Ce week-end se tenait la convention de la droite. Enfin, la convention de la droite de la droite en réalité, vu le casting réuni autour de Marion Maréchal Le Pen, qui, comme Areva, a changé de nom, pour bien se démarquer de son passé, mais pas trop.
La promesse état simple : proposer une alternative au progressisme et, sans le dire, lancer une «tea party» à la française, où Marion Maréchal deviendrait la candidate naturelle du camp des «français de souche» oubliés, menacés par la mondialisation.
Cet événement n’est pas anodin, car il se situe dans la suite logique de construction d’un destin politique pour Marion Maréchal, élève studieuse de l’alt-right américaine, qui a bien retenu les discours et conseils de Steve Bannon, ancien conseiller politique de Donald Trump, qui ne cache pas son admiration pour elle.
Il a fallu moins de 10 ans au Tea Party US pour imposer son agenda anti-taxe et ultranationaliste et gagner la lutte idéologique en portant un candidat soi-disant anti-système au pouvoir.
Mais cette droite de la droite, portée par Marion Maréchal, ne fait pas grand cas de la cause fiscale, contrairement à son grand frère américain. Les sujets de prédilection de la réunion de ce week-end étaient centrés sur l’immigration et l’angoisse culturelle.
Les quelques milliers de personnes présentes ont donc assisté à plusieurs heures de discours sur l’islam, l’identité, l’immigration.
Le paroxysme du meeting fut atteint avec Eric Zemmour, tout juste condamné pour provocation à la haine pour des propos anti musulmans, qui – bien décidé à mettre la barre encore plus haut – s’est lancé dans un de ses plus violents discours.
Dénonçant – avec sérieux – l’«extermination de l’homme blanc hétérosexuel catholique», Eric Zemmour a enchaîné les figures de style islamophobes comparant les djellabas aux «uniformes des armées d’occupation», ces musulmans, qui selon lui «se comportent en colonisateurs» et déclarant sa flamme à Renaud Camus, l’inventeur de la théorie du «grand remplacement», qui a déjà inspiré plusieurs attentats racistes aux US et en Nouvelle-Zélande.
Pour le polémiste, l’islam est un nouveau totalitarisme à comparer au nazisme et l’immigration une invasion coloniale.
Ce discours extrême appelle à une guerre des civilisations. Sans équivoque. Il trouve echo dans le silence assourdissant des politiques au pouvoir sur la question de la laïcité et l’abandon d’une politique de la ville ambitieuse pour en finir avec les ghettos économiques et culturels. Attaquer les mots enflammés d’Eric Zemmour sur le plan moral est nécessaire, mais pas suffisant. Se donner bonne conscience en condamnant les discours, sans remédier aux causes réelles est une hypocrisie qui construit, toujours un peu plus, le succès du polémiste et ses victoires idéologiques dans les têtes.
Là où le sommet devait stimuler les idées sur une multitude de sujets, seuls l’immigration et l’islam ont été au coeur des débats. Bien peu d’élus étaient présents dans la salle, et seul Robert Ménard à la tribune a jugé inutile un tel événement sans aucune ambition électorale immédiate.
Au-delà de l’extrémisme immédiat des mots, l’objectif de Marion Maréchal est de long terme. Il a fallu huit ans au Tea Party US pour mettre Trump au pouvoir, Marion le sait, une défaite de sa tante en 2022 sera le signe de son couronnement en grande figure de l’extrême droite qui ne dit plus son nom.