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Affaire Lafarge : Danielle Simonnet n’a pas laissé béton

Léo Thiery par Léo Thiery
8 septembre 2020
dans Écologie, France, Politique, Ville
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Mardi 1er septembre dernier, Europe 1 sortait un article accusant le groupe cimentier Lafarge de pollution industrielle dans la Seine, sur son site de Bercy. Anne Hidalgo s’insurgeait et dénonçait illico un véritable scandale écologique, annonçant saisir le procureur de Paris. Posture normale pour une Maire qui se dit écolo, or les relations entre le groupe Lafarge et la mairie de Paris ne sont ni très claires ni très propres.

Entretien avec Danielle Simonnet élue LFI du XXème arrondissement de Paris qui alerte sur le dossier Lafarge depuis déjà plusieurs années.

Entretien réalisé le jeudi 3 septembre 2020

Dans une vidéo d’avril 2019 vous alertiez déjà sur l’incohérence et le danger du renouvellement de la concession pour 20 ans et du permis de construire accordé par la mairie pour le doublement de la capacité de production de la centrale à ciment du port de Javel. Que s’est-il passé ?

J’étais déjà intervenue auparavant. Dès janvier 2019 l’association des riverains de Javel avait envoyé un courrier à l’intégralité des élus du Conseil de Paris pour interpeller sur la situation de cette centrale. Cette centrale à béton construite en 1964 devait fermer en 2017 et les riverains ont découvert avec stupeur que Haropa Ports de Paris avait renouvelé la concession du site à Lafarge pour 20 ans. Dans le même temps la Mairie de Paris a accordé un permis de construire au groupe pour que la centrale à béton multiplie par deux sa capacité de production. 

La Mairie s’était ensuite engagée à reprendre les négociations avec Lafarge et à prendre en compte les riverains dans la discussion. Sauf que, fin août 2019, on se rend compte que le projet est toujours enclenché et que les riverains ne sont pas entendus.

Dans ma vidéo de l’époque je soulève à nouveau tous les problèmes de cette centrale à béton. Premier problème anti-écologique avec l’augmentation du nombre de camions toupies qui vont circuler dans la capitale. Et le deuxième problème, c’est que les riverains nous signalent à l’époque des camions régulièrement rincés dans la Seine, des bacs d’eaux usées qui débordent bien souvent dans le fleuve et un vrai problème de pollution de la Seine. 

Comment se fait-il que ni les habitants ni le Conseil de Paris n’aient jamais été consulté sur ces décisions ? Est-ce légal ?

Quand Haropa Ports de Paris et la Mairie décident de renouveler la concession et d’accorder le permis de construire ils n’en ont évidemment rien à faire de la concertation, de la démocratie participative et les habitants n’ont pas du tout été associés à ce moment-là. Par ailleurs, le gouvernement, par l’intermédiaire du préfet de Police, rend un rapport de l’inspection des installations classées truffé d’erreurs considérables et fait moult dérogations à différentes réglementations en vigueur pour accorder toutes les autorisations nécessaires à la réalisation du projet.

De l’autre côté, il y a de moins en moins d’inspecteurs rattachés au ministère de l’environnement pour contrôler ce type d’installations, ce qui fait qu’on laisse faire les multinationales qui polluent impunément.

Comment expliquer que la préfecture ait décidé d’autoriser de telles dérogations de construction sur une zone aux réglementations habituellement draconiennes ? 

Parce qu’on est vraiment dans une logique où les multinationales ont tous les droits. En amont dans le dossier Lafarge, il faut revenir à l’affaire de juin 2016, quand l’État français et les différentes institutions internationales et européennes estiment que toutes les grandes entreprises doivent quitter la région de la Syrie envahie par Daesh. Il y a une seule entreprise qui reste sur place c’est Lafarge et on apprendra plus tard que les services de renseignements français se sont servis de l’usine pour prendre des renseignements. Ils étaient donc au courant du financement de Daesh par Lafarge et pourtant ils ne sont pas intervenus.

