«CON-FI-NE-MENT»
L’histoire du mot est relativement stable : si l’on trouve des attestations de «confinage» au sens de voisinage ou de «confinité» chez Péguy par exemple, pour évoquer «la proximité», le verbe est attesté depuis la fin du XVIIème siècle avec le sens «d’enfermer»: on confine les prisonniers placés en quartier d’isolement, mais aussi les équipages malades de la grande peste de 1721.
«Confinement» en anglais est un synonyme, certes cultivé, d’accouchement. «The pros and cons of home versus hospital confinement» pouvait-on encore lire dans la presse anglaise au siècle dernier nous rapportent les dictionnaires. C’est logique somme toute : c’est bien l’état de celle qui doit garder la chambre pour des raisons sanitaires.
De quoi le monde moderne va-t-il donc accoucher sans sortir de sa chambre ? Et surtout, avec quelle maïeutique ? Quelle sage-femme pour ce nouveau monde ?
Le «grand» confinement et la relégitimation des pouvoirs
L’expression du «Grand confinement» est ambiguë : le mot lui-même s’est imposé par le biais des médias anglo-saxons. Il fait florès à partir du 13 mars 2020 dans La Croix, RFI puis se propage comme une évidence dans les médias. Il est emprunté en fait à un média canadien, le Toronto Star, qui en a fait la une la veille. Et voilà que la France se met au diapason de l’écriture instantanée de l’histoire. C’est pourtant un terme très largement employé par la presse française et que le public a pris l’habitude de lire dans ses quotidiens. Si l’on examine les médias sur les 6 derniers mois, on n’est peu étonné de voir que le mot est très répandu et intimement lié au climat anxiogène qui caractérise la vie sociale française depuis 3 ans. C’est un mot qui est lié à deux univers lexicaux : le terrorisme et la catastrophe.
Ainsi, les écoles pratiquent le confinement en exercice contre les attentats :
- 7 novembre 2019, «Dans un lycée d’Aix-en-Provence, un bourdon déclenche une alerte attentat et le plan confinement» ;
- 7 novembre 2019 mais à Mulhouse, «Lycée Roosevelt : la «prise d’otages» était un canular […] deux classes non encore évacuées passent en confinement comme le veut la règle» ;
- 7 novembre 2019, «Lorient. Alerte à la bombe à Colbert, 1500 élèves évacués : l’opération de confinement en cours» (Ouest France) ;
- 8 novembre 2019, «Trois jeunes de Montfermeil agressés en allant au Lycée à Clichy, les élus appellent au calme et déclenchent le plan de confinement des classes».
Décidément, la période du 7 au 8 novembre fut riche en canulars terroristes dans les lycées…. Bref, et les entreprises l’utilisent couramment pour prévenir les catastrophes technologiques :
- Incendie de l’usine Lubrizol : La prévention des accidents industriels est-elle suffisante ? La sécurité, ça peut être l’installation d’une pièce de confinement. (20 minutes, 6 novembre 2019).
Le mot est extrêmement ancré dans le vocabulaire courant ; il est anxiogène au possible et culmine dans l’échelle des drames comme la conséquence inéluctable de ce que toute la société redoute : la violence assassine et la terreur chimique. On dirait en un mot le résumé de tous les livres de science-fiction des univers post-apocalyptiques de la fin des années 50 où le bunker régnait en maître dans l’imaginaire comme le seul lieu de refuge des Robinson du monde d’après. Et d’un point de vue purement moderne, le mot désigne absolument les deux dangers du monde occidental : la crainte terroriste et l’angoisse technologique. Placer toute l’humanité sous le régime du «confinement» est donc loin d’être anodin.
Mais surtout, de quelle grandeur parle-t-on au juste dans ce contexte lorsque l’on dit «Grand Confinement» ? Il y a là quelque chose qui heurte l’éthique. L’axiologie de l’adjectif est curieusement positive, créant l’oxymore : la «douce mort» (l’euthanasie) ; la «suave dépression», la «magnifique catastrophe nucléaire», le «grand confinement»… Pourtant, l’expression fait sens. Elle fait écho en ce sens à la définition universaliste de la pandémie.
