Jean-Luc Romero-Michel est maire-adjoint du 12ème arrondissement parisien et homme politique apparenté socialiste. En France, il est le premier homme politique à être victime d’un outing (1) en 2000. Également celui qui, deux ans plus tard, révèle sa séropositivité au VIH. Il a 61 ans dans quelques jours et adore les comédies musicales. Il appelait son mari d’un surnom tout mignon : sa «moitié d’orange». Christophe (à droite) a disparu brutalement en 2018, après une séance de chem sex (2). Il avait 31 ans.
Plus vivant que jamais ! se lit comme une longue lettre que vous adressez à Christophe, votre mari mort d’une overdose…
Ce deuil, un deuil soudain, on a plusieurs façons de le faire. Moi, c’est grâce à Valérie Trierweiler. En me voyant tellement mal, elle m’a dit : «Tu devrais écrire». Cette lettre était aussi un moyen de me rappeler les bons moments de l’histoire d’amour que nous avons vécue Christophe et moi, et qui a duré onze années. Vous vous dites : «Voilà, c’est fini». Mais on oublie que ces années ont existé.
Un mois après le décès de Christophe, j’ai rencontré à la mairie du 12ème arrondissement, une dame qui devait avoir 75, 80 ans. Je ne sais pas qui elle est, mais elle est venue me présenter ses condoléances et m’a dit : «Vous savez, vous avez quand même quelque chose que moi je n’ai jamais eu. Vous, vous avez eu l’amour». J’ai beaucoup pensé à cette femme tout au long de l’écriture de ce livre.
Je me suis dit que je devais être heureux de ce que j’avais vécu. Et aussi de raconter la personne bienveillante qu’était Christophe, m’emplir de cet amour. Puis repenser à tous ces moments heureux… Même si Plus vivant que jamais ! raconte aussi sa fin tragique.
Un passage troublant est celui où vous évoquez la médiumnité de Nine (3), la veuve du chanteur Michel Delpech…
Oui. D’ailleurs en ce moment, je lis son dernier livre. Elle me l’a gentiment envoyé. Après le décès d’un proche, on traverse des moments extrêmement compliqués. Valérie Trierweiler m’avait dit d’écrire et Stone, la chanteuse, m’a présenté à Nine. Elle m’a dit : «Je connais la femme de Delpech, tu vas voir, elle est formidable». Elle lui a envoyé la photo de Christophe, sans me le dire, puis elle m’a invité à une soirée à laquelle était Nine. Elle m’a accompagnée pendant un temps. Nine s’est trouvée là au bon moment, elle a su me dire ce que j’avais besoin de savoir.
Il y a eu beaucoup de choses troublantes, qui me troublent toujours, d’ailleurs. J’avais besoin de ressentir la présence de Christophe, car je ne la sentais pas moi-même. Je lui suis très reconnaissant d’avoir été là. Elle ne me connaissait pas et, pourtant, Nine a suivi les moments les plus compliqués du début de ce deuil. Et elle est toujours là. On communique régulièrement. C’est une femme très touchante. Je crois qu’elle sera toujours là.
Elle aide beaucoup de gens et travaille sur des enquêtes de police. Nine a beaucoup d’intuition et ça peut sembler sidérant pour quelqu’un de rationnel comme moi. Au début, on peut douter et puis… c’est très troublant. Je remercie Stone qui a permis cette belle rencontre.
Au fil des 298 pages qui se lisent avec le cœur, vous y partagez votre amour pour vos amours, dont celui des voyages et la rencontre de cultures et de religions différentes. D’où vous vient cette attirance pour la spiritualité ?
Je suis un fils d’immigrés espagnols, dont la mère était très catholique. J’ai baigné dans la religion. J’ai été enfant de chœur jusqu’à 13 ou 14 ans. J’ai grandi dans cet univers-là, avec ma mère et une femme qui m’a élevé et que j’appelais ma tatie. Elle allait à la messe tous les jours. J’ai été entouré de personnes qui avaient plus une «foi du charbonnier», sans forcément plus de réflexion autour.
J’ai toujours été attiré par la spiritualité, au fil du temps, l’interprétation des religions faite par leurs responsables m’a choqué. Ça touchait ma propre identité. Quand on sait ce que disent la plupart des responsables religieux, notamment catholiques mais aussi monothéistes, sur l’homosexualité par exemple, il y a de quoi se poser un certain nombre de questions… Je m’en suis éloigné.
