Alors que les rumeurs autour de l’annonce d’une candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle vont bon train depuis ce matin, le journaliste Hadrien Matoux, de Marianne, n’a rien trouvé de mieux que publier un billet nullissime sur le sujet. Un concentré de «journalisme» de bas étage.
Cinq paragraphes. Des affirmations à la pelle, mais aucune démonstration. Des attaques acides à tour de bras, mais sans justification aucune. Si vous cherchez la recette du plus mauvais article politique du week-end, nous l’avons trouvé pour vous : «Mélenchon devrait lancer un nouveau mouvement politique pour appuyer sa candidature à la présidentielle», signé Hadrien Mathoux pour Marianne.
La grossièreté du texte dépasse l’imaginable. Tout y passe : un rappel vague et inutile de l’âge du député, des allégations sur les supposées critiques internes contre le chef de file des insoumis, deux lignes pour affirmer que le moment est mal choisi, sans ne jamais expliquer vraiment pourquoi.
Où est donc passé le travail journalistique ? Quelle est l’information centrale ? Que nous est-il dit ? Qu’apprend-on dans ce papier ? Rien. Mathoux ne fait que relayer quelques rumeurs venues des réseaux sociaux, et répète les attaques éternelles contre un représentant politique auquel il s’en prend régulièrement, et au sujet duquel il a déjà publié un livre à charge.
Pas un mot sur la situation politique. Pas un mot sur la crise sanitaire et sa gestion catastrophique par le pouvoir macroniste. Pas un mot sur la précarité et la pauvreté galopante dans le pays. Pas plus sur l’urgence climatique, sur le chômage, ou quelque autre thème.
Et, évidemment, rien non plus sur les propositions ou le travail de Jean-Luc Mélenchon.
En résumé : pas une ligne sérieuse sur la politique. Tant pis pour la qualité de l’article, tant pis pour la crédibilité du média, et tant pis surtout pour la déontologie journalistique.
Les journalistes ont une responsabilité
On pourrait s’arrêter là. On pourrait se contenter de déplorer la nullité abyssale de ces quelques lignes publiées par un homme, dont le métier est pourtant de décortiquer l’actualité et de la rendre accessible à tous. Mais des questions supplémentaires se posent.
À quoi sert ce papier ? Dans quel but est-il publié par Marianne ? Quel en est l’intérêt, si ce n’est celui de «se payer» Mélenchon ? Et si tel est le cas, pourquoi Marianne et Mathoux n’assument pas leur hostilité de principe envers les insoumis, en l’affichant clairement ? Et que devient alors la prétendue «neutralité journalistique», éternelle fable relayée par une bonne partie de la sphère médiatique, pour défendre et justifier n’importe quelle allégation ?
En une période politique explosive où la France est mise sous tension et prise en étau entre un pouvoir autoritaire, une extrême droite décomplexée et un contexte pesant lié au terrorisme, l’actualité mérite un meilleur traitement. Et, alors que la campagne présidentielle semble sur le point de prendre un tournant, nous ne pouvons qu’espérer un ressaisissement des rédactions et des journalistes qui les remplissent.
Il faut comprendre que l’actualité est avant tout construite par ceux qui la racontent et la diffusent. Ces derniers ont une influence centrale sur le débat public. C’est précisément pour cela que leur responsabilité est engagée : ce qu’ils écrivent, enregistrent, montent et diffusent, participe à l’ambiance générale de notre pays, et à la qualité de notre vie politique.
Puissent Marianne et Hadrien Matoux en prendre conscience (mieux vaut tard que jamais…), et veiller à ne plus tomber au niveau des articles de caniveau.
Baptiste Delescluze