En effet, le confinement n’est «grand» que parce qu’il touche universellement l’humanité. Et en ce sens, il exprime la réalisation d’une promesse politique. De même que dans toute idéologie totalitaire se dessine l’extension du domaine de la lutte à toute l’humanité réconciliée sous l’égide du Despote éclairé, il y a dans le récit qui est fait par les médias de l’histoire de la pandémie une promesse de réconciliation politique sous la bannière universaliste : le monde ne change pas, il est changé par la force de l’histoire d’où découle la légitimité du politique. C’est un renversement spectaculaire : là où le peuple naïf aurait pu, à l’antique, conclure que les temps condamnent Pharaon pour sa médiocrité, «le grand confinement» oppose un démenti en démontrant au contraire que c’est une opportunité offerte aux leaders du monde de ré-enclencher un récit historique universaliste, partagé par un monde sauvé et rénové. C’est sidérant : l’angoisse relatée par certains de la promesse d’un nouveau monde raté («Michel Houellebecq ne croit pas à un «nouveau monde» après le coronavirus», Aujourd’hui en France (site web), Livres, lundi 4 mai 2020) est clairement liée à l’idéologie du «grand confinement» confortant en fait le politique dans sa légitimité.
La construction des marqueurs de l’imposture
Paradoxalement, cette antithèse fait écho dans le paysage politique français à un discours auquel l’actuelle présidence nous a habitués depuis la campagne de 2016 : celui du «en même temps». En l’occurrence, «en même temps» responsables, «en même temps» renforcés. Le double-bind posé par le récit que font les médias de la crise actuelle sauve l’ancien en même temps qu’il condamne le nouveau. C’est bien le paradoxe de la présidence actuelle : l’écriture de l’histoire en direct – en live – par slogans ; et par slogans contradictoires, un peu comme s’il pouvait exister un révisionnisme d’anticipation.
Voilà que l’homme du parti des marcheurs est celui-là même qui a instauré «Le Grand Confinement». Et pourtant, il reste imperturbablement l’homme-vitrine du libéralisme dynamique des années 80, le start-upper d’applications StopCovid baptisées avant d’exister, et déjà vendues au public avant de ne rien produire d’autre que de la valeur. C’était le président de la Réforme du pays élu pour réformer la France. Oui, mais la France des années 80. Certains le comparaient à Kennedy : c’est un peu vache, il est plus jeune. Non, c’est plutôt Bernard Tapie mais sans le succès d’affaire.
Il y avait eu une promesse de «Grand bond en avant», une forme de «renewal» du concept communiste au prisme néo-libéral de la finance, et voilà que nous amorçons la grande récession, la grande dépression, la grande dégringolade. «En Marche», «Le Grand Confinement» : fin de l’aventure. Le conflit sémantique est une forme d’aboutissement de l’attelage lexical macroniste depuis la naissance du mouvement, l’aboutissement concret du «en même temps» révélé pour ce qu’il était depuis le début, l’expression même d’une impuissance.
La logique qui prévaut dans la guerre des slogans consiste à dire mais à ne jamais faire. C’est un paradoxe dangereux en temps de crise. Prenons l’expression «en marche» : elle a suscité un élan d’adhésion incontestable, mais au moment de la conversion de la parole politique en action locale – dans les mairies, dans les régions – elle s’est retournée contre ceux qui ne pouvaient plus se contenter de dire mais devaient entrer dans le faire. C’est l’image même du divorce politique d’avec les vrais marcheurs contestataires qu’ont été les gilets jaunes qui ont pour ainsi dire pris littéralement l’expression au pied de la lettre pour une incitation à avancer.
C’est devenu un trait caractéristique du discours électoral depuis trois présidences : l’incarnation de la fonction ne prend pas. Nicolas Sarkozy, le «réformateur», paralysé par la crise de 2008 ; François Hollande, l’homme «normal», et la pluie magique ; Emmanuel Macron, l’homme «d’En Marche» qui paralysa le pays en 2020.