D’ailleurs, j’ai toujours éprouvé un malaise avec cette notion de bien et de mal. C’est quelque chose de binaire : vous êtes «bien», vous allez au paradis, vous êtes «mal», vous allez en enfer. La vie n’est pas aussi simple que ça : tout le monde le sait. J’ai toujours eu un besoin de spiritualité. C’est vrai qu’en Thaïlande, le bouddhisme que j’ai découvert m’interpelle plus. Je ne me prétends pas bouddhiste, mais je suis très sensible à cette philosophie. Ça me permet de mieux réfléchir. J’y ai trouvé des choses très positives qui m’aident à vivre. Une sorte de force de l’esprit. Contrairement aux autres religions, les monothéistes, dans le bouddhisme, il y a toujours de l’espoir. On peut constamment s’améliorer. Pour aller vers la lumière : pour être l’être le plus bienveillant qui soit. On peut être une personne abjecte et avoir au fond de soi quelque chose de bien. J’aime cette idée de chercher à s’améliorer. Et puis on sort de la dichotomie bien/mal.
La rédaction et la parution de ce livre vous ont-elle un peu apaisé ?
C’est encore un peu tôt pour le dire, mais je sens que ça m’a aidé – non pas à tourner la page, car la page Christophe ne se tournera jamais. Et puis, il y a un moment aussi, dans un deuil, car il y a forcément plusieurs étapes, où vous sentez que vous ne pouvez pas rester dans cette hypersensibilité dans laquelle, par exemple, je suis depuis deux ans. Ce livre, c’est aussi un moyen de raconter notre histoire, qui restera une des choses essentielles de ma vie. L’histoire de quelqu’un qui aime l’autre et qui essaie de continuer à vivre. J’ai déménagé, un procès va avoir lieu…
Que risque aujourd’hui l’homme mis en cause dans son décès ?
Le jugement vient d’être repoussé au mois d’octobre. J’ai envie de clore cet épisode pour avoir, ensuite, une vie plus sereine. Ce livre, en tout cas, va le permettre. Pour moi, il va être plus important que la justice, car la justice, là, ne m’apprendra rien. Ça ne me permettra pas de comprendre ce qu’il s’est passé à la fin (de la soirée à l’issue de laquelle son ex-mari est mort). Des procès peuvent être utiles, il y en a qui peuvent aider. Moi, je ne sais pas ce que risque cet homme et je ne veux pas le savoir. Pour l’instant, il a fait deux mois de prison en préventive.
Beaucoup de choses dans cette histoire ne sont pas claires. C’est difficile de comprendre qu’un homme de 52 ans n’appelle pas les secours… Laisser quelqu’un mourir comme ça, ce n’est pas normal. C’est ce que je lui reproche. Peut-être que j’aimerais l’entendre me dire qu’il aurait dû appeler à l’aide. Peut-être que ça, ça peut m’aider… Je ne sais pas. Comme je ne sais pas encore si je vais y aller en octobre prochain ou si je laisse mon avocat y aller seul. Ce sera aussi en fonction de mon état.
Ce journal intime, qui couvre quinze ans de votre vie, relate votre rencontre et vos onze années de vie commune. Vous qui, au départ, appréhendiez «le regard des autres, celui des moralisateurs et des dames patronnesses» avez réussi le pari de la liberté d’être. Pourtant, en France, un pays dit «moderne», ça ne semble pas gagné d’avance…
Quoiqu’on puisse dire, ça a été un peu dur au début. La première année, on a eu des périodes très difficiles. Nous étions un couple gay avec un écart d’âge important. Ce n’est quand même pas simple. Par exemple, vous allez dans un magasin et on vous dit : «Ah, il est sympa votre fils. Et qu’est-ce qu’il vous ressemble !». Bon, les gens ne sont pas toujours très fins… À force, c’est assez désagréable et difficile. Ça pose un certain nombre de questions. On a beau se dire de ne pas y prêter attention, en société, on est avec les autres, et le regard, il compte quand même. Il y a des regards bienveillants, heureusement, et il y a les autres…
On peut s’en foutre après avoir fait un travail sur soi, mais ça a été difficile. Quand on a dépassé ça, au bout d’un an et qu’on entendait encore des remarques, ça nous faisait sourire.
