Dans une vidéo de 20 minutes diffusée sur YouTube, le vidéaste d’extrême droite Papacito met en scène l’assassinat d’un «gauchiste». Citant dès l’introduction les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, l’homme enchaîne ensuite les clichés contre les «fils de pute du centre-ville de Paris».
Le principe de la vidéo est ignoble : remplir un sac d’objets prétendument «de gauche», mettre ce sac sur l’épaule d’un mannequin représentant «un gauchiste», puis cribler celui-ci de balles. Les deux acteurs de la vidéo, Papacito et Code Rheino, poussent l’horreur jusqu’à utiliser des balles de «calibre 12, parce qu’il s’agit de la munition la plus utilisée en France».
Une rare violence
S’il n’est pas étonnant de voir l’extrême droite se vautrer dans l’outrance, la violence de cette vidéo atteint un paroxysme. En mettant en scène l’assassinat d’un militant politique, et en plaisantant sur la «portée scientifique» de cette vidéo, Papacito franchit toutes les limites.
Plus que jamais, la menace d’extrême droite semble réelle. Plus que jamais, ses militants semblent décomplexés, prêts à agir sans limites et sans honte. Agressions, menaces, pressions contre la justice, les médias, et maintenant mise en scène de l’assassinat d’un militant politique…
Tel est le constat alarmant de la situation actuelle : l’extrême droite est redevenue dangereuse. Organisée, décomplexée et agressive. Et face à elle, les digues ne font que céder.
Une vidéo de Papacito qui interroge
Il faut bien sûr dénoncer cette vidéo, et condamner ses auteurs. Mais cela ne suffit pas.
Il faut s’interroger sur les responsables d’un tel climat. En commençant par interpeller toutes celles et tous ceux qui simulent l’indignation à coups de postures surjouées, prêts à tout pour salir leurs adversaires. Car si Jean-Luc Mélenchon, les militants insoumis et leurs électeurs sont aujourd’hui ciblés nommément par cette vidéo d’un YouTubeur d’extrême droite, combien de fois le candidat à l’élection présidentielle l’a-t-il été, évidemment dans une autre mesure, par des journalistes, éditorialistes ou femmes et hommes politiques, prêts à raconter tout et son contraire à son sujet au détour d’une polémique plus ou moins bancale ? Car l’homme aura subi toutes les attaques : complotisme, autoritarisme, machisme, antisémitisme, islamogauchisme… La liste est aussi longue qu’absurde, tant ses détracteurs ont trouvé pertinent de lui taper dessus par tous les moyens pendant de longues années.
Ceux-là portent une part de responsabilité dans la situation actuelle. Car il y a un monde entre critiquer et combattre un adversaire politique, même un opposant à ses propres idées et combats, et tout faire pour le salir coûte que coûte.
Enfin, il faut s’interroger sur la grande pudeur des principaux médias face à l’extrême droite. Quelle est leur part de responsabilité, à eux toujours si prompts à déblatérer pendant des heures sur les prétendus «bad buzz» de la gauche ou sur sa désunion, et qui installent depuis des mois un débat public axé sur la sécurité ou le séparatisme ? Pourquoi nombre d’entre eux sont-ils si volontaires pour s’en prendre sans relâche à ceux qui portent la question sociale, mais si inexistants lorsqu’il faut faire face à l’extrême droite ? Pourquoi ont-ils été, ce lundi encore, capables de la plus grande agressivité contre Jean-Luc Mélenchon tout au long de la journée, mais incapables de s’indigner de la vidéo ultraviolente de Papacito ? Pas un mot pour demander à Eric Zemmour, qui qualifie le vidéaste d’ami, de s’expliquer ! Pas un mot pour demander à Zineb El Rhazoui, qui en vante les mérites, de condamner cette vidéo !
La politique poubelle doit cesser
Son parcours politique et son expérience parlent pour lui : non, Jean-Luc Mélenchon n’est pas complotiste. Non, Jean-Luc Mélenchon n’est pas laxiste avec les terroristes. Pas plus qu’un dictateur en puissance. Et pas plus qu’un admirateur de la violence. Au contraire, son engagement tourne autour de la défense des valeurs républicaines et des idées des Lumières. Le combat d’une vie… et précisément la raison pour laquelle il est, avec les insoumis, la cible de l’extrême droite !
Ceux qui organisent les cabales à son encontre portent la responsabilité du climat délétère qui frappe aujourd’hui la France Insoumise. Et si demain, par malheur, un fou furieux venait à passer à l’acte en suivant la vidéo de Papacito, alors ceux-là devraient répondre du comportement abject et irresponsable qu’ils adoptent depuis de longues années à l’encontre des insoumis, faisant monter la tension et la haine à leur sujet.
À un an de l’élection présidentielle, la politique poubelle doit cesser. Sauf à vouloir construire une campagne d’intox et de calomnies, les acteurs politiques et médiatiques doivent d’urgence reprendre le chemin du débat républicain et des idées qui s’affrontent.
Deux questions demeurent cependant : en sont-ils capables… et le souhaitent-ils seulement ?