Thomas Portes recueille chaque jour les témoignages de salariés obligés de travailler sans protection en temps de virus.
Votre patron vous oblige à travailler sans protection ? Vous êtes en première ligne sans le matériel nécessaire ? Vous êtes dans un hôpital/EHPAD et vous êtes démunis ?
Racontez nous : thomasportespcf@gmail.com
Demain on veut nous faire reprendre le travail. Mais dans quelles conditions ? En nous fournissant trois lingettes, quatre pansements et une paire de gants rassemblés dans une boîte trouvée au fond du placard ? témoigne Hervé Cheminot*.
Lundi 16 mars, le double discours de Macron a mis le doute dans toutes les têtes. Dois-je aller travailler ? Telle est la question que tous les salariés du pays se sont posés. Pour nous les cheminots, les premières décisions sont tombées 15 minutes après l’allocution du président. Le message est clair, on reste au domicile en confinement, tout en restant à disposition de l’entreprise, service public oblige et nos métiers sont essentiels pour les circulations ferroviaires.
Oui, bon nombre de nos interventions sur les installations du réseau ferroviaire sont soumises à des vérifications périodiques et on se doit d’effectuer leurs maintenances pour permettre un trafic fluide. Il est vrai que pour beaucoup d’entre nous, remonte la question sur les investissements non effectués. Là n’est pas la question. Les questions essentielles aujourd’hui sont les suivantes : Avons-nous le matériel nécessaire de protection pour travailler en sécurité ? À en voir les photos reçues de la part de collègues, le matériel de protection et de nettoyage n’est pas adapté à la situation ! Les tâches demandées par la hiérarchie sont-elles essentielles ? Pas à ma vue, oui on accepte de travailler en sécurité, pour maintenir un trafic ferroviaire sain, mais on ne peut pas travailler pour suivre une planification qui peut être reportée.
Lors de la première semaine de confinement, toutes les mesures prises lors de la table ronde du 15 mars 2020 ont été mises en place, malgré les consignes, certains ont pris le risque d’aller effectuer des tâches non essentielles et un accident mortel a eu lieu. Les consignes ont été bien définies et sont reprises par une règlementation stricte. Mais depuis le début de cette semaine, le discours des dirigeants change. Ils ont décidé de ne plus respecter les accords de la table ronde en souhaitant la reprise du travail. Ils nous proposent des solutions inacceptables qui mettraient en danger la santé des exécutants. Le but est de ne pas prendre de retard sur le planning de maintenance annuel.
Demain on veut nous faire reprendre le travail. Mais dans quelles conditions ? En nous fournissant trois lingettes, quatre pansements et une paire de gants rassemblés dans une boîte trouvée au fond du placard ? Non les cheminots ne peuvent pas accepter ces conditions. De plus, il paraît qu’on est en «guerre sanitaire», alors pourquoi veut-on nous faire prendre de tels risques ? Aux salariés mais aussi à leurs familles.
Je constate que les hauts dirigeants des différentes SA SNCF exercent une pression sur la hiérarchie qui impacte donc les cheminots du terrain. Après quelques recherches, une des raisons me mène à penser que les entreprises sous-traitantes veulent faire rependre leurs salariés qui doivent être encadrés par des cheminots.
Demain on va mettre en danger des salariés au profit de l’argent. Pour moi militant CGT, je me battrai pour empêcher cela et s’il y a reprise du travail, ce sera dans des conditions de sécurité maximales.
Je tiens à remercier Thomas, pour m’avoir permis de m’exprimer sur son blog. Et surtout le féliciter d’avoir mis en place ce blog qui permet de nous exprimer. J’invite tous les salariés à témoigner de leur vécu quotidien. J’espère aussi pouvoir vous raconter la reprise ou non et comment on s’est battus pour obtenir des conditions de travail optimales.
(*) Le prénom et le nom ont été changés.