En temps de crise, la question migratoire fait son grand retour sur le devant de la scène. Celle-ci est mal expliquée par certains médias et instrumentalisée par des responsables politiques à des fins électoralistes. Pour discuter de la situation migratoire actuelle, de l’accueil des exilés et de l’absence de la gauche sur ce sujet-là, j’ai interviewé Marie-Christine Vergiat, ancienne eurodéputée et vice-présidente de la Ligue des Droits de l’Homme. Selon elle, les États européens n’ont aucune volonté d’accueillir les exilés alors qu’ils en ont les moyens.
Le 13 septembre, Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, a déclaré que la France est prête à accueillir «une centaine de migrants» à la suite de l’incendie du camp de Moria survenu dans la nuit du 8 au 9 septembre dernier. Quelle a été ta réaction après cette annonce gouvernementale ?
L’Allemagne va accueillir plus de 1000 exilés sur les 12 000 personnes vivant dans le centre de Moria (beaucoup trop pour la capacité du centre). Depuis 2015, on nous parle de crise migratoire mais c’est une crise de l’accueil des exilés que traversent les pays européens. Si on divise ce chiffre de 12 000 par 27, le nombre d’États membres de l’Union européenne (UE), cela représente 400 personnes par État membre.
La France se dit «patrie des droits de l’Homme» ce que le président de la République a réaffirmé dans son discours devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Mais en pratique, on en est loin. La France mène la danse au sein des institutions européennes pour durcir les politiques migratoires depuis 15 ans. J’ai vécu cela en première ligne comme eurodéputée de 2009 à 2019. C’est au sein du Conseil européen qu’il y a blocage. Les autres institutions ne sont pas comme ça. Aujourd’hui, de plus en plus, la Commission européenne est obligée de proposer des textes tirant vers le Conseil européen si elle veut un accord entre les différentes institutions.
On parle beaucoup du discours d’Ursula Von der Leyen du 16 septembre dernier sur l’état de l’Union devant le Parlement européen où elle a annoncé que la Commission européenne veut refondre et non abroger le règlement Dublin pour aboutir à un mécanisme de solidarité. Sur la précédente réforme, le Conseil européen a refusé d’examiner le texte qui était proposé. S’il n’y a pas de discussions entre les États, il n’y a pas de texte.
La France est l’état qui «dubline» le plus dans l’UE. L’attitude du gouvernement français est pathétique. On n’est pas envahi par les migrants. La France est un pays d’accueil, de départ et de transit comme la plupart des pays du monde. Deux millions et demi de françaises et français vivent à l’étranger. Qu’il s’agisse de français ou d’étrangers européens ou non européens, ils vont, viennent, repartent ou transitent seulement sur notre territoire comme à Calais et dans la poche des côtes de la Manche.
Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait accueillir des personnes venant de Grèce à la suite de l’incendie de Moria. C’est la troisième fois qu’il fait des annonces concernant l’accueil de mineurs depuis la Grèce. Dans les faits, on peut avoir des doutes. Aujourd’hui, il semble que des représentants de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) soient sur place. Tant mieux mais accueillir 100 mineurs exilés est un chiffre dérisoire. En 2015-2016, il y a eu 1,5 million de personnes migrantes qui sont venues sur le territoire européen dont 60% en Allemagne.
Les gouvernements français successifs font la course aux voix du Rassemblement national (RN) et reprennent son vocabulaire et certaines de ses propositions sur le sujet. Cet incendie de Moria est le symbole de l’échec des politiques migratoires européennes. Les conditions d’hygiène y sont inhumaines. Ce n’est pas possible d’avoir de telles conditions d’accueil en Europe. S’il y avait une solidarité européenne, la Grèce aurait transféré les personnes sur son continent et ensuite les pays de l’UE se seraient répartis les exilés.
Qu’as-tu pensé de la déclaration d’Ursula Von der Leyen qui veut abroger le règlement Dublin ?