Si on regarde autour de nous, dans les pays européens, on se rend bien compte que la France est encore extrêmement conservatrice. Même si ça évolue, certaines choses ont du mal à progresser sur la différence d’âge. Une femme avec un homme plus jeune, on dit d’elle que c’est une cougar. Alors que le contraire a existé – je pense même à des gamines unies à des futurs rois, des hommes bien plus âgés – et que ça n’avait pas l’air de gêner qui que ce soit. Heureusement, ça évolue, je pense que dans dix ans, plus personne ne sera choqué de voir une femme avec un homme plus jeune qu’elle.
Vous tenez encore un journal le soir ? Écrivez-vous toujours en anglais ?
Je n’écris pas grand-chose, mais j’écris tous les soirs. Pour tout vous dire, j’ai fait un complexe par rapport à l’anglais. J’adore cette langue, mais je ne suis pas doué pour les langues en général. J’écris l’anglais car j’ai pris beaucoup de cours dans ma vie, et de façon régulière, et que je possède du vocabulaire, mais je garde un accent très français. Je continue d’écrire en anglais en me disant : «voilà, tu peux le faire».
Ça fait du bien d’écrire le soir, de se rappeler des bons et des mauvais moments de la journée, d’en trouver les points positifs. Oui, j’écris toujours. J’ai écrit hier soir. Ce qui m’aide beaucoup, d’ailleurs. Parce que pour un livre comme celui-là, si je dois me rappeler de tout… sans journal, je ne sais pas comment je ferais. Comment se souvenir des dates, de lieux précis et de noms, sinon ?
Ce quinzième livre raconte vos engagements…
Venant du milieu d’où je viens, je n’aurais jamais imaginé avoir écrit treize livres (deux ont été revus et leur édition augmentée). Quel plaisir de voir son livre physiquement, de le tenir et de le voir dans les librairies… c’est quelque chose d’incroyable ! Habituel chez les familles intellectuelles, acheter des livres était rare dans mon milieu d’ouvriers espagnols. C’était une espèce de luxe. Alors que pour les autres, lire n’en n’était pas un. Pour eux, la lecture était un minimum vital. Ma mère en achetait de temps en temps, elle avait compris l’importance de la lecture.
Citoyen activiste contre le sida, vous militez également pour le droit à mourir dignement. Vous présidez deux associations qui œuvrent dans ce sens, l’ELCS (4) et l’ADMD (5). La lutte militante vous a beaucoup apporté. Vous écrivez d’ailleurs que «fuir dans le militantisme» vous a permis de rester debout, mais qu’il vous «pèse de plus en plus» depuis la disparition de Christophe…
Le confinement m’a permis de comprendre certaines choses. Pour mes activités militantes, j’ai fait je ne sais combien de tours de France, 22 ou 23. Ces dernières années, j’étais dans une course au déplacement. Plus je pouvais partir de chez moi et plus je le faisais. J’arrivais à deux ou trois réunions par semaine, loin, en province. Dans des endroits d’où je ne peux pas revenir le soir. Et je pense que quelque part, c’était un besoin de fuir de chez moi… Depuis, j’ai déménagé. Le livre sort, et il y aura le procès cet automne. J’ai l’impression d’avoir fermé des portes.
Le confinement a été très dur au début. Pendant quinze jours. Moi qui étais tout le temps partout, bah voilà, j’étais bloqué. En même temps, ça m’a confirmé que j’étais dans une fuite et que je pouvais à nouveau rester à un endroit, savourer le moment présent. J’ai envie de reprendre les déplacements. J’adore aller voir les gens.
J’ai envie de bouger à nouveau, mais d’une autre façon. Je pense que je suis allé trop loin dans l’engagement militant. Je vais retrouver un équilibre.
Pour commencer, m’occuper un peu plus de moi et des gens que j’aime. (Là, je rêve de pouvoir partir quelques jours en Thaïlande cet été. Mais ça risque d’être compliqué.) Et puis on vieillit et on a envie de faire les choses un peu différemment. J’ai eu beaucoup de responsabilités dans le milieu associatif. Il est temps de passer à autre chose, sans nier ses engagements. D’ailleurs, on ne peut pas nier qui on est. On est militant ou on ne l’est pas. Il y a des gens qui ne le sont jamais. À ce propos, on me reproche des fois de militer pour plusieurs causes. Il faut savoir que c’est le cas de la plupart des militants. J’ai souvent constaté autour de moi que les personnes militantes le sont rarement que pour un seul truc. On est militant dans l’âme ou pas. Et je le serai jusqu’à la fin de ma vie. C’est à ça que j’aspire aujourd’hui, continuer le militantisme d’une autre façon.
