Les mésaventures de Laetitia Avia ne sont que le énième avatar d’un constat triste et sévère : le nouveau monde promis par le parti d’Emmanuel Macron est un naufrage démocratique.
Mais bientôt, porter ce constat sera sans doute qualifiable de «discours de haine» grâce à la loi liberticide portée par Madame Avia. De même que critiquer à juste titre la gestion catastrophique de la crise sanitaire sera aussi marqué du sceau de l’infamie. On ne pourra sans doute plus dire «cette réforme des retraites est inutile», «cette gestion fut lamentable», «ce sont des menteurs». Fini, la critique. Fini.
Dorénavant, poussant encore un peu plus loin le moment orwellien, nous serons des citoyens dépossédés de la parole critique faute d’être dépossédés d’esprit critique. Pourtant Emmanuel Macron nous enjoignait dès sa prise de pouvoir, depuis Versailles, devant les députés et les sénateurs, à «faire taire le cynique en nous». Encore raté.
La loi Avia, faussement cachée sous des valeurs de respect, de tolérance et de bienveillance est une loi de censure politique
Selon la Quadrature du Net, cette loi, devenue une loi antiterroriste en janvier, fait tomber davantage la séparation des pouvoirs et donne des pouvoirs de justice à la police du net.
Selon l’article 1, paragraphe 1, la loi exige que tous les sites Web censurent en 1h et non pas dans un délais de 24h les contenus signalés par la police comme relevant du «terrorisme». Sans censure de la part du site dans l’heure, la police peut exiger son blocage partout en France par les fournisseurs d’accès à Internet.
Voilà donc une loi de censure politique portée par une députée inexpérimentée qui a rejeté avec force et caricature, toutes les critiques constructives qui ont été faites par les experts.
Les Anges de LREM
Les révélations de Mediapart sur le comportement de la députée face à ses collaborateurs confirment qu’une équipe de narcissiques puériles, obsédés par leur image et leur petite entreprise a pris le pouvoir.
Ainsi, Madame Avia a eu pour priorité de modifier sa fiche biographique sur Wikipedia, depuis l’Assemblée Nationale.
Mais rappelons aussi l’épisode où Madame Schiappa, Secrétaire d’État, a fait la promotion de son dernier livre via une mailing-list du ministère : «une maladresse qui ne se reproduira plus» selon son cabinet.
Pour comprendre comment cela a été possible, il faut se rappeler que ce fut le très regretté Jean-Paul Delevoye qui fit le casting, «façon The Voice» selon ses propres dires :
Le niveau des accusations dans l’article de Mediapart montre une assemblée de jeunes inexpérimentés, intrigants, à l’humour douteux, jouer entre eux, plutôt que de travailler pour le bien commun.
C’est là toute l’ampleur du désastre
En choisissant à la façon d’un casting de téléréalité ceux qui allaient représenter son parti surgi du néant, Emmanuel Macron a fait entrer à l’Assemblée Nationale une génération d’amateurs fiers, communicants narcissiques et carriéristes, incapables de faire passer le bien commun avant leur intérêt personnel.
Que de conflits d’intérêt, que de profils excentriques, que de «je m’en foutisme» des valeurs de la République ! Mais plutôt que de gagner en sagesse et en indépendance, plutôt que d’habiter cet habit imposant, les dilettantes de la Républiques se sont vus félicités par leur chef, confortés dans leur amateurisme catastrophique.
Peu importe la personnalité de la députée qui porte la loi de censure des réseaux sociaux. Ce qui doit inquiéter, c’est l’obsession liberticide de toute la majorité.
L’épisode En Marche aura fait plus de mal à l’image des politiques que l’ancien monde. La société civile portée par les profils sélectionnés par Emmanuel Macron et Jean-Paul Delevoye a dévoyé la représentation nationale en un fan club du banquier candidat, enfermant les institutions dans une caricature startupienne où l’image et la communication des lobbies remplacent le travail effectif au service de la communauté.
Si cette loi venait à passer aujourd’hui, notre pays fera un pas de plus vers la société du contrôle total, dans le rire et sous les applaudissements des Anges de l’Assemblée Nationale.