La candidature de Sylvie Goulard au poste de Commissaire européenne au Marché intérieur à l’Industrie de la Défense a été rejetée ce jeudi 10 octobre par les eurodéputés. Un camouflet d’ampleur pour Emmanuel Macron, dont le casting européen a pêché encore une fois par excès de confiance et par arrogance.
La candidature de l’ex-ministre Sylvie Goulard a donc été rejetée sans appel par les eurodéputés ce jeudi 10 octobre, à 82 voix contre, 29 pour et une abstention. Mis à part «Renew», le parti de la liste Renaissance, tous les groupes politiques sans exception ont voté contre.
Après l’arrivée catastrophique de Nathalie Loiseau au parlement européen, qui a brillé par son manque de diplomatie, la morgue de Sylvie Goulard et le peu de respect pour le parlement européen de la part du Président français ont été fatals aux ambitions européennes de LREM.
Du jamais vu pour la France en trente-cinq ans d’existence de la Commission européenne.
Au delà du rejet de la candidate, c’est un désaveu profond pour la stratégie européenne d’Emmanuel Macron, dont la vision européenne continue de crisper les partenaires à Bruxelles et de braquer l’Allemagne en particulier.
Les députés européens ont donc fait part de leurs doutes persistants sur l’intégrité de la candidate française et sur son indépendance. Ils lui avaient d’abord imposé de répondre à des questions écrites après sa première audition le 2 octobre et l’épreuve d’une seconde audition aura été fatale à Madame Goulard.
Le choix de la candidate posait question, car les affaires d’emplois fictifs avaient déjà amené Madame Goulard à démissionner de son poste de ministre en juin 2017. Deux enquêtes sont toujours en cours sur la participation de Sylvie Goulard à un système d’emplois fictifs pour son parti (Modem) : l’une par la justice française, l’autre par l’office anti-fraude de l’UE – l’OLAF.
Le député européen Emmanuel Maurel a ironisé sur le rejet de la candidature de Madame Goulard en parodiant la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
Concernant cette candidature avortée, Emmanuel Macron a, lui, fait part de son incompréhension, compte tenu de la volonté d’Ursula von der Leyen de travailler avec Madame Goulard, et entend demander des éclaircissements sur le refus de sa candidate.
L’autre question qui a joué en la défaveur de la candidate française a été son activité rémunérée 10.000 euros par mois, pendant trois ans, en complément de son mandat de députée européenne pour l’institut Berggruen, un think tank américain dont le fondateur a soutenu la campagne d’Emmanuel Macron, pour lequel elle avait mobilisé son assistant parlementaire. De quoi effectivement poser des questions sur l’indépendance aux lobbies de l’ex-future commissaire.
Mais qu’on se rassure, Sylvie Goulard ne connaîtra pas la précarité, elle n’aura qu’à «traverser la rue» pour retrouver son poste grassement rémunéré de numéro deux de la Banque de France.
Le plus fâcheux dans l’immédiat reste le message de défiance du parlement envoyé à Emmanuel Macron qui doit trouver en urgence un nouveau candidat pour la commission européenne avant le 23 octobre.