marie Le Pen, détruit une partie de l’immeuble, mais la famille s’en sort indemne, bien que profondément choquée. Marine Le Pen décrira plus tard cet épisode comme un moment clé de sa prise de conscience de la stigmatisation dont sa famille faisait l’objet en raison des activités politiques de son père.

La séparation de ses parents en 1984, alors qu’elle a 16 ans, est un autre événement douloureux. Dans son autobiographie À contre flots (2006), elle évoque la douleur causée par le départ de sa mère, qui aurait déclaré ne pas l’aimer, une blessure qu’elle dit avoir portée longtemps. Le divorce de ses parents est prononcé en 1987, et la médiatisation de cette rupture, notamment par la publication de photos de Pierrette Lalanne dans Playboy, ajoute à la complexité de son adolescence.

Marine Le Pen poursuit ses études au lycée Florent Schmitt à Saint-Cloud, puis à l’université Panthéon-Assas, où elle obtient une maîtrise en droit en 1990, suivie d’un DEA en droit pénal en 1991. En 1992, elle décroche le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) et s’inscrit au barreau de Paris. Pendant six ans (1992-1998), elle exerce comme avocate, notamment à la 23e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, où elle défend régulièrement des justiciables en comparution immédiate, souvent en tant qu’avocate commise d’office.

Engagement politique précoce et ascension au sein du Front national

Marine Le Pen adhère au Front national (FN) en 1986, à l’âge de 18 ans, suivant les traces de son père. Elle s’engage activement dans le parti tout en poursuivant ses études et sa carrière d’avocate. Dès 1993, elle se présente aux élections législatives dans la 16e circonscription de Paris, où elle obtient 11 % des suffrages, un score honorable mais insuffisant pour accéder au second tour.

En 1998, elle décroche son premier mandat électif en tant que conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, une région où le FN commence à s’implanter durablement. Cette même année, elle prend la direction du service juridique du parti, un poste stratégique qu’elle occupe jusqu’en 2003. Ce rôle, créé à l’initiative de son père, lui permet de gagner en influence au sein du FN, bien que certains cadres du parti, comme Bruno Mégret, critiquent son ascension, la percevant comme un favoritisme familial. En 1997, elle tente de se faire élire au comité central du FN pour contrer l’influence de Mégret, mais échoue en raison de l’opposition des mégrétistes. Elle est toutefois repêchée par son père sur une liste complémentaire.

En 2002, la qualification surprise de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle offre à Marine une visibilité médiatique accrue. Elle commence à apparaître comme une figure montante du parti, prônant une modernisation de son image. En juillet 2002, elle fonde l’association Générations Le Pen, visant à « dédiaboliser » le Front national en le rendant plus acceptable aux yeux de l’électorat mainstream. Cette stratégie, qui vise à adoucir les positions les plus controversées du parti, notamment sur l’immigration et l’antisémitisme, suscite des tensions avec les cadres historiques.

Consolidation de son influence et mandats électifs

En 2003, Marine Le Pen est nommée vice-présidente du Front national, renforçant sa position au sein de l’appareil partisan. En 2004, elle se présente aux élections régionales en Île-de-France, où elle est élue conseillère régionale et présidente du groupe FN. La même année, elle devient députée européenne, un mandat qu’elle occupera jusqu’en 2017, co-présidant à partir de 2015 le groupe Europe des nations et des libertés, qui regroupe des partis d’extrême droite et souverainistes.

En 2007, elle joue un rôle clé en tant que directrice stratégique de la campagne présidentielle de son père. Malgré le score décevant de Jean-Marie Le Pen (10,44 %), Marine Le Pen parvient à se qualifier pour le second tour des élections législatives dans la 14e circonscription du Pas-de-Calais, où elle obtient 41 % des voix, un résultat qui consolide son ancrage local. Elle s’installe durablement à Hénin-Beaumont, une ancienne cité minière du Pas-de-Calais, où elle est élue conseillère municipale en 2008 (mandat renouvelé en 2009 après une annulation du scrutin).

En 2010, elle est réélue conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, et ses listes obtiennent un score notable de plus de 22 % au second tour des régionales, confirmant son implantation dans la région. Cette période marque également des tensions croissantes avec les cadres historiques du FN, notamment Bruno Gollnisch, qu’elle affronte pour la présidence du parti.

Présidence du Front national et dédiabolisation

Le 16 janvier 2011, Marine Le Pen est élue présidente du Front national lors du congrès de Tours, succédant à son père avec 67,65 % des voix face à Bruno Gollnisch. Dès son arrivée à la tête du parti, elle intensifie sa stratégie de « dédiabolisation », cherchant à transformer le FN en une force politique crédible et à élargir son électorat. Elle modère certaines positions, notamment en prenant ses distances avec les déclarations controversées de son père, comme celle qualifiant les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, qu’elle décrit comme « le summum de la barbarie ». Elle met également l’accent sur des thèmes comme la souveraineté nationale, la lutte contre l’immigration, la laïcité stricte et le protectionnisme économique.

