Imaginez, un peu comme Twitter, que l’économie est un énorme réseau, avec des liens entre les individus, dès qu’ils font du commerce ensemble. Ces liens deviennent de plus en plus forts dès lors que la confiance s’installe entre les individus dans leurs relations commerciales.
La confiance s’installe quant au fil du temps, chacune des parties impliquées dans un échange économique, respecte les modalités du contrat commercial : un service conforme aux attentes d’un côté, un paiement dans les délais de l’autre.
Imaginez maintenant que chaque agent de ce réseau comptabilise les relations de confiance qu’il a avec les autres agents économiques. Une multinationale peut se targuer d’avoir des millions de relations de confiance avec ses clients. C’est un agent dominant de l’économie.
Par exemple, en France, moins de dix banques se partagent le gâteau du business bancaire. Elles drainent vers elles des millions de liens de confiance avec leurs clients. De fait, les banques sont des agents dominants de l’économie. Des énormes «nœuds» du réseau, des DOMINANTS.
Donc, si vous avez besoin d’un crédit par exemple, vous irez naturellement à votre agence du quartier pour emprunter 10000€. Vous avez confiance en ce que la banque vous prêtera ces 10000€, elle a confiance sur votre capacité de remboursement étant donné votre historique bancaire.
Pourtant, vos proches détiennent à eux tous bien plus que les 10000€ et auraient pu largement vous les prêter, chacun participant à une fraction donnée. Mais aussi fortes que vos relations sociales peuvent l’être, vos relations économiques sont faibles.
Les banques profitent de ce manque de confiance entre les individus qui sont à la base de l’économie, et elles vous en font payer le prix collectivement : 160 milliards par an d’intérêts bancaires collectés sur l’État, les entreprises, et les ménages ! Le prix à payer est cher !
Cet état de fait nous coûte en argent, mais il coûte aussi socialement. Les banques DOMINANTES, fortes de leur pouvoir conféré par notre confiance aveugle, appliquent une morale dure, accommodante avec les riches, sans pitié avec les pauvres, accentuant les inégalités sociales.
Cette confiance des masses concentrée sur les banques, leur confère même un pouvoir économique exorbitant, car elles décident à qui donner et sur quel projet.
Sans nous, ces banques ne sont rien, mais grâce à notre confiance, grâce à nos dépôts, grâce aux crédits qu’elles nous octroient sans même posséder l’argent, les banques décident de prêter 50 milliards à un seul homme, Drahi, et en même temps extraient 6 milliards aux pauvres.
Grâce à votre confiance, et à votre manque de vigilance, les banques décident même des projets où elles investissent massivement, notamment dans les activités ultra polluantes, comme l’industrie du gaz de schiste en Amérique du Nord !
Leurs motivations ne sont guidées que par le profit, peu importe le projet s’il est dangereux socialement. En faisant confiance aux banques, vous les aider sûrement à prêter à ceux qui massacrent vos emplois pour du profit, ce que fait Monsieur Drahi dans ses opérations de LBO.
Ces 50 milliards prêtés à un seul homme, dur en affaires et dur avec les emplois, ont des conséquences politiques. En prêtant cet argent à Drahi, les banques lui donnent un pouvoir, notamment celui de se créer un empire médiatique (BFM, RMC, Libé), pour influencer l’opinion.
En concédant aux banques notre confiance aveugle, nous sommes d’une certaine manière responsable de leurs actions néfastes, de leurs acharnements sur les pauvres, de leurs crédits octroyés à des projets néfastes socialement et écologiquement !
Nous aurions pu à l’heure des avancées technologiques innovantes, créer et organiser les réseaux de confiance à la base, LOCALEMENT, entre les individus en s’appuyant sur leurs relations sociales, mais aussi sur leur éthique : ni projet polluant, ni exploitation sociale !
Nous avons préféré créer des monstres économiques, des DOMINANTS qui attirent vers eux nos faisceaux de confiance. Nous sommes en bas et petits, ils sont tout en haut et nous dominent. Ce sont nos MAÎTRES économiques !
Il faut nous défaire de nos chaînes grâce à une confiance décentralisée et construite localement, en construisant les outils technologiques qui permettent d’encadrer et d’automatiser les processus de confiance, entre NOUS, sans MAÎTRES.
J’y travaille tous les jours avec ma petite entreprise qui organise les contrats entre PME. J’engage toute la jeunesse à s’y mettre, à œuvrer pour créer leurs entreprises, à nourrir leur imagination, pour décentraliser à leur manière la confiance.
J’ai illustré mon propos avec les banques qui savent tout de nos dépenses, et qui nous dominent grâce à nos historiques d’achats qui sont une mine d’or pour elles. J’aurais pu attaquer le business de Google, Amazon, Trip Advisor, qui repose exactement sur le même schéma, en épluchant nos données personnelles et en favorisant les business des multinationales implantées en Chine ou ailleurs, sur le business de nos PME implantées localement.
Faisons-nous plus confiance les uns les autres. Il faut nous défaire de nos chaînes, ne plus accepter d’avoir des maîtres économiques. L’Éducation Nationale ferait mieux de réfléchir à ses problématiques plutôt que d’envoyer notre jeunesse compétente chez ceux qui nous dominent.
Anice Lajnef