Dans le discours électoral de François Hollande, il y avait quelque chose de terrorisant et de profondément lié à la démarche totalitaire dans l’injonction à «changez maintenant». On aurait dit un ordre de conversion donné par un inquisiteur espagnol à un indien maya dans le courant du XVème siècle : «Change maintenant, ou …». On ne savait pas trop discerner le sous-entendu de la menace mais on avait bien l’idée qu’il était impératif de changer, sans trop savoir pour quel nouveau modèle. Curieusement, la pandémie de 2020 réactive ce discours qui habite déjà profondément la présidence de Macron depuis son élection : vous devez changer le travail, votre retraite, votre mode de contestation, vos loisirs, votre école, votre chômage, votre industrie culturelle. Et la juxtaposition des derniers quinquennats illustre sans doute l’idéologie vécue par le peuple : «Ensemble, tout est possible (N. Sarkozy 2007) ; Le changement, c’est maintenant (F. Hollande, 2012) ; En Marche (E. Macron, 2017)».
On pourrait imaginer que ces slogans de campagne reflètent une idéologie induite par la culture politique des candidats. Du «Grand Bond en Avant» au «Changement maintenant» : il n’y a qu’un pas. Pourtant, à y regarder de très près, ces slogans sont en fait liés aux territoires électoraux.
Ainsi, l’histoire du slogan de François Hollande semble catalyser des expériences de terrain depuis le début du siècle dans les laboratoires des campagnes municipales. Dans son édition du 8 mars 2001 (Landes Mont-de-Marsan) consacrée aux élections municipales, Sud Ouest publie la profession de foi de la liste «Ambitions pour Vielle» qui commence en ces termes : «Avec la liste Ambitions, le changement c’est maintenant». Le même leitmotiv est repris en 2008 à Olonne sur Mer en Vendée. On en trouve trace dans l’interview de Yannick Moreau, tête de liste de la droite et du centre «Olonne 2010» dans l’édition d’Ouest-France du 14 mars 2008 : «Pourquoi voulez-vous que le maire sortant fasse mieux demain […] avec nous, le changement, c’est maintenant». Même son de cloche, mais dès 2000, chez le député belge du PSC (Parti social chrétien) Georges Sénéca (édition du Soir du 2 septembre 2000, Tournai, retour aux affaires ?) : «Nous sommes prêts à assurer. Le changement: c’est maintenant». Et surtout, en 2010 (Voix du Nord du 12 juin), Bart de Wever (BDW) – président de la N-VA, la Nouvelle Alliance flamande – boucle son tour électoral lors duquel il n’a cessé de marteler son slogan autonomiste : «Nu Durven Veranderen», ou en français : «Oser changer maintenant». «Le changement, c’est maintenant» que reprendra le candidat Hollande un peu après. Autrement dit, au moment où François Hollande expose son leitmotiv de campagne, c’est une tournure en vogue dans les milieux politiques depuis une dizaine d’années qui traduit une aspiration au changement des politiques municipales de gestion, dont on sait qu’elles sont à cette date majoritairement gérées par la droite.
Le slogan d’Emmanuel Macron s’inscrit lui aussi dans une lignée, moins productive il faut le reconnaître, d’expérimentations locales et de récits journalistiques. Dans l’édition Sud Ouest du 14 juin 2010, Philippe Belhache rapporte son entrevue avec Didier Simonnet, élu adjoint de la mairie de Royan au lendemain des élections. L’article est titré «Nous voulons remettre la machine en marche». Au même moment, mais dans Nord Éclair du 10 décembre 2010 (édition Roubaix), une entrevue d’Éric Mouveaux – candidat Front de Gauche – éclaire le lecteur sur une dynamique de campagne de proximité : «Sonner chez les gens et porte après porte, convaincre que se mettre en marche, ça passe par le vote». Plus loin en Provence (édition de la Provence du 10 septembre 2010), André Boyé veut à son tour inspirer une dynamique qui le sorte des 3% de son score à Martigues : «J’espère simplement permettre à une nouvelle dynamique de se mettre en marche, notamment avec des jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à se mobiliser». La liste de Jean Cholin pour les municipales de Foix en Ariège est baptisée «Se Mettre en Marche» (la Dépêche du 8 mars 2014). Jean Cholin, élu de droite au conseil municipal, a sans doute anticipé un mouvement dans l’air du temps. Toujours confronté à l’immobilisme dans lequel la tornade Sarkozy avait plongé son parti, le député Le Guen (AFP du 6 décembre 2015, 20:27) déclare vouloir le rassemblement : «Pour cela, il faut d’abord le rassemblement de la gauche et j’espère que les choses vont se mettre en marche rapidement». L’expression est ensuite reprise par la Presse (Ouest France du 6 décembre 2015) et diffusée régionalement. Un an après, on découvre les profils des premiers macronistes (la Dépêche du Midi de Toulouse du 20 décembre 2016) sous la plume de Gilles Souillés qui retranscrit les mots de Mickaël Nogal : «Tous les âges et catégories socioprofessionnelles sont représentés. J’invite d’ailleurs toutes les bonnes volontés à se mettre en marche avec nous».