Je demande à voir. Je ne vois pas ce qui a changé dans la position des États membres. On peut espérer une position à peu près correcte du Parlement européen qui sera prêt à trouver des solutions car la majorité sur ces sujets y a peu changé. Celui-ci essaie de débloquer le carcan avec plus de solidarité européenne. Les marges de manœuvre de la Commission européenne sont étroites. Est-elle en capacité de durcir les sanctions ? À un moment, on pensait sanctionner les États membres qui prenaient des dispositions non conformes aux valeurs de l’UE telles qu’elles figurent dans l’article 2 du traité sur l’Union européenne. On visait la Pologne et la Hongrie avec leurs atteintes aux droits fondamentaux et à la séparation des pouvoirs. Il était envisagé d’utiliser la redistribution des fonds européens et notamment le Fonds de cohésion en cas de manquements à ces valeurs.
Il est prévu que la Commission peut réduire l’enveloppe quand l’État ne remplit pas ses engagements en matière de réformes structurelles, autrement dit en ce qui concerne les réformes économiques ultralibérales. On pourrait faire la même chose sur la question de l’état de droit. Mais tant que les États ne bougeront pas, on ne voit pas ce qui changera en ce domaine puisqu’il faut l’unanimité pour aboutir.
On peut être pessimiste car de nombreuses réformes ont déjà été adoptées dans le sens d’une politique encore plus dure vis-à-vis des exilés sous la précédente mandature. Je pense notamment au système dit «entrées et sorties» (EES), au système ETIAS (Système européen d’information et d’autorisation concernant les voyages), à la réforme du système des visas (VIS) ainsi que de la mise en œuvre de l’«interopérabilité» mettant en relation tout un ensemble de fichiers européens. Ce sont des systèmes d’enregistrement des données. Le système EES permettra de ficher tout ressortissant de pays tiers de l’UE ayant besoin d’un visa qui entre ou qui sort du territoire européen et donc de repérer ceux dont les visas seront arrivés à terme et qui resteront sur le sol européen. Ce fameux système enverra une alerte au système concerné et au moindre signalement la personne concernée pourra être expulsée. Concernant le système ETIAS, je l’appelle le système des «visas low cost» : c’est un système électronique qui autorisera l’entrée des ressortissants de pays tiers qui n’ont pas besoin de visa pour entrer dans l’espace Schengen. Avec ces fichages systématiques déjà adoptés, malheureusement dans une indifférence générale, je ne vois pas bien comment la Commission peut modifier la règle du premier pays entrant.
Or, le sujet du règlement Dublin est l’enregistrement dans le premier pays entrant du dépôt de la demande d’asile. Même si en pratique, le «dublinage» n’est pas aussi automatique qu’on le dit, il est presque toujours dramatique. Les personnes signalées comme «dublinables» reçoivent de plus en plus souvent une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Elles sont obligées de vivre dans la clandestinité pendant 6 ou 18 mois pour attendre afin de déposer dans notre pays une demande d’asile sans être renvoyées vers le premier pays entrant, le plus souvent la Grèce ou l’Italie.
Même difficulté pour la Commission en ce qui concerne sa marge de manœuvre pour proposer un système de solidarité. Comment est-ce que ça se passera en pratique ? Cela dépend de la volonté politique des États et rien ne les oblige à accueillir quelqu’un dont ils ne veulent pas. Enfin, je crois indispensable de préciser que l’UE forteresse n’existe pas pour tout le monde. Tout dépend du pays d’où l’on vient : si on est originaire des États-Unis ou du Canada, pas de problème. Mais, quand on vient d’Afrique subsaharienne, cela s’avère beaucoup plus compliqué.
Quelle a été la réaction de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) à la suite de cet incendie du camp de Moria ?
Nous avons dénoncé l’incapacité des États membres de l’UE à réagir et à être solidaires. La LDH a signé deux pétitions : l’une initiée par Europe Must Act et l’autre par des membres du réseau Migreurop. Ces deux pétitions ont donné lieu à une action place de la République le 20 septembre. J’y étais et il y avait du monde notamment des jeunes. On a appelé nos militants à se mobiliser. La LDH a rejoint également le mouvement «Nous avons de la place» lancé par des villes allemandes pour demander d’accueillir les exilés rescapés de Moria. Nous sommes également très impliqués dans les États généraux des migrations. Nombre de nos sections locales interviennent sur la question du droit des étrangers. C’est une problématique très importante pour nous.
