À moins de 48 heures du premier tour des élections régionales en Île-de-France, Clémentine Autain et la coalition de gauche qu’elle représente dans ce scrutin, se positionnent selon les sondages, comme seule alternative dynamique capable de renverser les forces de droite dans ce scrutin à consonances nationales. Le résultat de plusieurs semaines d’une campagne combative mettant au jour son programme de rupture et de conquête pour la région. Pour Le Monde Moderne, elle s’est livrée sur l’actualité de ce scrutin et les phénomènes sociopolitiques qui en découlent à une plus large échelle.
Entretien réalisé le vendredi 18 juin 2021
Au début de cette campagne vous avez signé un livre publié le 6 mai dernier aux éditions du Seuil. Un livre programmatique qui donne à voir l’horizon que vous souhaitez dégager en IDF si vous étiez élue à la tête de la région. Avant d’aborder l’actualité de cette élection, un mot sur le titre de ce livre qui est également votre slogan de campagne. «Pouvoir vivre en Île de France», le sous-entendu est lourd de sens. Pouvez-vous nous parler de ce choix et de ce qu’il dit de votre démarche pour la région francilienne ?
Le choix de ce «Pouvoir vivre» renvoie directement à la mal vie que subissent de plus en plus d’habitants en Île-de-France en raison de la vie chère, du stress, des pollutions… La politique régionale menée par Valérie Pécresse depuis six ans participe directement à la détérioration de notre qualité de vie car elle ne part pas du quotidien des franciliennes et des franciliens. Elle est tournée vers la course sans limites à la compétitivité et vers la concurrence de tous contre tous.
L’idée que l’on ne puisse pas «bien vivre» en Île-de-France est très répandue. Aujourd’hui, c’est un actif francilien sur deux qui dit vouloir quitter la région au plus vite ! C’est pourquoi nous voulons mettre à l’endroit ce que Valérie Pécresse a mis à l’envers. Nous sommes la région la plus riche de France mais aussi la plus inégalitaire. Pouvoir vivre en Île-de-France, c’est ne pas être délaissé ou stigmatisé parce qu’on habite un territoire en périphérie ou parce qu’on n’a pas les moyens d’accéder à toutes les richesses et potentialités qu’offre notre région, si exceptionnelle de diversité humaine et de créativité. Nous souhaitons satisfaire les besoins essentiels des franciliennes et des franciliens. Transports, emploi, transition écologique, solidarité… Derrière ce «Pouvoir vivre», nous voulons ouvrir le champ des possibles, accroître la liberté véritable de chacune et de chacun. Ce que j’aime aussi dans ce slogan, c’est qu’il y a le mot «pouvoir» qui dit la capacité à changer cette situation. C’est le fondement de la politique, finalement !
On a entendu à plusieurs reprises tout au long de cette campagne, Valérie Pecresse, Laurent Saint-Martin et certains de leurs soutiens, désigner le camp que vous représentez comme une gauche, je cite : «communautariste», «islamogauchiste», «décroissante», et «qui a dérivé bien loin des valeurs républicaines». Cette réthorique presque caricaturale de la droite qui consiste à criminaliser et isoler tout programme politique de rupture sans chercher à débattre est-elle symptomatique du climat politique actuel ?
Absolument. En donnant des brevets de républicanisme, Valérie Pécresse et Laurent Saint-Martin voudraient tuer dans l’œuf tout débat, toute contestation, tout projet qui ne correspondrait pas au leur. On remarquera qu’ils n’usent pas de la même vigueur pour critiquer l’extrême-droite. Surtout, Valérie Pécresse ne cesse de rependre les idées du RN, Jordan Bardella lui ayant même reproché de de lui avoir piqué ses fiches. Cela veut dire quelque chose du glissement de notre société vers le pré-fascisme.
