Jeunesse et formation
Né le 25 mars 1949 à Boulogne, en Vendée, Philippe de Villiers est issu d’une famille noble normande anoblie en 1595, installée en Vendée après la Seconde Guerre mondiale. Son père, Jacques de Villiers (1913-2000), était un colonel lorrain, résistant et maire de Boulogne de 1947 à 1983. Sa mère, Hedwige d’Arexy (1925-2006), appartenait également à une lignée aristocratique. Il est le frère aîné de Pierre de Villiers, général d’armée et ancien chef d’état-major des armées (2014-2017), de Bertrand, dirigeant d’entreprise, et d’Emmanuel.
Après des études primaires à l’école catholique de Boulogne et secondaires au collège Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte, il obtient une maîtrise de droit public à l’université de Nantes en 1971, puis un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) en 1972. Il intègre l’École nationale d’administration (ENA, promotion Pierre-Mendès-France, 1976-1978), où il se forme pour une carrière dans la haute fonction publique.
Carrière professionnelle et entrepreneuriale
Après l’ENA, Philippe de Villiers devient administrateur civil au ministère de l’Intérieur, puis directeur de cabinet du préfet de Charente-Maritime, avant d’être nommé sous-préfet de Vendôme (Loir-et-Cher) en 1978. Il démissionne en 1981, refusant de servir sous le gouvernement socialiste de François Mitterrand, qu’il juge incompatible avec ses convictions.
En 1978, alors qu’il est encore étudiant à l’ENA, il lance la Cinéscénie, un spectacle nocturne en Vendée, sur le site du château du Puy du Fou. Ce projet, inspiré de son attachement à l’histoire vendéenne et à l’identité française, devient un succès. Dans les années 1980, il transforme le site en un parc à thème historique, le Puy du Fou, aujourd’hui l’un des parcs d’attractions les plus visités de France (2,3 millions de visiteurs en 2018). Le parc, mêlant spectacles historiques et patriotisme, a reçu plusieurs distinctions internationales (Themed Entertainment Association en 2012, 2016, 2017, 2019). Il cède progressivement la direction à son fils Nicolas, tout en restant une figure centrale du projet.
Carrière politique
Philippe de Villiers entre en politique en 1985 en adhérant au Parti républicain (PR), composante de l’Union pour la démocratie française (UDF). En 1986, il est nommé secrétaire d’État à la Culture dans le gouvernement de Jacques Chirac, sous la tutelle de François Léotard. Il promeut une politique culturelle axée sur le patrimoine et s’oppose aux grands travaux mitterrandiens (Opéra Bastille, Bibliothèque nationale). Il quitte ce poste en 1987 pour devenir député de la Vendée, succédant à Vincent Ansquer.
Élu président du conseil général de la Vendée en 1988, il occupe ce poste jusqu’en 2010, consolidant son ancrage local. Il contribue au désenclavement économique de la Vendée, bien que certains entrepreneurs locaux finissent par voir son image comme un frein en raison de ses positions controversées.
En 1991, il fonde le mouvement Combat pour les valeurs, puis quitte l’UDF en 1994 pour créer le Mouvement pour la France (MPF), un parti souverainiste de droite. Il milite contre le traité de Maastricht en 1992, aux côtés de Charles Pasqua et Philippe Séguin, et s’oppose à l’intégration européenne, dénonçant une « Europe de Bruxelles » qu’il qualifie d’« anti-démocratique ». Il est élu député européen en 1994, 1999 (brièvement), et de 2004 à 2014.
Philippe de Villiers se présente à l’élection présidentielle en 1995 (4,74 % des voix, 7e place) et en 2007 (2,23 %, 6e place). Ses campagnes mettent en avant la défense des « racines chrétiennes de la France », le patriotisme et une opposition à l’immigration et à l’« islamisation » de la France.
Après un cancer de l’œil en 2010, il se retire de la présidence du conseil général de la Vendée et réduit son activité politique. Il dissout le MPF en 2018. Il reste toutefois actif dans le débat public à travers ses livres et interventions médiatiques.
Œuvres et positions idéologiques
Philippe de Villiers a publié une trentaine d’ouvrages, mêlant essais politiques et romans historiques. Parmi ses livres marquants : Les Turqueries du Grand Mamamouchi (2005), Les Mosquées de Roissy (2006), Le Roman de Charette (2012), Le Roman de Saint Louis (2013), Le Roman de Jeanne d’Arc (2014) et Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (2015), un succès de librairie avec 200 000 exemplaires vendus. Ses écrits défendent une vision traditionaliste de la France, critiquant l’Union européenne, l’immigration et l’islam, tout en exaltant l’histoire nationale.
Classé à l’extrême droite par certains médias (Der Spiegel, The Wall Street Journal), il se définit comme un « conservateur enraciné » et un « libéral-libertaire » à ses débuts. Il est eurosceptique, nationaliste et traditionaliste, plaidant pour une France ancrée dans ses racines chrétiennes. Il s’oppose à l’entrée de la Turquie dans l’UE et dénonce une « islamisation » de la France, des positions qui lui valent des accusations de propos complotistes et homophobes.
Ses prises de position, notamment sur l’islam et l’immigration, ont suscité des critiques. En 2020, il compare le pass sanitaire à « l’apartheid » et attaque Emmanuel Macron, avec qui il avait entretenu une relation amicale en 2016-2019, l’accusant de trahir les intérêts français.
Vie personnelle
Marié en 1973 à Dominique de Buor de Villeneuve, Philippe de Villiers est père de sept enfants (trois fils et quatre filles, dont deux sont religieuses). Sa famille est marquée par une affaire douloureuse : son fils Laurent, installé aux États-Unis, accuse son frère aîné Guillaume de viols entre 1995 et 1996. Cette plainte, déposée en 2006, mène à une longue bataille judiciaire. Un non-lieu est prononcé en 2010 par la cour d’appel de Versailles, annulé par la Cour de cassation en 2011, puis un second non-lieu est confirmé en 2014. Philippe de Villiers nie les accusations, affirmant que Laurent a inventé l’histoire pour se venger, ce qui a profondément divisé la famille.
En 2009-2010, il rompt avec Bruno Retailleau, son ancien bras droit et président des Républicains, marquant une fracture politique et personnelle. Il s’éloigne également d’autres proches, comme sa cousine Anne de Kervenoael, dans le contexte de l’affaire familiale.
Héritage et impact
Le parc du Puy du Fou reste son legs le plus durable, un symbole de sa vision de l’histoire française, bien que critiqué par certains comme une « foire antirépublicaine » en raison de son exaltation d’un passé idéalisé.
Bien qu’il n’ait jamais politiquement atteint les plus hautes fonctions, Philippe de Villiers a influencé le débat public en France, notamment sur les questions d’identité nationale et d’euroscepticisme. Ses prises de position continuent de résonner auprès d’une frange conservatrice.
Ses propos et son style polarisant, ainsi que les drames familiaux, ont terni son image pour certains, tandis que d’autres le considèrent comme un défenseur des valeurs traditionnelles françaises.