Le slogan est lancé, bon gré mal gré, depuis ces laboratoires d’expérimentations que sont les récits de presse des élections municipales.
Autrement dit, ce qui est intéressant en l’occurrence, c’est de voir comment le discours d’une imposture peut se construire et s’imposer en fait au candidat à partir de ces exfiltrations locales qui mêlent et façonnent l’opinion. Loin d’être un slogan porté par l’aspiration d’un homme mû par une idéologie, le discours s’impose progressivement dans les collectivités à travers les textes de presse et l’opinion progressivement donne le ton du discours d’une candidature. Le problème, c’est que l’opinion n’aspire pas seulement à un discours : elle cherche une personnalité fédérative. Or tout se passe ici comme si le discours était pris en charge par les partis au terme d’une remontée quotidienne puis mis au service d’une idéologie politique qui s’en accommode. C’est là que le divorce se joue dans un deuxième temps.
Le divorce de l’opinion
Peut-on caractériser le discours de l’imposture ? S’il est une caractéristique remarquable du discours politique, c’est bien l’usage de l’antiphrase. Nous savons tous aujourd’hui que lorsque les hommes politiques commencent leurs discours par «Jamais nous ne…», il faut en fait comprendre au contraire : «Préparez-vous à …». C’est un trait de gestion – pardon – de management relativement simple à comprendre, qui passe par une technique rhétorique extrêmement simple, une astuce, un truc de déblocage de situation couramment exploité en gestion de conflit et techniques de médiation.
Posez-vous la question suivante. Comment pouvez-vous amener quelqu’un à admettre de faire ce qui est pour lui un tabou, une interdiction, un verrou absolu ? Comment débloquer une situation de tension telle que par exemple le simple fait d’évoquer la possibilité d’une entrevue ou d’un geste fait craindre la pire des révoltes verbales ? Cette situation de tension porte un nom : c’est un tabou. Elle se caractérise par un élément constitutif du tabou : l’indicible. Lorsqu’un tabou s’installe par exemple dans une famille, dans une entreprise, le tabou passe par l’interdiction de parler, de nommer et de verbaliser. On a tous entendu cette phrase «Ne me parle pas de celui-là, si je le vois…». «Ne me parle pas de…» : l’injonction est claire, le tabou est posé car il est interdit de dire.
Le déminage d’une telle crispation passe par la verbalisation. Il faut amener l’interlocuteur à consentir dans un premier temps à mettre en mot la situation pour éliminer la violence et la force. Transposer le viscéral au verbal permet de manière symbolique d’instaurer un espace de négociation rhétorique où, dès lors que vous avez aboli toute forme d’opposition menaçante, tout devient possible. Deux voies s’offrent à vous maintenant : la première est altruiste, la seconde est rentable. La première est la voie curative, celle employée par le médecin, le psychiatre, le médiateur. Elle consiste à conduire l’entretien pour le bien de l’interlocuteur, et du groupe dans lequel il s’insère sans intérêt objectif du soignant. La seconde est terrorisante, elle est employée par le magicien mentaliste, le commerçant capable de vous vendre cette encyclopédie dont pourtant vous ne vouliez pas entendre parler ou l’homme politique. Elle consiste à exploiter la faille de la verbalisation pour entraîner l’admiration pour le conducteur de l’entretien.
