Le chef des cuisines de l’Élysée a parlé et sa parole était attendue dans le débat sur le mouvement social à la SNCF, pour lui, c’est tranché, les cheminots sont des «feignants» !
Devant le silence de Jupiter, c’est donc le marmiton en chef qui devient porte-parole de la petite phrase, sans apporter autre chose que du mépris à la polémique.
Revenons sur ce mouvement qui a poussé les cheminots à faire usage de leur droit de retrait pour alerter sur les conditions de sécurité. À l’origine, encore un accident lié à un passage à niveau, non loin de Charleville-Mézières, qui aurait pu être encore plus tragique, sans le courage et le travail, malgré sa blessure, du cheminot qui conduisait le train, qui a sécurisé rames, passagers et voies, sans aide.
Et c’est bien tout le problème. Posez autour de vous une question simple : «Imaginez-vous aujourd’hui un avion de ligne avec seulement un pilote à bord ?» Non. C’est pourtant le souhait de la SNCF, un seul responsable par train. Même nos voisins belges et néerlandais, qui rêvaient de trains automatiques sans pilotes, ont dû revenir en arrière compte-tenu des réalités et des risques accrus.
Oui, l’autonomie, les machines intelligentes, c’est encore loin, n’en déplaise aux fonds d’investissements et aux actionnaires, c’est bien dommage pour le profit, il faut encore employer des humains pour s’occuper des humains. Encore un peu de patience et nous serons tous de magnifiques robots autonomes.
On peut légitimement comprendre la colère des usagers, un week-end de départ en vacances devant ce droit de retrait collectif, mais malheureusement, c’est la seule solution qu’ont les syndicats aujourd’hui pour alerter sans détour leur hiérarchie et le public sur les risques actuels de sécurité, tant le dialogue est abîmé au sein de l’entreprise. Il faut dire que dès mercredi via son outil de communication interne «Durandal» la SNCF invitait à ne pas communiquer au motif que «sauf polémique le sujet va s’éteindre». Elle préconisait même de ne diffuser aucune photo pour limiter l’ampleur de l’accident et ses potentielles répercussions dans l’opinion publique.
«Les retraits d’agents de leur poste de travail s’inscrivent dans le cadre de la procédure d’alerte pour danger grave et imminent introduite par les représentants du personnel».
Le gouvernement cherche à discréditer ce mouvement car les cheminots sont sans doute le dernier bastion syndical avec un tel pouvoir de pression sur les pouvoirs publics.
On peut y voir une fin en clair-obscur de l’ère Pepy, patron de la SNCF sur le départ, laissant une énorme ardoise liée aux infrastructures et de nombreux chantiers à déminer. Le premier de cordée poursuit l’ascension vers de nouveaux sommets et les passagers restent à quai.
Pour ceux qui appellent une privatisation du rail français de leurs vœux, rappelons que le transport ferroviaire est une catastrophe au Royaume-Uni, retards permanents, sécurité limite, prix exorbitants et services calamiteux, à tel point que nos très libéraux voisins envisagent même de renationaliser ce service clef pour l’économie.