En 2012, Marine Le Pen se présente pour la première fois à l’élection présidentielle. Elle obtient 17,9 % des voix au premier tour, un score historique pour le FN, mais termine troisième, derrière François Hollande et Nicolas Sarkozy. Ce résultat, bien qu’en deçà d’un accès au second tour, marque une progression significative pour le parti et consolide son rôle de leader de l’opposition d’extrême droite.

En 2015, les tensions avec son père s’intensifient lorsqu’il réitère des propos controversés sur la Shoah. Marine Le Pen, soucieuse de préserver l’image modernisée du FN, orchestre son exclusion du parti en août 2015, une décision qui marque une rupture symbolique avec l’héritage de Jean-Marie Le Pen. En 2018, elle rebaptise le Front national en Rassemblement national (RN), un changement de nom visant à achever la dédiabolisation et à effacer les connotations sulfureuses associées à l’ancienne appellation.

Candidatures présidentielles et ascension électorale

Élection présidentielle de 2017 : Marine Le Pen se qualifie pour la première fois au second tour de l’élection présidentielle, obtenant 21,3 % des voix au premier tour. Face à Emmanuel Macron, elle est cependant battue au second tour avec 33,9 % des suffrages, une performance jugée décevante en raison de sa prestation critiquée lors du débat télévisé d’entre-deux-tours. Malgré cet échec, elle est élue députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais lors des législatives de 2017, renforçant son ancrage local.

Élection présidentielle de 2022 : Candidate pour la troisième fois, Marine Le Pen atteint à nouveau le second tour, avec 23,15 % des voix au premier tour. Elle améliore son score au second tour en obtenant 41,45 %, un record pour le RN, mais s’incline une nouvelle fois face à Emmanuel Macron. Cette campagne est marquée par une concurrence inattendue à l’extrême droite, avec la candidature d’Éric Zemmour, soutenu par sa nièce Marion Maréchal, ce qui complique sa stratégie. Aux législatives de 2022, le RN obtient un score historique avec 88 sièges à l’Assemblée nationale, et Marine Le Pen est élue présidente du groupe parlementaire RN.

Condamnation judiciaire

En mars 2025, Marine Le Pen est reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national au Parlement européen. Condamnée en première instance à quatre ans de prison, dont deux ans ferme (aménageables avec un bracelet électronique), 100 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, elle fait appel de la décision, ce qui lui permet de conserver temporairement son mandat de députée. Cette condamnation constitue un obstacle majeur pour une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2027, bien qu’elle ait exprimé son intention de poursuivre sa carrière politique, notamment en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.

Vie privée

Marine Le Pen a été mariée deux fois. De son premier mariage avec Franck Chauffroy (1997-1999), elle a trois enfants : Jehanne (née en 1998) et les jumeaux Louis et Mathilde (nés en 1999). Elle épouse ensuite Éric Iorio, dont elle divorce par la suite. De 2009 à 2019, elle partage sa vie avec Louis Aliot, vice-président du FN et figure importante du parti. Depuis, elle vit avec Ingrid, une amie d’enfance qu’elle décrit comme une « petite sœur », et insiste sur son indépendance affective, affirmant être heureuse célibataire. Elle est également connue pour son intérêt pour les sports nautiques et le ski alpin.

Impact et controverses

Marine Le Pen a transformé le Front national, puis le Rassemblement national, en une force politique majeure, en élargissant son électorat et en le rendant plus fréquentable aux yeux de certains électeurs. Sa stratégie de dédiabolisation a permis au parti de passer d’une formation marginale à un acteur central de la vie politique française, comme en témoigne le score historique de 88 députés en 2022. Ses positions sur l’immigration, la laïcité, l’Union européenne et la souveraineté nationale ont suscité un fort soutien, mais aussi de vives critiques, notamment pour des déclarations perçues comme xénophobes, comme sa comparaison des prières musulmanes dans les rues à une « occupation » en 2010.

Sa condamnation en 2025, ainsi que d’autres affaires judiciaires impliquant le RN, ont ravivé les controverses autour de sa gestion du parti et de ses financements. Malgré ces défis, Marine Le Pen reste une figure incontournable de l’opposition française, et son influence continue de façonner le débat politique, notamment sur les questions d’identité et de souveraineté.

Conclusion

Marine Le Pen incarne une trajectoire politique unique, marquée par son héritage familial et son ambition de normaliser l’extrême droite en France. De ses débuts dans l’ombre de son père à sa position de leader d’un parti devenu incontournable, elle a su naviguer entre controverses et succès électoraux. Cependant, son parcours est également jalonné de défis, notamment judiciaires, qui pourraient redéfinir son avenir politique. À 56 ans, elle demeure une figure clivante, admirée par ses partisans pour sa ténacité et critiquée par ses adversaires pour ses positions radicales. Son impact sur la politique française, qu’on l’approuve ou non, est indéniable.