Colère. C’est le maître mot de cette rentrée. Alors que les soignants étaient en première ligne, souvent dénués de moyens face au Covid-19, on apprend au détour de la lecture du Canard Enchaîné, qu’Olivier Véran, ministre de la Santé, et champion des applaudissements de 20h, a décidé par décret – pour la démocratie on repassera – de réactiver la possibilité de licencier un salarié du service public hospitalier. À l’incompétence chronique, il rajoute l’infamie.
Comprendre les mécanismes psychiques qui animent les hauts gradés de la macronie est aussi complexe que de deviner les chiffres du loto. Les faits s’accumulent. Hier, nous apprenions que le CHU de Besançon allait supprimer 28 lits. Si on fait le bilan de l’année 2019, c’est 3400 lits d’hôpitaux qui ont été supprimés en France, soit une réduction de leur capacité d’accueil de 0,9 %. Ces gens devront rendre des comptes. Mais après tout, peut-être que le monde d’après sera différent comme n’a cessé de nous le promettre le Président de la République osant même utiliser la métaphore de la réinvention pour parler de son soudain changement de logiciel politique. Comme toujours avec la macronie, les faits viennent contredire les mots. Après un plan de relance au service des entreprises, voilà que nous découvrons aujourd’hui le projet de loi de finances 2021, c’est en quelque sorte le cœur de réacteur du gouvernement. C’est à l’aune de cette loi que vont se faire les arbitrages. C’est aussi un indicateur du modèle de société vers lequel nous tendons. Et rien de bon ne s’annonce.
En marche toute ! Plus vite, plus fort
Barbara Pompili, Ministre Girouette, peut bien crier sur tous les toits que l’écologie est la matrice de ce budget, la réalité c’est que son ministère s’apprête à perdre environ 1000 postes. Peut-être va-t-il s’engager dans la lutte contre l’évasion fiscale qui fait perdre, chaque année, 100 milliards d’euros, à nos finances publiques ? Là non plus ce n’est pas l’objectif, car le ministère de Bruno Le Maire va lui voir disparaitre … 2163 agents ! La priorité semble plutôt être à la mise en place de la réforme des retraites. Tout change, rien ne change. Ne perdons pas espoir. Allons voir du côté du ministère du Travail. Peut-être que l’affaire Anthony Smith aura agi comme un électrochoc. Le rôle des inspecteurs du travail va-t-il être renforcé par ce nouveau budget ? Nouvelle déception. 496 postes disparaissent de l’organigramme du ministère du Travail. Mais où va l’argent alors ? Justice, plus 1500 postes. Intérieur, plus 1369 postes. Armées, plus 286 postes. Au moins les choses sont claires. Le peuple n’a qu’à bien se tenir, sinon le pouvoir se chargera de le mater.
À l’infamie, le gouvernement ajoute le mensonge systématique. Certains vont crier aux fausses accusations. Non, tout est bien réel. Champions de la communication, les ministres macronistes rivalisent d’ingéniosité pour accumuler les superlatifs concernant les lignes budgétaires qui leurs sont propres. Emmanuelle Wargon explique que jamais le logement n’a été aussi bien traité. Son argument ? Une rallonge de 400 millions par rapport au budget 2020. Ce gouvernement serait-il devenu généreux ? Non, toujours pas. La rallonge concédée sera financée par une ponction dans les caisses d’Action Logement, donc par l’argent des salariés eux-mêmes.
En revanche, financer la protection sociale ou les services publics avec l’argent des plus riches n’est toujours pas à l’ordre du jour.
La réinvention en pire, voilà le projet d’Emmanuel Macron.