Mentir, encore et toujours. Après la saison 1 du 1er mai 2018, la macronie vient d’écrire une suite magistrale en ce 1er mai 2019. Une suite digne des plus grands blockbusters américains. Retour sur une journée au parfum de fin de règne.
Depuis une semaine, le ministre de l’intérieur multipliait les interventions pour préparer les esprits au pire. Des bandes de casseurs allaient déferler sur la capitale pour mettre les rues à feu et à sang. En clair, n’allez pas manifester, vous risquez d’être en danger. Mais si le ministre de l’intérieur était au courant de la présence de centaines de casseurs, pourquoi ne pas les avoir interpellés en amont de la manifestation ? C’est bien la peine de voter des lois liberticides… Ou alors cela met en lumière une stratégie, laisser casser pour discréditer le mouvement. Minable.
Assumant au grand jour une stratégie de violence, le gouvernement a atteint mercredi un point de non-retour en attaquant volontairement le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avant le début de la mobilisation. De mémoire de militant, c’est du jamais vu. Oui les forces de l’ordre ont volontairement visé la CGT et son premier dirigeant. Pourquoi ? Rien ne le justifiait et tous les témoins attestent d’une ambiance «bon enfant» au moment de la charge des CRS, charge accompagnée de jets de grenades de désencerclement et de gaz lacrymogènes. Une violence d’État.
Ne reculant devant rien pour tenter de masquer son indigence, Christophe Castaner n’a pas hésité à mentir et parler «d’attaque» contre l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. De son côté, Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP, dénonçait sur France-Info des «débordements gravissimes», avant d’envoyer un mail interne pour apporter son soutien aux soignants et les féliciter de leur «sang froid qui force le respect». Quel cynisme, quand on sait que le même Martin Hirsch mène, à pas de charge et contre l’avis d’un personnel en grève illimité, une réforme qui vise à supprimer des milliers de lits et des dizaines d’emplois. Défenseur de l’hôpital, Monsieur Hirsch ? Certainement pas.
Si on s’en tient à ses déclarations, les manifestants s’en seraient donc pris à un hôpital public ! Voilà qu’on nous refait le coup de l’hôpital Necker ! À croire que la macronie ne retient pas les leçons du passé, il ne fait pas bon mentir un 1er mai ! Devant les caméras de BFM, des soignants de l’hôpital se sont même sentis obligés de venir rétablir la vérité. C’était trop gros. Pas d’intrusion, pas de vol de matériel, mais des femmes et des hommes venant se réfugier pour échapper à la charge d’une cohorte de CRS enivrée de haine. Les images sont sans appel. Je crois qu’il faut saluer le rôle, une fois de plus, salutaire de la presse. Comme pour Benalla, elle a permis l’éclosion de la vérité. Sans elle, ce pouvoir s’apprêtait à envoyer des innocents en prison !
Utiliser un hôpital pour discréditer les manifestations du 1er mai, il fallait oser. Comme si le maltraiter au quotidien ne suffisait pas, 16.000 lits supprimés en 2 ans depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron ! Après Benalla, Zineb Redouane et Geneviève Legay, c’est donc un nouveau mensonge XXL que nous livre la macronie !
Indigence, incompétence et mensonge, voilà le tryptique qui caractérise l’action de Castaner. Sans aucun doute, le ministre de l’intérieur est le plus incompétent de toute la Vème République ! il doit démissionner, sans attendre.
Au regard du déroulement de cette journée, on comprend mieux l’intervention du députée LREM, ancien patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, qui appelait à «oublier Malik Oussekine», ce jeune étudiant de 22 ans assassiné par la police, le 6 mars 1986. Il voulait préparer les esprits, les conditionner pour de nouvelles violences policières. La stratégie de répression de l’État avait été préparée de longue date, il n’y a plus l’ombre d’un doute.
Ce qu’il faut retenir de ce 1er mai, ce sont plus de 240 cortèges massifs, colorés et joyeux, dans toute la France. Une fête, celle des travailleuses et des travailleurs et non du travail. La fête du travail, terminologie reprise par Macron, c’était Philippe Pétain. À chacun ses références, mais ce 1er mai fut aussi une fête citoyenne et populaire, de toutes celles et ceux qui aspirent à vivre dans un autre monde.
Déterminées et unies, les forces vives de ce pays, qu’elles soient syndicales, associatives, citoyennes, ont montré qu’elles ne céderaient pas aux provocations du gouvernement. Face à la répression, elles opposeront toujours le calme et la sérénité. Face à la violence, la réponse doit être uniquement pacifique. Notre arme : la mobilisation des masses au service de l’intérêt général.
Enfermé dans une logique libérale, ce pouvoir s’enfonce dans une dérive autoritaire dangereuse. La fake news de l’hôpital révèle qu’il est prêt à se livrer à des manœuvres politiques de caniveaux pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir. La sortie de la crise que nous traversons ne sera permise que par des solutions politiques concrètes qui répondent aux préoccupations quotidiennes de millions de français. Des solutions politiques qui remettent en cause un modèle libéral à bout de souffle. Il est l’heure, non pas du ruissellement, mais du partage des richesses !
Face à un pouvoir aux abois, qui ne tient plus que grâce à la matraque de son appareil répressif, où chaque jour l’État de droit recule dangereusement, nous devons, nous militants syndicaux, créer les conditions d’une participation massive aux élections européennes du 26 mai prochain.
Car si Macron craint une chose, c’est bien que le peuple s’exprime. Ne lui faisons pas le cadeau de l’abstention !