Comment juges-tu la politique migratoire menée par le pouvoir depuis 3 ans ?
Il y a une très grande continuité entre Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron avec des tours de vis de plus en plus prégnants. La France a un rôle au niveau européen pour tirer les politiques européennes vers plus de fermeté. C’est vrai depuis Nicolas Sarkozy avec Brice Hortefeux, puis François Hollande avec Manuel Valls et enfin Emmanuel Macron avec Christophe Castaner et désormais Gérald Darmanin. Ce sont des politiques qui n’ont pas de sens. S’il y a des problèmes, c’est parce que la France n’accueille pas. Nous avons des personnes à la rue. Et je ne parle pas des racistes qui ne supportent pas la couleur de peau ou la religion de certains exilés. La France ne sait pas et ne veut pas accueillir. Beaucoup de demandeurs d’asile et même de réfugiés sont à la rue. Si on applique les textes, les demandeurs d’asile ont le droit à un logement. Or, la moitié d’entre eux n’a pas accès à un logement. Ils restent à la rue, notamment des mineurs isolés étrangers. Ceci est un scandale car les préfectures et les conseils départementaux font tout pour ne pas reconnaître la minorité de ces jeunes afin de ne pas les prendre en charge. Or, selon les textes internationaux signés par la France, un mineur est un enfant et doit être traité comme tel peu importe son statut et son âge. S’il y a un doute, celui-ci doit profiter au mineur. Donc le gouvernement est fautif en ne respectant pas la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.
Même chose avec la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés. Quand on refoule à la frontière franco-italienne, c’est contraire à l’article 33 de la Convention qui interdit le refoulement. Je ne parle même pas de Mayotte et de la Guyane où la situation est encore plus dramatique pour les exilés. Il faut bien comprendre que ces derniers cherchent à aller dans des pays où ils ont des proches et qui parlent une langue qu’ils comprennent (cf. les anglophones dans la région de Calais). Avec la fameuse crise de 2015/2016, la France a découvert des personnes venant d’Afrique de l’Est.
Petit aparté : la France est le pays qui accueille le plus d’étudiants africains pour leurs études. Le gouvernement actuel a décidé d’augmenter les tarifs d’inscription dans les universités pour les étudiants étrangers. Augmenter les tarifs pour les étudiants non européens vise principalement les étudiants africains. Celui qui n’a pas d’argent ne pourra pas avoir de visa. Le gouvernement mise sur une politique de découragement tout en expliquant avec cynisme qu’il veut attirer les étudiants. Mais augmenter les tarifs d’inscription, c’est forcément faire un tri par l’argent. Par conséquent, la population étudiante ne sera plus la même et risque surtout de diminuer quoi que prétende le gouvernement. C’est une politique de court terme loin des intérêts de la France et de la francophonie.
Pourquoi est-ce que les pays européens refusent d’ouvrir leurs ports aux navires humanitaires qui portent secours aux exilés ?
La justification est l’«appel d’air». Aucune personne travaillant sérieusement sur ces questions, aucun chercheur ne sait définir cette notion. François Gemenne, qui travaille dans les instances de l’ONU, a expliqué encore récemment que cela n’existait pas. Les ONG et bateaux qui travaillent en Méditerranée sont intégrés dans cette théorie. Matteo Salvini a fait beaucoup de cinéma sur ce sujet quand il était ministre de l’Intérieur en Italie. Des hommes, des femmes et des enfants ont continué à être sauvés d’une mort certaine par les bateaux des ONG et à accoster en Italie. Ce sont des discours électoralistes qui ciblent les gens d’extrême droite en attisant les peurs. Emmanuel Macron a fait cela deux fois l’an passé : en janvier, lors du grand débat où il a demandé que les migrations soient intégrées aux questions posées aux français alors que personne ne le demandait, et en septembre, il a demandé un débat au Parlement.