Valérie Pécresse donne de grandes leçons de République alors que dans ses actes, elle en foule au pied les principes fondamentaux. Plusieurs de ses mesures dirigées contre les étrangers ont ainsi été retoquées par les tribunaux. Quant à la dimension sociale de la République sociale, inscrite dans l’article 1 de la Constitution, elle fait le choix de lui tourner le dos. Valérie Pécresse utilise la République comme un slogan mais elle l’abîme au quotidien. Nous voyons revenir dans l’actualité le fameux slogan des années 30 «plutôt Hitler que le Front populaire». C’est extrêmement dangereux.
À force d’user d’anathèmes et de détourner le débat de fond sur les enjeux véritables de la politique régionale, Valérie Pécresse montre la faiblesse de son bilan, dont elle ne veut surtout pas parler.
Depuis plusieurs jours, Valérie Pécresse semble obsédée, lors de chacune de ses apparitions médiatiques, par les choix d’alliances à gauche. Est-ce que le fait que la droite dans ces élections aille jusqu’à dispenser des conseils de vote à ce qu’elle désigne comme la «gauche républicaine» témoigne du fait que les cartes sont bel et bien aux mains de votre camp pour faire basculer cette élection ?
C’est ce que je crois. Les déclarations de Valérie Pécresse sont aussi le signe de sa très grande fébrilité à l’approche du scrutin. Elle a très bien compris que notre liste était celle qui pouvait créer la dynamique qui pouvait l’emporter face à elle au second tour. Dès ma première intervention comme candidate, je me suis engagée à mener un grand rassemblement de la gauche et des écologistes pour le second tour. Quand on regarde les chiffres des sondages, l’élan de notre liste qui peut encore convaincre de nombreuses voix, notamment dans les quartiers populaires, on réalise que la marche n’est pas si haute. Valérie Pécresse l’a bien compris, et elle sait aussi qu’elle ne dispose d’aucune réserve de voix pour le second tour. Elle utilise donc la très vieille ficelle politique de la division pour nous cornériser et empêcher l’unité face à elle.
Récemment, Danielle Simonnet confiait dans nos colonnes son indignation face au désengagement total du gouvernement dans sa mission d’information au public concernant la tenue de l’élection législative partielle dans laquelle elle s’était portée candidate dans le XXème arrondissement de Paris. Sur ces régionales en IDF, on a pu entendre les mêmes reproches témoignant d’un sentiment d’abandon des pouvoirs publics dans l’organisation du scrutin. Avez-vous également le sentiment que l’État ne joue pas le jeu de la démocratie à 100% dans ces différentes échéances électorales ?
C’est un vrai problème. On a vu par exemple ces derniers jours les conséquences directes du recours de l’État aux prestataires privés pour la distribution du matériel électoral. Dans certaines régions, ce sont des dizaines de plis qui n’ont pas été adressés aux électeurs et qui se sont retrouvés éparpillés dans la nature.
Mais je crois que le problème est avant tout de nature politique. Quand je vois qu’en Île-de-France, les trois candidats de droite font de la sécurité l’axe prioritaire de leur programme alors qu’elle n’est pas une compétence régionale, j’ai un goût amer. Ce n’est pas en mentant aux électeurs que l’on poussera les électeurs à aller voter ! Alors que nous devrions débattre des prérogatives de la Région, des transports, des lycées, de l’aménagement du territoire, de la formation professionnelle, de l’emploi, chacun joue des coudes pour imposer des thématiques qui sont en réalité celles des présidentielles. Valérie Pécresse tient notamment à faire du scrutin un tremplin vers 2022. Résultat, il faut se battre pour faire entendre la réalité de son bilan à la tête de la Région. C’est cet empilement de propositions hors de propos qui participe surtout de l’illisibilité de l’élection. Il vient se superposer à une défiance généralisée vis-à-vis du politique et au sentiment que «quoiqu’on fasse, rien ne peut changer». C’est pourquoi nous défendons le «Pouvoir vivre». Parce qu’en réalité, l’échelon régional est essentiel et bien plus proche de nos vies qu’on ne le croit.
