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Pepe Mujica, le président le plus pauvre du monde

Le Monde Moderne par Le Monde Moderne
18 mai 2025
dans Culture, International, Politique
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José Alberto Mujica Cordano, président uruguayen de 2010 à 2015 est décédé mardi 13 mai à l’âge de 89 ans. Pepe Mujica a mis fin à sa carrière politique, après un mandat présidentiel, un passage au ministère de l’Agriculture et 26 années au Sénat, le 21 octobre 2020, en raison des menaces que la pandémie de Covid-19 faisait peser sur lui. Un cancer de l’œsophage, détecté en mai 2024 et soigné par deux interventions chirurgicales en septembre et décembre, a encore compliqué une santé devenue fragile en raison d’une insuffisance rénale, jusqu’à sa décision d’arrêter tout traitement début janvier.  

Admiré des stars de cinéma ou de la musique, Pepe Mujica a aussi inspiré les journalistes et essayistes. Nombre d’ouvrages lui ont été consacrés. Un président hors norme qui a refusé de s’installer dans le palais présidentiel, qui donnait 90% de son salaire à une œuvre de logement social, qui n’avait que deux vieilles voitures dont une Coccinelle bleue entrée dans la légende au même titre que sa petite chienne bâtarde à trois pattes, Manuela. Une simplicité revendiquée par Pepe Mujica qui se définissait comme un Don Quichotte déguisé en Sancho Panza. Fils de cultivateurs d’origine basque et italienne dans ce pays d’immigrants, Pepe Mujica est né en mai 1935 dans une famille modeste.

Orphelin de père à 6 ans, le petit garçon suit une scolarité primaire et secondaire tout en distribuant du pain pour un boulanger et en vendant des fleurs. Il entame des études de droit qu’il ne terminera pas. Avant d’être l’une des chevilles ouvrières du Mouvement de libération nationale, MLN-Tupamaros, un mouvement d’extrême-gauche qui passa à la clandestinité puis à la lutte armée à la fin des années 1960, Pepe Mujica fut le collaborateur d’Enrique Erro, ministre de l’Industrie et du Travail en 1959-60. Aux côtés de cet intellectuel et journaliste de gauche, il voyage en Chine et en URSS, ce qui le vaccinera contre toute tentation totalitaire. 

De retour au pays, il s’adonne avec frénésie à la lecture, passant des heures et des heures à la Bibliothèque nationale à Montevideo, dévorant les auteurs latino-américains mais également, Clausewitz, les philosophes grecs et latins, Marx qu’il qualifiait de génie en raison de ses analyses historiques et sociales, les anarchistes qui constitueront le socle de sa pratique politique, ou encore Rosa Luxemburg qu’il relira toute sa vie. Mujica restera toute sa vie un grand lecteur. 

Créé en 1966, le MLN-Tupamaros s’inscrit dans une mouvance révolutionnaire qui secoue l’Amérique latine dans les années 1960. Il ne revendiquait aucune filiation politique, considérant que si les paroles divisent, l’action unit. Le mouvement a d’abord mené des actions de harcèlement des autorités afin notamment de dénoncer les scandales de corruption financière dans un pays qui a longtemps été considéré comme la Suisse de l’Amérique du Sud pour sa stabilité et sa prospérité.

Parmi ses faits d’armes, l’attaque en 1969 d’une banque dans laquelle travaillait Lucia Topolansky, l’épouse de Pepe Mujica, compagne de vie et de militantisme (tous deux se sont retrouvés après leur libération des geôles de la dictature, elle avait 40 ans et lui 50). Elle fut vice-présidente de la Nation en tant que présidente du Sénat jusqu’en 2020. C’est elle qui informe les Tupas, dont faisait partie sa soeur jumelle, des pratiques douteuses de la banque. Les livres de comptes de la banque sont volés et remis à un juge d’instruction. Une enquête sera diligentée et des cadres de la banque arrêtés. La même année, les Tupamaros attaquent un casino dans la station balnéaire de Punta del Este, mais renvoient aux employés l’argent de leurs pourboires. Ces faits d’armes et la redistribution des butins valent aux Tupamaros une notoriété et le soutien de la population jusqu’à ce que le durcissement de la répression entraîne une radicalisation du mouvement qui multiplie les enlèvements au début des années 70. C’est ce que raconte le film État de siège de Costa Gavras (1973). 