Bien qu’il y ait ces discours de rejet de l’autre, une grande partie de la population est solidaire. Quand il y a des problèmes à un endroit, une solidarité se met en place. J’ai été frappée par cela au moment du démantèlement du camp de Calais. On peut contester les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce démantèlement du camp mais en théorie, les autorités ont trouvé de la place pour accueillir de façon plus ou moins pérenne 6000 personnes. Le RN a pensé qu’il allait pouvoir récupérer ça. Ils ont tenté d’empêcher l’arrivée d’un certain nombre d’exilés de Calais. Mais à chaque fois, on a eu une mobilisation de la population locale autour d’associations locales et d’élus mobilisés. La tentative de blocage de l’opération par le RN n’a pas du tout marché.
L’Ocean Viking est bloqué à quai par les autorités italiennes depuis le 22 juillet qui invoquent «des irrégularités techniques et opérationnelles». Comment expliques-tu ce blocage fait à SOS Méditerranée ?
C’est la même chose pour toutes les ONG. Le navire SeaWatch a mis 31 jours avant de pouvoir débarquer ses passagers en Italie. On veut montrer qu’il faut refuser d’accueillir de nouveaux migrants. Mais après le pic de 2015/2016, les arrivées sont revenues aux chiffres de la période antérieure et sont relativement stables en termes d’arrivées sur le continent européen. Ce sont des politiques de communication qui sont inhumaines et portent atteinte aux droits fondamentaux les plus élémentaires.
À Calais, les autorités publiques interdisent aux associations locales de distribuer de la nourriture aux exilés, où va-t-on ? On pense que ces politiques inhumaines empêcheront les exilés de partir et de ne pas venir en France. Qu’est-ce qui a provoqué la crise de 2015 ? C’est la guerre en Syrie, le comportement d’Erdoğan qui a «ouvert le robinet» pour masquer ses dérives autoritaires et la situation incontrôlable en Libye. Nous ne sommes pas envahis par les réfugiés du monde entier. L’immense majorité des réfugiés reste dans les pays du Sud car ils ne veulent pas et n’ont pas les moyens d’aller plus loin. Quelle que soit la raison pour laquelle ils fuient, ils veulent rester près de leur pays d’origine. Ceux qui partent pour l’Europe représentent une infime minorité. Il faudrait mal accueillir les gens pour les empêcher de venir. Cela n’a aucun sens. En mettant des bâtons dans les roues des ONG, on rend justement le sauvetage en Méditerranée plus difficile et c’est cela qui nourrit le trafic d’êtres humains. Celui-ci se porte bien et est devenu l’un des premiers trafics au monde au même niveau que celui des armes ou de la drogue.
Les ONG ne font pas le jeu des passeurs contrairement à ce que disait Salvini. Ce ne sont pas les ONG qui créent les passeurs, c’est l’absence de voies légales pour venir vers l’UE. C’est cette fermeture qui fait qu’il y a des passeurs. Il faut arrêter de jouer sur les peurs. Les étrangers les plus mobiles sont issus des pays du Nord. Les populations des pays du Sud se déplacent désormais majoritairement vers d’autres régions du Sud. Il y a des gens du Nord qui se déplacent vers d’autres pays du Nord mais aussi de plus en plus vers des pays du Sud. Il faut des politiques qui reprennent le discours des associations qui ont l’habitude de travailler avec ces populations qu’on rejette et qui s’appuient sur la réalité des mouvements migratoires. Celles et ceux qui osent parler des migrations ne sont pas très nombreux.
L’artiste Banksy a son bateau le Louise Michel qui patrouille en mer Méditerranée depuis le 18 août pour porter secours aux migrants. Est-ce que les artistes sont devenus les nouveaux humanistes de notre époque ?
Il y a toujours eu des humanistes et des artistes engagés. Ils gagnent de plus en plus d’argent. S’ils en donnent pour faire de l’humanitaire, tant mieux. Ça donne l’exemple. Cela aide à la prise de conscience de ces réalités pour un certain nombre de gens. C’est une bonne chose.
Les traversées de la Manche se sont multipliées depuis le début de l’année 2020. Est-ce un échec de la France et du Royaume-Uni dans l’accueil et l’intégration des exilés qui conduit à ces naufrages ?