L’APUR, l’agence parisienne d’urbanisme avait même publié un rapport qui préconisait la fermeture de ce type de centrale, pour privilégier des petites centrales mobiles proches des chantiers. Là encore personne n’en a tenu compte ?

Personne n’en a tenu compte. En 2017, j’arrivais à faire adopter un vœu pour dire qu’il fallait sortir de la logique du tout béton au plus vite pour se tourner vers l’éco-construction, les matériaux comme le bois, la paille, la terre crue. La ville avait soutenu ce vœu, mais malgré tout était capable, dans une forme de «en même temps» macroniste, de soutenir ce projet de centrale à béton Lafarge sans écouter les recommandations de l’APUR.

La dimension destructrice du projet au niveau écologique ne s’arrête pas là, puisque pour pallier à son augmentation de production, la centrale a besoin de nouvelles carrières d’extraction. Une va être ouverte dans un parc naturel régional. Et une fois que ces carrières sont exploitées, elles sont rebouchées avec des déchets qui ne peuvent pas être incinérés. Là encore on a du mal à comprendre. Comment tout cela peut-il être autorisé ?

Oui et c’est pour cela que j’attire l’attention sur toutes les problématiques en amont. Par exemple il y a une lutte en ce moment dans le Vexin contre le développement des carrières cimentières qui posent de vrais problèmes écologiques. Là encore, on voit toute l’hypocrisie de la ville de Paris qui est capable de soutenir mon vœu de relais de la lutte du Vexin lors du Conseil de Paris pour ensuite encourager les logiques inverses.

On vient de l’évoquer ensemble, en juin 2016, le journal Le Monde affirmait dans une enquête que le cimentier Lafarge avait financé l’état islamique en Syrie entre 2013 et 2014, via des commissions de centaines de milliers de dollars versées à des intermédiaires. 15 jours après ces révélations, la Mairie de Paris fait voter une nouvelle convention qui visait à récupérer le sable de Lafarge pour faire Paris plage. Vous êtes la seule à voter contre. Pourquoi cette affaire n’a-t-elle pas fait scandale à l’époque ?

Écoutez, je ne le comprends toujours pas. Pour moi c’est une déchéance morale de la part du Conseil de Paris et de bon nombre de médias. À l’époque, mon intervention qui explique pourquoi je vote contre en disant qu’il y a du sang sur ce sable va faire plus d’un million de vues sur les réseaux sociaux, donc l’opinion est scandalisée par l’affaire. Pourtant, malgré mes communiqués de presse, il n’y aura pas un article dessus. Quand j’essaie d’intervenir dans les médias pour en parler, on change de sujet. Il y a eu un blackout. Donc la question à poser ,c’est quelles sont les ramifications économiques qui existent entre les puissances financières, politiques et médiatiques ?

En juillet 2016, il y avait une commission parlementaire sur le financement de Daesh qui arrivait à son terme. Au dernier moment, cette commission parlementaire va intégrer le dossier Lafarge puisqu’elle y est bien obligée. Mais elle va le faire en traitant le dossier de manière totalement succincte. Il y aura juste une petite page à la fin qui va blanchir Lafarge de façon lapidaire. François Asensi sera l’unique parlementaire de la commission à s’y opposer.

Extrait du rapport final de la commission d’enquête parlementaire sur le financement de Daesh, qui blanchit l’entreprise Lafarge.

Pour revenir à l’affaire qui défraie la chronique aujourd’hui, tout part de cet article d’Europe 1 accompagné d’une vidéo prise sur le site Lafarge de Bercy dans laquelle on voit un camion toupie du groupe déverser une eau grisâtre dans une cuve qui, à son tour, se vide dans le fleuve parisien par l’intermédiaire d’un trou percé intentionnellement. Le liquide en question s’avère être un mélange de particules de ciment, de liquides de traitement et de microfibres de plastique.

