Marine Tondelier, née le 23 août 1986 à Bois-Bernard dans le Pas-de-Calais, est une figure majeure du parti écologiste. Secrétaire nationale des Écologistes (anciennement Europe Écologie Les Verts, EELV) depuis 2022, elle s’est imposée comme une personnalité clé de la gauche française, notamment grâce à son rôle dans la création du Nouveau Front populaire (NFP) en 2024. Son parcours, marqué par un engagement précoce dans l’écologie et un combat acharné contre l’extrême droite à Hénin-Beaumont, témoigne de sa résilience et de sa pugnacité.
Jeunesse et formation
Marine Tondelier grandit à Hénin-Beaumont, une commune du Pas-de-Calais marquée par son passé minier et un contexte politique complexe, notamment en raison de l’influence croissante du Front national (devenu Rassemblement national, RN). Issue d’une famille de professionnels de santé, son père est médecin homéopathe et sa mère dentiste, elle est élevée dans un milieu aisé mais ancré dans les réalités locales. Ses grands-parents étaient pharmaciens à Hénin-Liétard et agriculteurs à Beaumont-en-Artois, deux communes fusionnées en 1971 pour former Hénin-Beaumont.
Après une classe préparatoire littéraire, Marine Tondelier intègre l’Institut d’études politiques (Sciences Po) de Lille, où elle obtient un diplôme en 2009, spécialisé dans les carrières publiques. Elle complète sa formation par un master en gestion des établissements de santé, envisageant initialement une carrière de directrice d’hôpital. Elle effectue des stages formateurs à l’ambassade de France en Suède, à l’Inspection générale des affaires sociales, et à la direction de l’écologie hospitalière de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris. Ces expériences renforcent son intérêt pour les questions de santé environnementale, un domaine qu’elle associera plus tard à son engagement politique.
Débuts en politique et engagement écologiste
Marine Tondelier s’engage en politique en 2009, à l’âge de 23 ans, en adhérant à Europe Écologie Les Verts (EELV). Cet engagement coïncide avec les élections municipales partielles à Hénin-Beaumont, déclenchées par la révocation du maire divers gauche Gérard Dalongeville, poursuivi pour des faits de corruption. Elle rejoint la liste EELV conduite par Régine Calzia, qui obtient 8,72 % des voix au premier tour. Bien que la liste ne l’emporte pas, cette première expérience marque son entrée dans l’arène politique. Dès ses débuts, elle se confronte à l’influence croissante du Front national dans sa ville. En 2012, elle est candidate EELV dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Face à des figures nationales comme Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, elle obtient 1,63 % des voix. Malgré ce score modeste, elle dénonce l’exploitation politique de la circonscription par ces leaders, soulignant la fatigue et la colère du bassin minier.
En 2014, elle devient conseillère municipale d’opposition à Hénin-Beaumont, une ville désormais dirigée par Steeve Briois, proche de Marine Le Pen. Ce rôle l’expose à une adversité constante, marquée par des tentatives d’intimidation et des attaques personnelles de la part du RN. En 2017, elle publie Nouvelles du Front, un livre dans lequel elle dénonce la gestion municipale de Briois. Poursuivie pour diffamation par Briois et Bruno Bilde, elle est relaxée par le tribunal correctionnel de Paris, renforçant sa légitimité dans son combat contre l’extrême droite.
Ascension au sein d’EELV
Marine Tondelier gravit rapidement les échelons au sein d’EELV. Entre 2011 et 2015, elle est collaboratrice parlementaire de la sénatrice écologiste Aline Archimbaud, puis de Cécile Duflot, figure emblématique du parti de 2015 à 2017. Elle occupe également des rôles clés, comme la direction de la campagne d’Éric Piolle pour la primaire écologiste et le porte-parolat de Yannick Jadot lors de la présidentielle de 2017. En 2015, elle conduit une liste d’alliance entre EELV et le Parti de gauche aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie (devenue Hauts-de-France), obtenant 4,83 % des voix. En 2019, elle figure en 74e position sur la liste EELV aux élections européennes, menée par Yannick Jadot, qui obtient 13,48 % des voix. En 2021, elle est élue conseillère régionale des Hauts-de-France sur une liste d’union de la gauche, renforçant son ancrage local.
En décembre 2022, elle est élue secrétaire nationale d’EELV avec 90,8 % des voix, succédant à Julien Bayou. Sous sa direction, le parti adopte une nouvelle identité en octobre 2023, devenant Les Écologistes, un changement qu’elle propose pour clarifier et moderniser l’image du mouvement. En 2025, elle est réélue à la tête du parti avec 73 % des voix, malgré des critiques internes, notamment de Karima Delli et Sandrine Rousseau, sur sa gestion jugée trop centralisée.
Rôle dans le Nouveau Front populaire
Marine Tondelier gagne une notoriété nationale lors des élections législatives de 2024, déclenchées par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Avec François Ruffin, elle est l’une des premières à appeler à une union des forces de gauche pour contrer l’ascension du RN. Cette initiative aboutit à la création du Nouveau Front populaire (NFP), une coalition réunissant EELV, le Parti socialiste, La France insoumise, le Parti Communiste français et d’autres formations. Le NFP arrive en tête au second tour des législatives, et Marine Tondelier s’impose comme une figure centrale de cette alliance.
Son franc-parler et sa veste verte, devenue iconique, contribuent à sa popularité médiatique. Elle se distingue par sa capacité à fédérer, bien que des tensions internes persistent, notamment avec LFI. En 2024, elle critique vivement Jordan Bardella, qui refuse de débattre avec elle, et Bruno Le Maire, pour son attitude face à l’union de la gauche. Sa stratégie, axée sur l’unité et la lutte contre l’extrême droite, est saluée, mais certains lui reprochent de trop se focaliser sur le « mécano politique » au détriment des questions écologiques.