À plus forte raison à l’échelle d’une nation, le déverrouillage rhétorique du tabou est le premier pas vers l’acceptation et la résilience sociale. Prenons l’exemple de la retraite. Dans la France de 2016 où le verrou de la retraite est incontournable, faire entrer dans le discours ne fût-ce que l’idée que «la réforme de la retraite» est un sujet, c’est déjà en soi une victoire pour le camp de ses promoteurs. Et c’est pourquoi les médias jouent un rôle essentiel dans la construction du roman historique des sociétés, en relayant les sujets acceptables et en les promouvant au rang d’objet de discours.
Les contre-promesses négatives sont de ce point de vue un outil remarquable pour faire entrer dans le champ du verbal ce que tout un pays refuse d’entendre :
- «Il n’est pas question de vendre Areva à l’encan» (rencontre Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, Le Progrès – Lyon, jeudi 28 mai 2015 ) ;
- «Je défends les 35 heures sans pour autant les mettre sur un piédestal» (Emmanuel Macron, ministre de l’économie, Les Echos, no. 21819, France, vendredi 21 novembre 2014) ;
- «Jamais je ne renoncerai à évoquer des questions essentielles au prétexte qu’ils en ont parlé mal» (Nicolas Sarkozy sur l’Islam, Le Monde, France, vendredi 13 février 2015 896 mots, p. 10) ;
- «Il n’est pas question de défaire par un grand débat des avancées en droit qui ont été conquises de haute lutte ces 15 dernières années» (Édouard Philippe, Bulletin Quotidien Evénements et Perspectives, jeudi 10 janvier 2019)
- «Le compte pénibilité représente une avancée majeure, il n’est pas question d’y renoncer, soutient Madame Marisol TOURAINE» (La Correspondance économique, Faits et tendances, jeudi 4 décembre 2014) ;
- «Moi, président, je ne mêlerai pas vie publique et vie privée. Moi Président, je ferai en sorte d’avoir un comportement irréprochable. Moi Président, je ne recevrai pas les élus de la majorité à l’Élysée. Moi président, je ne traiterai pas mon premier ministre de collaborateur. Moi, président, je ne serai pas chef de parti. Mais ne vous faites pas d’illusions, à la fin c’est lui qui décidera» (François Hollande, Le Monde.fr, mardi 15 juillet 2014) ;
- «Il n’est pas question d’introduire je ne sais quelle idéologie à l’école. Il n’est pas question d’un temps d’enseignement sur la théorie du genre, pas plus dans les programmes scolaires que dans la formation des enseignants» (Jean-Marc Ayrault, La Croix, lundi 30 septembre 2013) ;
- «Nous ne mettrons pas en oeuvre le prélèvement à la source en 2018» (François Fillon, Investir-Le Journal des finances, no. 2254, Actu, samedi 18 mars 2017 1582 mots) ;
- «Il n’est pas question d’imposer le tiers payant généralisé aux médecins» (François Fillon, Le Quotidien du Médecin, Article, jeudi 22 octobre 2015).
Et la liste serait encore longue des exemples qui révèlent en fait la profondeur des enjeux des débats et les moyens de leur organisation. C’est sans doute là que se niche le sentiment de défiance si souvent commenté par les journalistes et les experts sur les plateaux de télévision qui ne cessent de déplorer le recul de la foi politique dans l’opinion. La population française est éduquée par l’école à l’analyse de discours depuis toujours et est attentive aux implicites.
La mise en scène du «Grand Confinement» et des petits trépignements entre en opposition avec une aspiration populaire – celle qui a construit les slogans de campagne de Macron et Hollande – qui est une aspiration irrécupérable au changement «pour de vrai», à la mise «en marche» de la démocratie. Il y a fort à parier que la crise économique et sociale que nous nous apprêtons à vivre, traversée par le terrorisme et la menace belliqueuse, exacerbera la révélation des marqueurs du discours de l’imposture. Bien malin celui ou celle qui saura retourner le vent de l’opinion pour le transformer en souffle divin.