La vidéo issue de l’article d’Europe 1 publié le mardi 1er septembre.

Là encore vous aviez tout de suite alerté sur le fait que l’usine était située sur une zone inondable et vous aviez même demandé avec une pointe d’ironie «Est-ce qu’ils vont rincer leurs camions toupies dans la Seine ?». Vous y étiez presque mais finalement c’est pire. Vous qui êtes sur le dossier depuis déjà plusieurs années, c’est quoi votre première réaction quand vous voyez la vidéo sur internet mardi ? 

D’abord je suis scandalisée. Sur la centrale de Bercy je n’avais pas d’éléments, mais là, c’est carrément un trou par lequel les eaux polluées se déversent directement dans la Seine ! La ville de Paris a d’abord annoncé vouloir porter plainte contre le site de Bercy mais deux jours après, rétropédalage, elle annonce y renoncer au prétexte que la justice est saisie ! Quel mauvais signal dans le bras de fer. Par ailleurs, elle doit aussi le faire pour celui de Javel et le gouvernement devrait fermer immédiatement les deux sites, tant qu’un fonctionnement respectueux de l’environnement n’est pas garanti. 

Aujourd’hui, la justice s’est saisi de l’affaire et une enquête est ouverte. Selon certaines sources, de gros doutes pèsent sur le fait que ce déversement systématique pourrait avoir débuté il y a plusieurs années, et ce, sur les deux sites parisiens. Est-ce que vous penchez pour cette thèse ?

Je n’ai pas de preuves pour accréditer cette thèse, mais au vu des signalements elle est malheureusement fort probable, oui.

Lafarge parle d’un acte isolé indépendant de sa volonté mais selon Europe 1, le premier signalement effectué par des pêcheurs remonte à plusieurs années. Comment est-il possible qu’une multinationale puisse polluer la Seine en plein Paris, au vu et au su de tous, sans être tout de suite inquiétée par les pouvoirs publics ? Où est la défaillance dans la chaîne de remontées d’informations ?

Il y a plusieurs choses, d’abord nous avons supprimé trop de postes d’inspecteurs dans l’environnement. Ensuite, l’écologie selon la Mairie de Paris, c’est plus du jardinage qui préserve les intérêts des multinationales. On ne s’attaque pas aux problèmes à la source. Nous sommes dans un pays où il y a des logiques oligarchiques, c’est-à-dire des collusions d’intérêts entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le pouvoir médiatique. Paris et sa métropole ont l’obsession de la réalisation de grandes constructions, la tour Triangle, le Grand Paris Express, les Jeux Olympiques et de toutes ces constructions et donc ferment les yeux sur ces sujets-là et ne sont pas du tout alertes. Ils bétonnent et ont besoin de béton, incapables de penser autrement l’urbanisme, pour le bonheur des promoteurs et géants du BTP. Sur un autre sujet, si vous prenez le scandale de la contamination au plomb après l’incendie de Notre-Dame, vous voyez bien à quel point les pouvoirs publics sont irresponsables, du gouvernement en passant par la Mairie, préférant ne pas engager la décontamination réelle du site pour ne pas faire fuir les touristes.

En plus des élus, différentes associations avaient elles aussi alerté tous azimuts sur les dangers écologiques réels que représentaient ces deux sites Lafarge à Paris. Anne Hidalgo, en donnant son feu vert pour les travaux et le renouvellement du bail connaissait parfaitement ces enjeux et ces risques. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est le bourreau qui crie au meurtre. Est-ce que vous y croyez personnellement quand la maire de Paris monte au créneau pour dénoncer un scandale écologique ? 

Je m’étrangle quand j’entends les élus de la ville de Paris – comme Emmanuel Grégoire – s’insurger contre cette pollution parce qu’ils n’ont jamais voulu prendre au sérieux mes alertes sur le site de Javel. Ils ont été d’une incompétence crasse. Ils renvoient la balle à Haropa Ports de Paris, mais la Mairie de Paris a des sièges là-bas, Jean-Louis Missika et Christophe Najdovski pour la mandature précédente. Quel était le rôle de la ville à Haropa ? Est-ce de l’incompétence ou bien de la corruption à haut niveau ? Ça, je ne le sais pas. C’est l’un ou l’autre, ou les deux.