Dans Plus vivant que jamais !, vous vous promettez de mobiliser sur les dangers des drogues de synthèse dont la consommation est – comme pour les drogues dures – en augmentation. Vous enjoignez les pouvoirs publics à revoir leur politique, que vous jugez répressive et inefficace…
Je veux témoigner parce que Christophe utilisait des drogues de synthèse et qu’il en est mort. Je suis militant. Je ne peux pas cacher cette mort et je dois tout faire pour que chacun sache ce qu’il encourt lorsqu’il prend certains de ces produits. Donc, je veux et je vais m’engager dans ma parole. Mais je ne vais pas créer d’association.
Le Portugal a eu l’intelligence de légaliser des drogues. Résultat : dans ce pays, ça va mieux qu’ailleurs. On n’empêchera jamais les produits psychotropes d’exister. On peut soit dire que c’est terrible, que c’est mal, soit passer son temps à prôner la prohibition.
Un des produits qu’a pris Christophe s’appelle le GBL, qui ne figure même pas sur la liste des stupéfiants. Il est très facile de s’en procurer. Il faut savoir que la plupart des drogues de synthèse viennent essentiellement de Chine, un peu d’Inde et un peu des Pays-Bas. Pour la majorité d’entre eux, ces produits arrivent avant d’être mélangés.
Et puis les modes d’achat ont radicalement changé. D’abord, ce sont des produits qui ne coûtent rien. Une bouteille de GBL, qui va tenir deux ans, est vendue 30 € environ. C’est inimaginable, n’importe qui peut y accéder. Ça se commande et ça s’achète avec un téléphone portable avant qu’on vous livre directement chez vous. C’est à la portée de tous.
Alors quoi faire ? Faut-il mettre un policier derrière chaque personne ou bien dépénaliser et faire de la prévention ? Je n’ai pas entendu le ministre de la Santé dire un mot sur les drogues de synthèse.
Pourtant, quand vous discutez avec des professionnels, ils vous disent que chaque week-end des jeunes se retrouvent dans le coma, que certains en meurent… On n’a pas l’idée du phénomène car, aujourd’hui, ils ne sont pas répertoriés comme liés aux drogues de synthèse. Rien n’est précisé, que vous soyez mort dans le cadre du chem sex ou pas, ou que ce soit une overdose d’héroïne ou d’un autre produit, il n’y a pas de détail.
Pour les drogues de synthèse, la dépénalisation ne peut pas marcher car la plupart de ces produits ne sont même pas illégaux !
Vers la fin du récit, vous faites un parallèle intéressant avec l’alcool sur l’effet catastrophique et pervers et la prohibition…
Dans notre pays, le produit le plus dangereux est l’alcool. Moi, je ne suis pas pour l’interdiction de l’alcool. De toute façon, l’interdiction ne fonctionne pas. Pris de manière récréative, ce n’est pas un problème. C’est culturel, y a pas de souci. Sauf que quand un gamin fume du cannabis – substance qu’on a diabolisé au maximum, il reste le produit psychotrope le moins dangereux, à la fois pour la santé et socialement – et qu’il voit son père se saouler au pastis toute la journée, et tabasser sa mère… Que voulez-vous que ce gamin pense quand on lui dit que le cannabis est une horreur et qu’il est un méchant délinquant, alors que l’alcool est autorisé et que son père peut boire autant de bouteilles qu’il veut ?
Je n’ai aucun jugement de valeur. Je pense que chacun doit savoir ce qu’il risque à prendre tel ou tel produit. Il est important de dire aux jeunes que fumer tôt et en quantité peut intervenir sur le développement du cerveau. Or comment voulez-vous qu’il y croit quand il voit des pubs pour l’alcool à longueur de temps ? Le jour où on mettra tous les produits au même niveau légal, pas par l’interdiction mais par la dépénalisation, sans mentir sur leurs effets, on aura avancé.