Dans la sphère scientifique et notamment dans des disciplines issues des SHS, le néologisme «démocrature» date des années 60-70. Selon le philologue munichois Werner Betz, cette nouvelle formulation désigne un gouvernement qui oeuvre dans une démocratie peu à peu contaminée par la dictature et le fascisme. En France, dans la sphère publique, médiatique et politique actuelle, cette thèse reste pourtant très tabou voire réprimée par la doxa. Vous avez parlé à plusieurs reprises ces dernières semaines, d’un «basculement de la France dans un régime pré-fasciste».
Qu’est-ce qui vous pousse à adopter cette position, assez rare même au sein de la gauche ?
En réalité, c’est une lame de fond que j’observe depuis de nombreux mois. J’ai été très marquée par le livre «Récidive» de Michaël Fœssel, qui montre les similitudes entre l’état de notre pays et celui de la France de 1938. Le glissement progressif de l’État de droit vers l’autoritarisme sécuritaire, les mesures d’austérité, le libéralisme économique, la xénophobie qui prend ses aises dans le discours dominant, tout cela doit nous alerter sur la vitalité de notre démocratie et de ses garde-fous. En détruisant les corps intermédiaires, en alimentant la dédiabolisation de Marine Le Pen pour la consolider comme sa principale adversaire, en attaquant les libertés, Emmanuel Macron est en train de créer les conditions d’un basculement vers le pire.
Je n’utilise pas le mot «démocrature» mais nous sommes au bord du précipice. Quand on voit les attaques qui sont adressées massivement côté gauche alors que le Rassemblement National bénéficie d’une banalisation, ayant tapis rouge sur l’essentiel des plateaux, ne subissant pas la critique pesée et sous-pesée de toutes ses expressions, je me dis que quelque chose ne tourne vraiment pas rond. La scène médiatico-politique prend un tournure des plus préoccupantes. Il faut un sursaut.
Vous vous êtes engagée à mener le rassemblement des trois listes de gauche (LFI/PS/EELV) nécessaire pour remporter le scrutin sur les deux tours et vous êtes à l’heure où l’on se parle en tête des sondages, la seule liste dynamique a priori capable de battre les trois forces de droite dans cette élection. On a vu l’appel des maires d’Île-de-France à voter pour vous hier matin, en disant «voilà : cette liste est assez conséquente pour réunir toute la gauche autour de la table et après on discute».
Qu’est-ce que vous avez envie de dire aux électeurs des verts et des socialistes à moins de 48h de ce premier tour et en l’absence de clarté à gauche ?
Je veux leur dire que rassemblés, nous pouvons gagner. Alors que l’avenir s’annonce orageux, nous pouvons créer les conditions d’une région plus protectrice et plus respectueuse de son environnement et de ses habitants. Réunis, nous pouvons dessiner une Île-de-France résolument tournée vers l’égalité, vers la transition écologique, vers la justice sociale.
La liste «Pouvoir vivre en Île-de-France» porte le rassemblement dans son ADN politique. Cela explique pour beaucoup notre percée dans les sondages, au point que nous devenons aujourd’hui le «vote utile» à gauche en raison de notre dynamique et de la solidité de notre socle. Au second tour, nous devons réussir l’alliance des trois listes de gauche et écologiste. Je m’y suis engagée dès ma première interview en novembre. Les électeurs ont besoin de clarté sur ce sujet, surtout que l’union est la condition sine qua non pour l’emporter face à Valérie Pécresse.
En élargissant le lit de la rivière, on permet à celle-ci de devenir un fleuve. Ma candidature, sérieuse et rassembleuse, et mon profil de députée de Seine-Saint-Denis, me font penser que je suis la seule capable de créer la dynamique populaire dont nous avons besoin pour gagner. Pour cela, il faut me donner de la force et me hisser au plus haut niveau dès dimanche. Si vous votez pour moi, nous pourrons rebattre les cartes et transformer la vie quotidienne des franciliennes et franciliens.
Candidat face à vous, Jordan Bardella (RN), fidèle à la doctrine de son parti a fait le choix d’insister sur le volet sécuritaire dans son argumentaire de campagne avec un slogan assez sobre : «le choix de la sécurité».
Pourtant, ce domaine d’action publique ne relève pas des compétences et des prérogatives régionales comme vous le rappeliez plus tôt. Comment lire cette incohérence voire ce non-sens politique ?
