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Siege de La Rochelle Marine le pen

Vœux de Marine Le Pen : un étrange arrière-plan

Jean-Christophe Piot par Jean-Christophe Piot
3 janvier 2017
dans Opinion
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En matière de communication politique, on laisse peu de choses au hasard – encore moins à quelques mois d’une élection majeure. Et encore moins dans le cadre de séquences soigneusement préparées comme les traditionnels vœux de nouvelle année… À cet égard, l’arrière-plan devant lequel Marine Le Pen s’est exprimée le soir du 31 décembre relève d’un choix pour le moins curieux.

Marine le pen

L’homme en rouge

Dans sa vidéo postée sur les réseaux sociaux, la candidate du Front National présente des «vœux de combat» au milieu de son équipe (de campagne ?) et apparaît sur un fond rouge sur lequel on lit l’actuel slogan (de campagne ?) du parti, «au nom du peuple». Marine Le Pen se déplace ensuite pour s’arrêter devant un fond habillé à droite par un drapeau français et à gauche par le détail d’un tableau célèbre, celui de Richelieu par le peintre Paul-Henri Motte.

Le cardinal s’y tient debout dans la tempête, les bras croisés, impassible, insensible à la pluie qui s’abat sur le sol, le regard tourné vers la droite, une épée au côté. Détail étonnant pour cet homme d’église, il porte une armure et des bottes de cavalerie sous son célèbre habit rouge.

En revenant à l’ensemble du tableau comme ci-dessous, les choses sont plus nettes : Armand Duplessis, duc de Richelieu, est peint au siège de La Rochelle, sur la digue bâtie pour isoler son port. À quelques mètres de lui, un boulet s’est enfoncé dans le bois. À gauche, un militaire et deux religieux accompagnent le Père Joseph, le plus proche conseiller du cardinal (l’homme à l’origine de l’expression «éminence grise» c’est lui). À l’arrière-plan, un combat naval fait rage et un vaisseau a pris feu.

Siege de La Rochelle

Jusqu’ici, pourquoi pas ? Réputé pour ses qualités d’homme d’État, le premier des ministres de Louis XIII incarne la haute politique, le sens de la France et de l’État jusqu’au sacrifice de toute vie personnelle, l’habileté et la fermeté, le calme dans la tempête, la clairvoyance… Autant de traits de caractère qui cadrent avec l’image que la présidente du Front National souhaite donner d’elle-même. L’armure comme l’épée cadrent avec le discours martial de Marine Le Pen et un discours centré sur la conquête du pouvoir.

À un petit détail près : le tableau de Motte montre le cardinal en pleine guerre… civile.

«Couper la tête du dragon»

Un tel choix mérite un petit rappel historique : pourquoi le cardinal a-t-il choisi de faire donner toute la puissance de l’armée royale contre les français de La Rochelle ?

En 1627, Louis XIII et son premier ministre constatent avec une certaine inquiétude la montée en puissance de la religion réformée en France. Protégés de toute persécution depuis Henri IV par l’édit de Nantes, les protestants ne sont pas seulement sortis des guerres de religion avec de simples garanties spirituelles mais avec des avantages bien temporels, en l’occurrence le droit d’occuper et de défendre certaines forteresses. Une assurance-vie prudente, en somme, sorte de garantie contre une éventuelle volonté catholique de mettre les huguenots au pas.

C’est le cas de La Rochelle, cité portuaire fortifiée qui fait régulièrement sentir au roi qu’elle tient farouchement à son indépendance. La ville s’est dotée de son propre conseil et est même allée jusqu’à créer une sorte de République protestante quelques années plus tôt. Ce qui fait d’autant moins sourire Louis XIII que la cité est une place commerciale importante, qui réalise une bonne partie de ses échanges avec l’Angleterre. Pour le roi comme pour Richelieu, impossible de courir le risque de voir s’installer à La Rochelle un pouvoir indépendant, financé et soutenu par des anglais toujours prêts à affaiblir leur meilleur ennemi français par tous les moyens et à toutes fins utiles.

En 1627, Richelieu déclare qu’il faut «couper la tête du dragon», donc faire plier La Rochelle. Le maire de la ville, Jean Guitton jure devant Dieu de faire abattre le premier qui parlerait de se rendre et appelle l’Angleterre à l’aide. Le duc de Buckingham, si cher à Alexandre Dumas, quitte Portsmouth avec 110 vaisseaux et 8000 hommes. Richelieu réagit immédiatement : il fait fortifier les îles de Ré et d’Oléron et déploie 20 000 soldats pour couper toutes les voies terrestres de communication.

La Rochelle est privée de tout ravitaillement terrestre et ne peut plus compter que sur les navires anglais. Et c’est pour la couper de tout secours maritime que Richelieu fait conduire la digue qu’il arpente sur le tableau de Motte… Une longue ligne de 1500 mètres de long et de 8 de large, littéralement truffée de canons assez puissants pour casser toutes les tentatives du duc de Buckhingam.

Siège tragique

En octobre 1628, malgré trois attaques anglaises et après 13 mois d’un siège abominable qui voit l’armée tirer sur les habitants les plus faibles (vieillards, femmes, enfants…) précédemment exclus par les rochelais, la ville finit par capituler. Richelieu marque le coup par un châtiment exemplaire, histoire de montrer aux protestants de France ce qu’il en coûte de s’opposer au roi. Les 5500 survivants – un quart à peine de la population d’origine – perdent tous leurs droits politiques et territoriaux et les murailles de la ville sont abattues. Tout au plus le roi leur laisse-t-il la liberté de culte, probablement pour s’épargner une guerre civile totale.

Comme il n’aura échappé à personne que La Rochelle est en France, en 1627 comme aujourd’hui, le choix de Marine Le Pen peut paraître maladroit, pour le dire gentiment, quand on affirme qu’on se lance dans un combat «pour tous les français». Et poser devant un tableau qui évoque le souvenir d’une guerre menée par des français contre des français d’une autre religion devrait faire hausser le sourcil aux protestants.

Au moins.

Texte initialement publié sur france info

blog.francetvinfo.fr/deja-vu

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Historien de formation, Jean-Christophe Piot est diplômée de Sciences Po Lyon.

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