Aujourd’hui débute la phase 2 du déconfinement, qui devra s’étendre jusqu’au 22 juin, avant une possible «phase 3» selon Sibeth Ndiaye qui s’accompagnera «sans doute de beaucoup de libertés». La porte-parole n’exclut pas une phase supplémentaire de déconfinement cet été.
Pourtant, à peine les annonces faites par le Premier ministre sur la nouvelle phase, même si le virus est toujours présent et la prudence de mise, les revendications ont immédiatement retrouvé le chemin de la rue.
Tandis que les lois d’exceptions interdisent les rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public, plusieurs milliers de sans-papiers défilaient à Paris samedi pour réclamer leur régularisation. À Maubeuge, ils étaient environ 8 000 à défiler à l’appel de l’intersyndicale au départ de l’usine Renault pour protester contre les plans de suppression d’emplois et de délocalisations du constructeur automobile. De nombreux élus avec écharpe tricolore défilaient également dans le cortège.
La préfecture avaient interdit la manifestation parisienne pour éviter tout risque sanitaire, alors même que la manifestation dénonçait les conditions de vie dans les foyers et centres de rétention, où le virus circule librement depuis des semaines.
Et comment vouloir empêcher ou verbaliser les ouvriers défendant leur outil de travail à Maubeuge en présence d’élus alors même que le discours gouvernemental veut montrer son volontarisme dans une souveraineté industrielle retrouvée ?
La France pourrait-elle de nouveau entrer dans une phase d’affrontement sévère entre les populations inquiètes du déclassement et le gouvernement, prisonnier de son agenda austéritaire immuable ?
Les mesures d’exception semblent vite oubliées – ou simplement impossible à faire appliquer – tout comme l’adoption massive de l’application Stopcovid semble compromise devant les nombreuses questions de sécurité et de protection des données.
Tandis que les États-Unis sont en proie aux émeutes suite au meurtre par étouffement de George Floyd par des policiers à Minneapolis, la France pourrait-elle de nouveau entrer dans une phase d’affrontement sévère entre les populations inquiètes du déclassement et le gouvernement, prisonnier de son agenda austéritaire immuable ?
Déjà les rassemblements en soutien au mouvement Black Lives Matter se multiplient sur notre territoire. Tandis que les discussions portant sur une possible réduction des salaires pour protéger l’emploi ou le retour d’une taxe carbone pourraient raviver la colère qui avait déclenché le mouvement des gilets jaunes.
La crise sanitaire n’est toujours pas derrière nous, que déjà se profile une crise sociale d’une ampleur historique. Les milliards de sauvetage promis par l’Union Européenne semblent bien loin des réalités des nombreux nouveaux inscrits à Pôle-Emploi. Après deux mois de confinement sanitaire d’urgence, nous entrons collectivement dans une zone de turbulences sociales et économiques de grande intensité.
Pas sûr que le casting de la commission des 26 économistes réunis pour penser le monde d’après, choisi par Emmanuel Macron et emmené par Jean Tirole, soit le plus adapté à la situation.
Attachez vos ceintures, bienvenue dans le futur.