M. Le Président de la République Emmanuel Macron,
J’étais de ceux qui, mercredi 31 mars à 20h, suivaient votre allocution télévisée. Curieux à l’idée de découvrir les nouvelles mesures qui seraient mises en place pour endiguer une épidémie déjà bien trop longue, j’ai pris ce risque, en connaissance de cause, d’écouter le son d’une voix qui m’irrite à chacune de vos apparitions. Sans commenter la nature de mesures qui trahissent l’incompétence de l’équipe gouvernementale aux manettes du pays, j’étais interloqué, surpris, enhardi par les absurdités prononcées.
Voilà déjà une année et quelques semaines que ce virus empoisonne nos vies. Voilà un an que nous vivotons, sans goûter à cet esprit de liberté qui depuis 200 ans traverse notre nation. Un an à suivre des injonctions contradictoires d’un gouvernement qui navigue à vue, couplées à des satisfecit déplacés. Un an que nous assistons, impuissants, à la chute vertigineuse d’un pays vieux comme le monde.
De «qu’il vienne me chercher», vous en êtes aujourd’hui réduit à défausser toute responsabilité à un «nous» qui dissimule votre réelle incompétence. Vous voulez décider seul, fort de vos prétendues compétences en épidémiologie (quel manque de respect pour ceux qui passèrent des années à sacrifier plaisirs et douceurs de vivre pour en être diplômé !). Dans ce costume de Président mal taillé pour vos frêles épaules, Jupiter a fait place à Pluton. La grandeur de cette fonction que vous souhaitiez réhabiliter a donné lieu à un abaissement de cette dernière, pis encore que sous le mandat de votre prédécesseur.
Sous votre arrogance, ce sont 100 000 cadavres qui jonchent désormais nos mémoires. Une liste qui ne cessera de se rallonger au fil des mois à venir. À ces morts du virus viendront ceux de la détresse dans laquelle vous les avez placés. Sans perspective, sans espoir car votre gestion est sans planification, des commerçants, des artistes, des travailleurs se verront victimes d’une crise dont vous êtes l’un des principaux responsables, vous et vos collaborateurs qui portent l’inadapté sobriquet de «ministres».
Vous oubliez trop rapidement vos fonctions passées, à l’oreille de ceux qui gouvernèrent. Dictés par des impératifs fixés par une bureaucratie bruxelloise déconnectée de la réalité des faits, vous et M. le Premier Ministre nous semblez victimes d’une amnésie partielle des deux dernières décennies. À la casse de notre modèle social dont vous vous fîtes les chantres s’additionne celle de l’hôpital public, pourtant vital pour tout pays qui prétend à des ambitions internationales. À railler feu Fidel Castro, nous nous demandons pourquoi ne pas faire appel à leur réserve médicale, eux qui ont l’un des systèmes de santé les plus performants du monde. À récupérer honteusement la figure d’Ambroise Croizat, nous honorerions sa mémoire en vous chassant d’un pouvoir que vous ne méritez pas.
Plus que des responsabilités à prendre, c’est le sang qui coule de vos mains qu’il vous faut maintenant assumer. Nous en avons assez de voir un prince capricieux, désireux d’endosser toutes les capes comme un enfant un jour de carnaval, faire preuve de couardise quand des comptes sont à rendre. Nous sommes las de goûter un peu plus chaque jour à l’incapacité chronique des gouvernants que vous êtes. Nous suffoquons face à l’étouffante impossibilité de voir la lumière au bout du tunnel, car vos mensonges ne sont que l’épais brouillard qui masque la clarté du phare.
Les mensonges sur le virus ; les mensonges sur les masques ; les mensonges sur les tests ; les mensonges sur les écoles ; les mensonges sur la vaccination ne sont que des épisodes qui doivent vous rougir de honte, et nous verdir de rage. Ce dernier, en cours de diffusion, mobilise une énergie folle de votre part à vous satisfaire du déclassement d’un pays historiquement grand comme la France, alors qu’il devrait vous inciter à l’humilité. Croire éperdument en une riposte européenne, quand celle-ci ne fait qu’attaquer au cure-dent, atteste du funeste destin que vous nous promettez pour la suite. Mentir sur la situation de pays qui s’en sortent bien mieux que nous, par pur dogmatisme, ne suffit pas à dissimuler votre lâcheté.
Mais là n’est pas tout. Plutôt que de mobiliser toutes vos équipes à faire disparaître une épidémie, vous préférez en profiter pour dérouler un agenda législatif et règlementaire minable. Réforme des retraites, loi Avia, loi confortant les principes républicains (que, pourtant, vous méconnaissez), réforme de l’assurance-chômage : plutôt que de vous inquiéter de la santé d’un pays malade, vous avez préféré poursuivre votre entreprise de destruction d’un État pourtant déjà en lambeaux. Car au-delà des ineptes mesures présentées ici, préférant fracturer la Nation et la condition de vie de ses citoyens les plus démunis, c’est tout un fonctionnement naturel de l’État que vous avez fossoyé.
En confiant la gestion de la crise à des cabinets de conseil privés, vous nous avez démontré l’intérêt que vous portez à la chose publique, dont vous êtes censé être le garant. Vous n’aimez pas la République, l’État encore moins. En délaissant les forces vives qui se tuent à la tâche pour assurer le bon fonctionnement d’un pays aux rouages défaillants, pour y préférer des cabinets seulement motivés par les factures aux montants pharaoniques que vous signez sans réfléchir, vous avez démontré la réelle motivation de votre action. Vous n’êtes en poste que pour clouer le cercueil d’un pays que vous ne comprenez pas, que vous n’aimez pas, qui ne vous inspire rien si ce n’est mépris et suffisance.
M. le Président de la République, vous, votre gouvernement et votre majorité n’êtes que passagers dans notre Histoire séculaire, voire millénaire. À vouloir y laisser trace et empreinte, vous ne serez qu’une vulgaire ligne dans la chronologie d’une Vème République qui a assez duré. Votre cynisme, votre couardise, votre incompétence, votre ridicule nous donnent aujourd’hui suffisamment de colère pour qu’elle se transforme en force collective. Si la France a changé, l’esprit qui inspire sa Nation réside toujours.
La Nation française que vous méprisez amoureusement est née d’une révolte ; elle peut encore faire des piqûres de rappel. Si vous ne faites pas preuve d’humilité d’ici à la prochaine campagne présidentielle, le vent de colère qui traverse le pays balaiera la poussière que vous êtes dans notre Histoire. Quoiqu’il arrive, nous sommes prêts à souffler avec lui.