Le non-sens politique est révélateur du sens électoraliste. Mais Bardella, Pécresse et Saint-Martin jouent tous les trois de cette même rengaine. Cela donne lieu à un concours lépine des idées d’extrême-droite complètement affligeant.
Cette manière d’agiter en permanence le hochet sécuritaire permet d’évacuer les sujets de fond que les candidats ne maîtrisent pas. Bardella ne connaît pas la région Île-de-France et a multiplié les bourdes pendant sa campagne, au point de ne pas oser participer au débat organisé par France 3. Saint-Martin n’a rien à proposer de réellement novateur parce que son logiciel économique est, en creux, calqué sur celui de Pécresse. Quant à Valérie Pécresse, elle cherche à tout prix à séduire les voix de la droite réactionnaire et à faire oublier son bilan catastrophique à la tête de la Région. La sécurité devient un cache-sexe assez confortable qui n’engage à rien et permet de rouler sur l’autoroute médiatique en multipliant les outrances et les provocations. Au final, les vrais enjeux régionaux sont complètement éludés.
Vous avez reproché à de nombreuses reprises à Valérie Pécresse de ne pas suffisamment évoquer son bilan à la tête de la région dans cette campagne. Vous évoquiez d’ailleurs symboliquement un chiffre, le budget régional du logement en IDF, divisé par 2,5 sous la mandature Pécresse. Gérard Filoche lors de votre meeting dimanche dernier à Montreuil dichotomisait le scrutin en IDF en opposant le camp de la solidarité, le vôtre, face au camp du tout privé et des profits de Valérie Pécresse.
La question des services publics est-elle LE VRAI point névralgique de fond et d’opposition de cette élection ?
Elle en est le point névralgique parce qu’elle révèle en réalité deux conceptions du monde, deux modèles de société. Je prendrai un exemple, celui des transports. Alors que Valérie Pécresse veut privatiser les transports publics franciliens et avance à marche forcée vers leur mise en concurrence, je m’engage pour ma part à créer une régie publique des transports pour les maintenir dans le giron public. C’est un enjeu de sécurité pour les usagers, de qualité du service, de conditions de travail pour les agents. On connaît tous l’exemple britannique de la privatisation des transports sous Thatcher, qui a été catastrophique. La colonne vertébrale de la liste «Pouvoir vivre en Île-de-France», c’est de partir des besoins des franciliens. C’est en rupture franche avec le projet de Valérie Pécresse qui veut tout soumettre aux règles néolibérales et de la concurrence.
Dans cette campagne, la mesure phare mise en avant et qui est assez symbolique de tout ce qu’on vient d’évoquer ensemble, c’est ce grand «choc de solidarité» que vous souhaitez impulser une fois à la tête de la région si toutefois vous étiez élue le 27. Il s’agit d’allouer des budgets importants sur des mesures sociales ciblées et d’urgence.
Quelles seront-elles ? L’idée à travers ce dispositif c’est aussi d’en finir avec une certaine gauche qui a perdu l’esprit de conquête ?
Face à la crise sociale que nous sommes en train de vivre, il ne faut pas sortir l’arrosoir, mais les canadairs. Gratuité des transports pour les moins de 25 ans et les bénéficiaires des minima sociaux, mesures de gratuité dans les cantines pour les foyers modestes, multiplication par 10 du budget de l’aide alimentaire, création de 30.000 emplois solidaires, blocage de la cotisation dans les clubs sportifs à 10 euros grâce à une compensation régionale, SAMU culturel pour venir en aide aux structures artistiques en danger… Le changement de cap sera immédiat.
Mais au-delà de ce choc de solidarité indispensable, il s’agira de changer le modèle de développement francilien, en ayant pour boussole les enjeux écologiques et sociaux. Les investissements régionaux permettront de mettre le paquet sur l’économie sociale et solidaire, la formation et la création d’emplois utiles, le logement social, la rénovation des lycées… C’est un esprit de conquête qui nous anime et le sentiment d’une urgence vitale. Chacun mesure chez ses proches, en marchant dans la rue, à quel point la précarité gagne du terrain. Pour la résorber et engager l’indispensable bifurcation écologique et sociale, les demi-mesures ne suffiront pas. Il nous faut avancer franchement.