Engagements professionnels et idéologiques
Avant son élection à la tête d’EELV, Marine Tondelier est déléguée générale de la Fédération Atmo France (2017-2022), une organisation dédiée à la surveillance de la qualité de l’air. Cet engagement reflète son intérêt pour la santé environnementale, un pilier de son militantisme. Végétarienne depuis 2009, elle défend une écologie « radicale » mais pragmatique, prônant des politiques environnementales ambitieuses tout en cherchant à élargir la base des sympathisants écologistes.
Son opposition à l’extrême droite est un marqueur fort de son identité politique. À Hénin-Beaumont, elle développe une méthode basée sur l’humour et la dérision pour déstabiliser ses adversaires, tout en dénonçant leur populisme. Elle s’engage également sur des questions sociétales, comme la lutte contre l’antisémitisme, participant à la Marche pour la République en novembre 2023.
Vie privée
Marine Tondelier est pacsée avec un militant écologiste rencontré au sein des Verts il y a une quinzaine d’années. Le couple, discret sur sa vie privée, a un fils, Joseph, né en décembre 2018. Ils résident à Hénin-Beaumont, dans une ancienne brasserie rénovée. Marine Tondelier partage occasionnellement des moments de sa vie familiale sur les réseaux sociaux, comme des photos de vacances dans le Finistère ou de matchs du RC Lens, club dont elle est une fervente supportrice. Le couple s’engage ensemble dans des projets de sensibilisation à l’urgence climatique, notamment sur les énergies renouvelables et la reforestation.
Polémiques et défis
Marine Tondelier n’échappe pas aux controverses. En 2024, elle est critiquée pour une supposée incohérence écologique après avoir reconnu prendre l’avion pour des déplacements professionnels, malgré son engagement à ne plus le faire à titre personnel. Elle répond en justifiant ses déplacements pour représenter tous les territoires, notamment l’outre-mer. En interne, certains cadres d’EELV, comme Sandrine Rousseau, lui reprochent une personnalisation excessive du pouvoir et un manque de victoires politiques.
En octobre 2022, avant l’arrivée de Marine Tondelier à la tête du parti, le bureau exécutif d’EELV annonce une enquête interne pour examiner les accusations portées par son ex-compagne contre Julien Bayou. Cette enquête, menée par la cellule interne du parti, est clôturée en février 2023 sans conclusions probantes, faute de preuves suffisantes. Marine Tondelier, bien qu’encore nouvelle dans ses fonctions, est confrontée à la pression de gérer ce dossier tout en maintenant l’unité du parti.
En mars 2024, Anaïs Leleux, ex-compagne de Julien Bayou dépose deux plaintes : l’une contre son ex-compagnon pour harcèlement moral et abus de faiblesse, l’autre contre le parti pour non-assistance à personne en danger. Face à ces accusations et à d’autres signalements reçus, Marine Tondelier décide en avril 2024 de confier une nouvelle enquête à un cabinet d’avocats indépendant. Cette enquête externe, visant à recueillir des témoignages sur tout « comportement prétendument déplacé » de Julien Bayou, est critiquée pour son ampleur : un appel à témoignages est envoyé à plus de 12 000 adhérents et anciens militants, ce que l’avocate de Julien Bayou, Me Marie Dosé, qualifie de « violation de la dignité, de la vie privée et de la présomption d’innocence ».
Julien Bayou, dénonçant un « acharnement déloyal et scandaleux », démissionne du parti et du groupe écologiste à l’Assemblée nationale le 2 avril 2024. L’enquête externe, clôturée en octobre 2024, conclut que les faits rapportés reposent sur des déclarations auxquelles Julien Bayou a fourni des « éléments de contradiction documentés », sans établir de culpabilité. Le 30 janvier 2025, la justice classe sans suite la plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse contre Bayou, pour « absence d’infraction ». Ce classement, rare dans ce type d’affaires, blanchit officiellement Julien Bayou qui, lors d’une conférence de presse le 20 février 2025, fustige la « médiocrité », la « lâcheté » et la « bassesse » de la direction du parti, en ciblant particulièrement Marine Tondelier pour avoir maintenu les enquêtes malgré l’absence de preuves.
Cette dernière exprimera des « regrets » pour les « souffrances très fortes » causées par l’affaire, tant à Julien Bayou qu’aux plaignantes. Elle défend néanmoins la décision de lancer l’enquête externe, arguant qu’elle répondait à des signalements et visait à protéger les femmes tout en respectant la présomption d’innocence. Marine Tondelier pointe également le rôle des médias, qu’elle accuse d’avoir amplifié l’affaire et d’avoir agi comme « juge et enquêteur » à la place de la justice. Elle souligne que le parti a également souffert de cette affaire, critiqué à la fois pour en avoir trop fait et pas assez.
Personnalité et impact
Surnommée « l’autre Marine » en référence à Marine Le Pen, Marine Tondelier se distingue par son style direct et accessible. Sa veste verte, portée lors des campagnes, est devenue un symbole de son engagement. Saluée pour sa résilience face aux attaques du RN et son rôle dans l’union de la gauche, elle est parfois critiquée pour son ton véhément ou son positionnement jugé trop centré sur les alliances politiques. En 2025, à 38 ans, Marine Tondelier est perçue comme une figure montante, potentiellement candidate à Matignon ou à la présidentielle de 2027, bien qu’elle nie toute ambition personnelle. Son parcours, forgé dans l’adversité à Hénin-Beaumont, et sa capacité à fédérer la gauche font d’elle une actrice incontournable du paysage politique français.