Il faut relativiser la forte augmentation de ces traversées de la Manche. Sur ces questions, on affiche souvent des pourcentages sans les replacer dans leur contexte par rapport à leur point de départ. Si on passe de 2 à 20 traversées, on va avoir un pourcentage terrible d’augmentation. Si on passe de 200 à 218, le nombre réel de personnes en plus qui ont traversé est le même mais le pourcentage est beaucoup plus faible. En réalité, le nombre de personnes qui traversent la Manche, même s’il augmente, n’est pas si élevé contrairement à ce qui se passe en Méditerranée. On ferme de plus en plus les possibilités de passage notamment par le port de Calais et la France joue le rôle de gendarme pour les Britanniques. Il y a des négociations et les Britanniques ne couvrent pas tout financièrement notamment le coût pour le port de Calais ce qui a amené ce dernier à menacer de ne plus effectuer les contrôles. Mais je n’y crois pas.
Le Royaume-Uni est sorti de l’UE mais il n’a jamais été dans l’espace Schengen. Le contrôle des frontières pour entrer au Royaume-Uni a toujours existé. L’argument du Brexit ne vaut pas. Les Britanniques sont loin des points d’entrée sur le territoire européen. C’est une île donc ils accueillent comme ils veulent. Le problème est concentré sur la Méditerranée, notamment dans les îles grecques proches de la Turquie, comme Lesbos. Lorsque les contrôles diminuent, les traversées diminuent dans la Manche. Les exilés, ces dernières années, passaient par la Belgique voire les Pays-Bas car les ports étaient plus accessibles et des réseaux s’étaient créés là-bas. Cela n’a pas augmenté de manière exponentielle dans la Manche. Les passeurs ont développé de nouvelles méthodes. Jusqu’à une période récente, peu de personnes traversaient sur des petits bateaux. Beaucoup montaient dans des camions. C’est devenu impossible.
Les Britanniques ont une politique ignoble. À Calais, beaucoup de mineurs ont de la famille outre-Manche. On empêche le regroupement familial. Des femmes ne peuvent rejoindre leur mari au Royaume-Uni. Des enfants ne peuvent pas rejoindre leurs parents. Donc quand tu es une île, c’est plus facile de bloquer les migrations. De plus, la politique migratoire britannique est différente de la nôtre notamment vis-à-vis de ses anciennes colonies avec les personnes issues du Commonwealth. Celles-ci viennent quasiment comme elles veulent. Le Royaume-Uni a des universités mondialement connues et accueille des étudiants chinois et indiens.
En quoi la gauche a-t-elle failli sur la question de l’accueil et de l’accompagnement des migrants ?
Elle a failli en renonçant à avoir un discours de gauche. Les valeurs de gauche ne sont pas le rejet de l’autre. Ce sont celles de la fraternité et de l’accueil, notamment de l’accueil de personnes en situation d’exil, peu importe les raisons de cet exil : conflits internes, guerres, persécutions, problèmes environnementaux dus à la question du climat ou à la destruction des lieux de vie pour récupérer des matières premières ou faire des cultures intensives par l’accaparement des terres. Tous ces gens ont le droit d’être accueillis pour raisons humanitaires, politiques ou économiques. Il faut accueillir ces populations en détresse.
La population française augmente en partie grâce à l’arrivée des personnes immigrées. Il y a une question démographique derrière dans toute l’Europe. Il y a un siècle, la population européenne était équivalente à un tiers de la population mondiale. Aujourd’hui, c’est à peine 10% ! Si on veut relancer l’UE, il faut accueillir des personnes pour relancer la machine économique. On est sur la concurrence de tous contre tous. Angela Merkel a accueilli beaucoup d’exilés en 2015 et 2016. Chez nous, on a une extrême droite à 20-25% depuis fort longtemps. Donc on ne peut pas donner de leçons à l’Allemagne.
Une politique de gauche serait de regarder les réalités en face et de ne pas alimenter les peurs et fantasmes. Les responsables politiques induisent la population en erreur sur la question migratoire. Nous devons regarder les réalités migratoires telles qu’elles sont.
- Entretien réalisé par Marius Roux
Pour soutenir SOS Méditerranée : https://www.change.org/p/lib%C3%A9rez-l-ocean-viking-2
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Pour signer l’appel pour l’évacuation de Moria : http://www.migreurop.org/article3001.html