Dimanche soir, nous avons assisté aux traditionnels voeux de bonne année du Président de la République. Une fois encore, Emmanuel Macron a fait du vieux avec du neuf, tentant de re-présidentialiser sa fonction après avoir pris le temps de répondre à l’appel téléphonique de joyeux anniversaire de Cyril Hanouna.
L’allocution avait pour but de corriger toutes les fautes de communication commises au cours de cette année, de rassurer les français, «son peuple», sur le fait qu’il n’est pas le Président des riches et qu’il n’a rien d’un monarque élu. Les derniers de cordée étaient aussi de la fête, puisque le Président leur a dédié une pensée – faute de lois.
Nous avons eu droit à un déroulé de la feuille de route de LREM en expliquant tout le bienfait qu’elle est censée apporter à tous, dans 5 ans, pas tout de suite évidemment, dans un audacieux copier-coller d’un discours des universités d’été du Medef. Nous avons également entendu l’annonce en fanfare du plan d’attaque européen en vue de 2019 et des élections européennes où son parti tentera une OPA, après avoir négocié les alliances avec d’autres partis de la social-démocratie en Europe.
Mais l’audience fut décevante, les français ayant pris l’habitude de la langue de bois du Président.
Les quelques mois de sa présidence ont montré une constante : la schizophrénie de l’exécutif, qui aime à discourir sur le nouveau monde qui vient, et en même temps applique dans les faits une politique libérale de creusement des inégalités, une politique de sécurité musclée et une rigueur budgétaire très vieille école.
Il faut voir comment la loi de finance est passée sans un accroc, tandis que le Président glissait allègrement sur les pistes enneigées. Pour rappel, le Conseil constitutionnel a validé jeudi dans les grandes lignes les mesures contestées comme la refonte de l’impôt sur la fortune, la réforme de la taxe d’habitation, la réduction des aides au logement (APL) et l’instauration d’une flat tax sur les revenus du capital.
Il y a de la facilité chez En Marche, qui ne s’attaque pas aux problèmes épineux et insolubles de la précarité, de la pauvreté et qui préfère satisfaire l’appétit libéral de sa base, si facile à contenter. Au-delà d’une conjoncture favorable, la politique actuelle est réservée aux gagnants, et reste sourde aux appels des ONG et de l’opposition. Pire, faire preuve d’esprit critique, constructif, est vu comme du cynisme et la marque d’un esprit chagrin, ce dont le nouveau monde a horreur.
Les masques tombent, En Marche se révèle comme le parti d’une nouvelle droite décomplexée, qui fait rêver les anciens cadres du PS en mal de reconnaissance et de reconversion. Laissez les premiers de cordée courir sur la corniche, il nous emmèneront plus vite dans la vallée.
C’est aux plus pauvres que d’abord on s’attaque, faisant une priorité de la lutte contre l’immigration, du contrôle des chômeurs. Tous les profiteurs de la République doivent comprendre qui est le nouveau patron. La démagogie et le populisme sont utilisés pour qualifier les opposants, alors même que le gouvernement met en place des premières mesures démagogiques et populistes. Pour les technocrates au pouvoir, la France des périphéries est un danger électoral, pas une priorité politique.
Les promesses de parité non tenues, les promesses de faire autrement et d’oublier le monde d’hier, non tenues elles aussi, sont les marques bien caractéristiques d’une fin de campagne présidentielle.
Pour la majorité, comme pour Emmanuel Macron, c’est en 2018 que le travail commence.
Souhaitons-leur une Bonne année !