On le sait, et c’est d’ailleurs dans votre dernier clip de campagne, l’Île-de-France est à la fois la région la plus riche du pays mais également la plus inégalitaire.
Comment combler les écarts colossaux entre banlieues et centres d’affaires, comment concilier Grigny et Levallois-Peret ?
C’est une question très vaste, qui irrigue en réalité l’ensemble de notre programme. Je précise par ailleurs que les inégalités est-ouest ne doivent pas faire oublier celles que l’on observe au sein d’un même département. Les Yvelines comptent aussi des poches de pauvretés, et le riche département des Hauts-de-Seine une grande ville populaire comme Gennevilliers.
Pour affronter ces fractures qui traversent l’Île-de-France, il nous faut mettre partout de la justice sociale, et réaménager en profondeur notre région. Sortir du modèle des villes-dortoirs d’un côté et des centres d’affaires de l’autre, que Valérie Pécresse a conforté en ignorant les recommandations du schéma directeur régional qui préconisait le rééquilibrage territorial. En faisant respecter la loi SRU et en encourageant la construction de milliers de logements sociaux dans l’ouest francilien, en révisant les aides régionales qui sont massivement distribuées aujourd’hui aux lycées privés, en réinvestissant dans les lignes du quotidien, en cessant de donner des millions aux entreprises sans aucune contrepartie sociale et environnementale, en réduisant les temps de trajet par un maillage plus fort des transports, nous recréerons de l’homogénéité sur le territoire. C’est une priorité qui donne sens à toutes les autres, et cet enjeu d’égalité constitue le fil rouge de notre programme.
Avant de se quitter, un mot sur la blague politique de cette élection, qui serait peut-être encore plus drôle si l’argent de la Région et des contribuables n’était pas en jeu. En effet, grâce à des révélations de Mediapart datées du 6 juin dernier, la supercherie du meeting fantôme du nouveau parti de Valérie Pécresse (Libres!) à Brive-la-Gaillarde en août 2019, a été débusquée. Derrière les 1500 personnes présentes ce jour-là se cachaient en réalité de faux militants, pour la plupart membres d’associations communautaires transportés et invités pour la journée tous frais payés par la région. On a alors découvert que pour la plupart, ces gens ne savaient même pas ce qu’ils faisaient là.
Dans son œuvre sur la critique de la valeur et des systèmes de domination, «La société du spectacle», Guy Debord disait ceci : «Le spectacle est le discours ininterrompu que l’ordre présent tient sur lui-même, son monologue élogieux. C’est l’autoportrait du pouvoir à l’époque de sa gestion totalitaire des conditions d’existence». Cette notion sociopolitique de «spectacle» développée par Guy Debord dès les années 60 est-elle plus actuelle que jamais au regard de notre temporalité politique ?
Je retiens aussi de Debord cette phrase : «Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux». Et en réalité, je suis très marquée par le fait que Valérie Pécresse, dans ses déclarations, ne cesse de mentir. Nous avons d’ailleurs réalisé un désintox du débat que j’ai eu avec elle sur LCI, pour corriger quelques-unes de ses fausses déclarations. Ses mensonges à répétition, la grande manipulation de son meeting que vous rappelez, témoignent de son rapport très confus à la vérité et à l’honnêteté, et donc à la démocratie. Lorsque Valérie Pécresse parle de son bilan, ce qui est rare, elle en fait une vitrine bien éloignée de son action réelle. Là, oui, je vois ce «monologue élogieux» qu’évoque Debord. C’est très dangereux parce qu’on y retrouve alors une forme de trumpisme en paroles, avec les «alternative facts» érigés en vérités. C’est dire s’il faut se mobiliser dimanche… et le suivant !
- Écrit et réalisé par Léo Thiery, journaliste pour Le Monde Moderne.
Crédit photo : Patrice Normand