Nous vivons un moment de profonde désillusion, un choc civilisationnel, où nous prenons conscience des limites de la puissance publique.
Devant le manque de réaction et de planification du gouvernement, le risque serait de croire que le modèle de gestion autoritaire centralisée soit le bon avec un aveuglement technolâtre qui oublie le temps essentiel du débat démocratique et de la réflexion philosophique.
Ce réflexe immédiat de la technologie avec l’usage de drones, et le développement de l’application StopCovid, est une solution de facilité et de paresse intellectuelle. Un placebo qui donne l’illusion de l’action, aux acteurs politiques désemparés.
Ce dont nous avons besoin est beaucoup plus simple qu’une usine à gaz algorithmique ! Des masques (du tissu, des élastiques), des tests, des respirateurs (les bons) et des mesures claires de déconfinement pour dissiper le sentiment de flottement ou de peur au sommet de l’Etat.
Mais, en sont-ils capables, ces néo-managers de l ‘action publique ? On doute de la capacité au pouvoir de ces apprentis sorciers de la société de surveillance, réunis autour d’un homme qui a une pratique verticale du pouvoir et s’isole jour après jour, malgré la mise en scène permanente et l’illusion de la prise de conseils extérieurs.
Le 11 mai sera donc la date de déconfinement mais pourquoi ? Comment ? Le grand plan est absent. Nationalisation ? Encadrement des banques ? Réquisition ? Réindustrialisation ? Où sont les opportunités du monde d’après ?
Le risque – et pas des moindres – est de basculer dans un autre monde. Un monde de la transparence obligée, via les appli ou non, un monde de la suspicion permanente et de la défiance, où le collectif disparaît, et nous avons déjà réduit nos espaces de vie communs que sont les cinémas, restaurants et théâtres. Chacun intériorise la peur et se replie sur la sphère familiale et personnelle, tandis que se profile une structure sociale du contrôle sécuritaire et sanitaire.
Nous voulons protéger nos enfants, alors apprenons-leur à désobéir et à aiguiser leur esprit critique et montrons cette voie, en choisissant la responsabilité personnelle, sans pour autant abandonner la gouvernance à une nouvelle biopolitique du contrôle de masse !
Plus que jamais, l’urgence démocratique soulignée par le mouvement des gilets jaunes ne doit pas passer au second plan sous couvert d’urgence économique ou d’urgence sanitaire, car tout est lié, et c’est maintenant que tout se joue !