Pepe Mujica, l’un des chefs de l’organisation, blessé en mars 1970, gardera toute sa vie trois balles dans le corps. Arrêté, il s’évade avec plus de cent autres prisonniers de la prison de Punta Carretas en septembre 1971. Repris en août 1972, il est gardé au secret avec huit autres chefs Tupas puis pris comme otages par la junte militaire. Il ne sort de prison qu’en 1985 à la faveur du retour à la démocratie. Douze années de solitude, de tortures, d’enfermement sans rien pour occuper son esprit, qui ont failli le rendre fou. 

Pepe Mujica crée le MPP, Mouvement de participation populaire après son élargissement en 1985. Issu du MLN-Tupamaros, le MPP devient la principale formation du Frente amplio qu’il intègre en 1989. Issu du MLN-Tupamaros, le MPP devient la principale formation du Frente amplio qu’il intègre en 1989. Cette alliance, créée en 1971, va du centre gauche aux communistes. Il est élu député en 1995, sénateur en 1991, ministre de l’Agriculture de Tabaré Vasquez en 2004, et enfin président en novembre 2009. Il sera investi le 1er mars 2010 pour cinq années à la tête de l’Etat. Cinq années qui s’inscrivent dans les pas d’une politique, notamment sociale, initiée par son prédécesseur au palais présidentiel et par le programme de la coalition au pouvoir. Réforme du système de santé, politique de logement de social, lutte contre le travail au noir, mécanismes paritaires de négociation des salaires, aide aux coopératives, achat de terres pour aider à l’installation de familles… 

Pepe Mujica assurait n’avoir que faire des dogmes. Il se revendiquait libertaire, pragmatique, s’inspirant dans sa pratique politique du président Lula da Silva au Brésil, plutôt que de Castro ou de Chavez. Pepe Mujica se revendiquait libertaire, pragmatique, s’inspirant dans sa pratique politique du président Lula da Silva au Brésil, plutôt que de Castro ou de Chavez. Les trois lois phares de la présidence Mujica sont la dépénalisation de l’avortement, le mariage homosexuel et la légalisation du cannabis.

Réduire les inégalités dans son pays mais aussi dans le reste du monde et notamment en Amérique latine, fut le sacerdoce de Pepe Mujica. Ses discours à des tribunes internationales, alertant sur les dangers de la consommation effrénée, sur les ressources limitées de la planète et la perte des solidarités sont restés dans les mémoires, nourrissant l’aura de Mujica. La gauche urugayenne lui reprochera néanmoins de ne pas rompre totalement avec les lois du marché et de ne pas avoir fait abroger la loi dite « de la caducité », votée en 1986 sous le gouvernement de Julio Maria Sanguinetti, garante de l’impunité des militaires coupables de crimes pendant la dictature. Pepe Mujica s’en justifiera par la volonté de ne pas faire preuve de revanchisme. Deux référendums, en 1989 et en 2009, verront les Uruguayens se déclarer opposés à l’abrogation de cette loi. 

Dans son discours d’adieu au Sénat pour raisons de santé, le 21 octobre 2020, Pepe Mujica est revenu sur cette culture du consensus. « J’ai beaucoup de défauts, mais dans mon jardin, je ne cultive pas la haine… La haine finit par abrutir, elle est aveugle comme l’amour mais l’amour lui est créateur ». Un message repris lors de son adieu à ses compatriotes, début janvier : « Il est facile d’avoir du respect pour ceux qui pensent comme vous, mais il faut apprendre que le fondement de la démocratie est le respect de ceux qui pensent différemment. Je vous embrasse tous ». Malgré ses ennuis de santé, Pepe Mujica est resté jusqu’au bout sur tous les fronts, exhortant le Hamas à libérer ses otages israéliens, dans une vidéo en octobre 2023.

Il fut l’un des artisans du rapprochement entre les États-Unis et Cuba pendant la présidence de Barack Obama, proposant d’accueillir des prisonniers de Guantanamo, qu’il qualifiait de « honte pour l’humanité ». Il a également accompagné la mise en œuvre de l’accord de paix avec les Farc en Colombie. Dans la crise politique vénézuélienne, il a proposé sa médiation entre le président Nicolas Maduro et Juan Guaido, président par intérim autoproclamé, avant de prendre ses distances avec le régime de Maduro qu’il a qualifié de « dictature ».

Sa personnalité et son prestige, mais aussi la modestie de son propre pays, lui ont servi dans ces actions. Il a joué la carte des ensembles régionaux comme l’Unasur et le Mercosur, détendu les relations avec l’Argentine qui s’étaient crispées pendant les présidences de Tabaré Vasquez et de Nestor Kirchner, soutenu Buenos Aires dans son combat contre les fonds de pension américains… « La vie n’est qu’une guérilla », disait souvent Mujica.

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