En avril 2019, le groupe Vinci était épinglé pour une affaire similaire, les conséquences écologiques ont été désastreuses et pourtant l’amende n’est que de 50 000 euros. Pour rappel, Vinci c’est 48 milliards de chiffre d’affaires en 2019. Est-ce qu’on peut parler d’une justice de complaisance à l’égard de ces grands groupes en matière de pollution environnementale ?

Mais complètement ! Vinci est responsable d’un écocide de grande ampleur sur Nanterre et on leur réclame 50 000 euros d’amende et 200 000 euros pour la remise en état du site ? On est très très loin de la réparation du préjudice subi par l’environnement, c’est dérisoire. Pour autant, on continue à passer des marchés avec Vinci sans aucun problème, Lafarge finance Daesh mais continue à toucher des sommes astronomiques de l’état avec le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi, ndlr) alors qu’ils licencient à la pelle. Sur le volet social, Lafarge c’est aussi un pur scandale.

Au-delà des risques environnementaux, votre combat contre Lafarge est aussi plus idéologique puisque votre démarche politique consiste avant tout à en finir avec cette hégémonie du tout béton dans l’architecture urbaine. Est-ce difficile d’amener ces réflexions dans le débat politique parisien ? 

Ça commence à changer, on commence à voir arriver sur Paris des bâtiments plus innovants, en éco-construction avec le recours à la paille pour l’isolation, des bâtiments en terre crue mais c’est encore très limité. Pour l’instant, ce sont des exemples de vitrine par endroit et non pas une bifurcation écologique.

Un mot sur cette standing ovation de la honte ? Début juillet, Christophe Girard démissionne de son poste d’adjoint à la culture après avoir été mis en cause notamment par Mediapart pour ses liens avec l’écrivain apologiste de la pédocriminalité Matzneff. Le préfet Lallement décide alors de lui rendre un vibrant hommage à la Tribune du Conseil, à la suite de quoi la salle entière se lève et applaudit, à part vous et quelques écolos. Qu’est-ce qui vous choque le plus dans cette affaire ?

Ce qui me choque le plus c’est ce sentiment d’un entre-soi de caste. Indépendamment de ce qui relève de la justice. Christophe Girard n’a pas eu un mot pour dénoncer l’apologie de la pédocriminalité de Matzneff dans ses ouvrages. Pas un. Rien que pour cela, Madame Hidalgo n’aurait jamais dû le reconduire à la Culture. Comment peut-on nommer à la Culture un adjoint qui ne dit mot sur un auteur faisant ce type d’apologie et qui s’est fait dédicacer certains de ses ouvrages ? À travers ces applaudissements on retombe encore dans cette collusion de toute une classe dominante qui se sent dans l’impunité la plus totale. La suite vous la connaissez, l’affaire est encore bien plus grave.

Pour finir, Jean-Luc Mélenchon parle souvent de vous en disant que vous êtes la seule élue parisienne qui ne prend ses ordres auprès de personne et qui n’est obligée de se taire sur rien. Est-ce que ce statut d’électron libre est un avantage ou un inconvénient au sein du Conseil ?

J’assume préférer ma liberté d’élue d’opposition quand je vois la déchéance éthique et politique à laquelle se livre beaucoup d’élus dans cette majorité municipale. Évidemment parfois c’est décourageant, ça fait des années que j’alerte sur Lafarge, les médias étaient silencieux et là ça se réveille enfin. Bien sûr j’aimerais que l’on soit majoritaire dans ce Conseil ! Mais il faut aussi savoir être patient et quoi qu’il arrive je continuerai à jouer ce rôle d’alerte.

  • Propos recueillis par Léo Thiery

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