Et quand vous savez que près de 80 % des députés français possèdent des vignobles dans leur circonscription, on se doute bien qu’ils ne sont pas très enclins à voir les choses changer… Plutôt que d’interdire, que chacun en soit conscient. Et puis, arrêtons de mentir aux gens et de leur dire que l’alcool n’a aucun danger et que fumer du cannabis est une horreur. Quand on fera de l’information, on évitera des drames. Car tous ces jeunes prennent des produits sans les connaître.
Par exemple, ils ignorent que de les mélanger à de l’alcool peut s’avérer mortel. Un de mes amis a passé deux jours dans le coma pour cette raison, car il ne le savait pas ! Il est primordial d’expliquer les mésusages, dont le danger des mélanges. Ça, on ne peut pas le faire aujourd’hui car certains des produits sur le marché n’indiquent même pas leur composition. On ne sait même pas ce qu’il y a dedans ! Pris avec autre chose, on peut très vite arriver à la surdose. En France, ça n’est pas contrôlé. On préfère rester dans une hypocrisie, un déni et ne pas en parler. Alors qu’il se passe un phénomène pour lequel je prédis une très grande violence. Je pense que ce débat reviendra à un moment, parce qu’il va revenir par la force des choses. J’espère que j’aurai un peu conscientisé les pouvoirs publics. Voilà pourquoi j’ai envoyé mon livre au ministère de la Santé.
La maire de Paris est sensibilisée sur le sujet du chem sex. Il faut libérer la parole là-dessus pour que chacun sache. Anne Hidalgo est je pense la seule élue de France à l’avoir mis dans son programme. Elle veut faire de la prévention et de l’accompagnement. C’est quelque chose d’extrêmement important car personne n’en parle. Elle s’engage à le faire si elle est réélue comme maire de Paris.
Vous faites campagne au côté d’Anne Hidalgo, avec qui vous partagez des valeurs et dont vous êtes l’un des fervents soutiens. Dans votre livre, on peut lire que la maire de Paris vous a soutenu dans cette épreuve…
On a beaucoup d’origines en commun, ce qui explique ce rapprochement. C’est pareil : elle vient d’un milieu modeste, ses parents venaient d’Espagne. Tout de suite, ce quelque chose nous a rapproché dans ce milieu-là, celui du cercle politique parisien. La réalité des choses est que les élus sont des filles ou fils de. Il y a peu de gens qui arrivent à faire leur place, comme nous. Qu’elle devienne maire de Paris avec ses origines, c’est un fait rarissime. En plus, c’est une femme…
Anne Hidalgo a été notre témoin de mariage. On a vécu plein de moments forts. C’est une femme qui aime faire la fête aussi : les gens ne le savent pas, mais elle chante et elle danse très bien. À mon mariage, on avait chanté ensemble. Moi, j’avais honte car elle chante superbement bien et moi très faux.
Anne Hidalgo est une femme très vivante, attentive à l’autre. Elle a été très affectée par la mort de Christophe. C’est une femme qui connaît la vie, et qui sait que rien ne dure. C’est pour cela que c’est intéressant d’avoir une femme comme cela à la tête de Paris car issue d’origines modestes, rien ne lui a été donné. Elle sait ce que c’est qu’avoir du mal à finir le mois pendant que beaucoup de dirigeants ignorent tout cela.
Le parcours d’Anne est exceptionnel et, en plus, elle n’oublie pas d’où elle vient. Comme moi, elle n’a pas honte de ses origines. La maire de Paris a appris de son parcours et est restée les pieds sur terre. Vous les femmes, je trouve que vous êtes moins sensibles aux flatteries en général. Le quotidien est important car vous le connaissez bien. C’est pour ça qu’elle n’a jamais pété les plombs. Elle aurait pu.
On est de la même génération, Anne et moi. Et je trouve qu’on a eu de la chance d’avoir cet espèce d’escalier républicain qui nous a permis d’occuper nos fonctions. C’est beaucoup plus dur aujourd’hui.
Propos recueillis par Claudine Cordani
- L’outing est le fait de révéler publiquement l’homosexualité de quelqu’un.
- Pour chemical sex, terme qui désigne des pratiques sexuelles sous l’influence de produits psychotropes. La dénomination chem sex est issue de la culture gay anglo-saxonne.
- Geneviève de son prénom.
- ELCS pour Elus locaux contre le sida.
- L’ADMD est l’Association pour le droit à mourir dans la dignité.